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6° dimanche du Temps Ordianire



Homélie du dimanche de la Santé.

Depuis 1992, à la demande du pape Jean-Paul II, l'Eglise célèbre tous les 11 février, fête de Notre-Dame de Lourdes, la Journée Mondiale des Malades. Celle-ci se décline dans les diocèses français en un Dimanche de la Santé. C’est l’occasion de vivre en communauté paroissiale un moment privilégié en lien avec tout le monde de la santé : cela concerne en priorité les personnes malades, âgées, isolées mais aussi les professionnels de santé, toutes les personnes qui, au sein d’associations de mouvements ou services, œuvrent en vue de la bonne santé des autres et cela nous concerne tous, en tant que baptisés.
Les textes bibliques de ce jour nous font découvrir la situation dramatique des lépreux au temps de Jésus. En raison de leur maladie, ils étaient considérés comme impurs et étaient donc bannis de la société. Susceptibles de représenter un danger dont il fallait absolument se protéger, ils étaient obligés de partir loin de leur famille et de leur milieu de vie. Ils se trouvaient condamnés à la solitude et au désespoir.
Dans l’Evangile, observons le comportement du lépreux et celui de Jésus. Le lépreux ose s’approcher de Jésus, il hésite encore à croiser son regard, il a rencontré tant de regards qui se détournaient de lui. Il tombe à genoux devant Jésus pour lui demander humblement : « Si tu le veux, tu peux me purifier ! » Il se soumet à la volonté de Jésus. Quelle belle profession de foi ! Quant à Jésus, il ne craint pas de prendre le risque de rencontrer cet homme. S’il avait voulu respecter la loi de Moïse telle qu’elle était exprimée dans la première lecture, il aurait dû s'écarter de cet homme et surtout ne pas le toucher au risque d’être contaminé et d’être lui-même considéré comme impur. Mais, dans tout l’Evangile, nous constatons que Jésus ne se dérobe jamais à la souffrance et au mal. Il communie à la détresse de l'homme pour le libérer. En touchant ce lépreux, Jésus ne devient pas impur. Au contraire, c'est le lépreux qui devient pur au contact de Jésus. Voilà une bonne nouvelle de la plus haute importance pour notre monde d'aujourd'hui. St Marc écrit : « Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : Je le veux, sois purifié. A l’instant même, sa lèpre le quitta et il fut purifié. » En touchant ce lépreux, Jésus supprime la cause de sa mise à l’écart et il lui permet de retrouver sa place dans la société.
Certes la lèpre sévit encore dans certains pays tropicaux en plus de la malaria et du Sida. Prenons conscience qu’il existe aussi, aujourd’hui, dans notre société, beaucoup d’autres formes d’exclusions qui blessent les hommes dans leur intégrité physique ou sociale. Ecoutons ce qu’écrit Mgr. Rouet, l’ancien évêque de Poitiers : « La ‘peau’ de notre société est malade. Celle-ci rejette à l’extérieur de son corps ceux par qui elle craint sa dissolution : les étrangers bien sûr (les lépreux étaient interdits de voyager) et tous ceux qui ne lui sont pas directement utiles. Car notre société se construit autour du rendement rapide, de l’adaptation accélérée. Celui qui ne tient pas le rythme de plus en plus soutenu reste en marge… Les autres, étrangers affamés, persécutés de divers régimes écrasants, sont accusés de troubler notre ordre, de corrompre notre identité (on est toujours trop nombreux - n’est-ce pas ? - à partager les valeurs produites). » Et il ajoute : « Devant la lèpre, les anciens se sentaient impuissants, incapables de trouver une solution. Notre temps manque cruellement de projets. Une législation pléthorique, des politiques à courte vue flattent une identité confinée dans l’immédiat. C’est la fraternité qui est atteinte. Alors le Christ qui se rend présent révèle le chemin pour que, dans les esprits et les attitudes, la lèpre nous quitte. Car si elle vient de nous et s’écoule de nous, un Autre seul peut nous en purifier. »
L’attitude de Jésus est pour nous tous un appel à passer de l’exclusion des « lépreux » d’aujourd’hui à la reconstruction du lien social.
Ces réflexions nous aide à mieux comprendre le thème de ce dimanche de la Santé : "Pas sans l'autre", avec un « a » minuscule qui notre frère en humanité mais aussi "pas sans l'Autre", avec un « A » majuscule qui est le Seigneur. C’est l’occasion de nous interroger sur la façon dont nous savons nous rencontrer en frères avec nos différences. Jésus nous entraîne vers l'essentiel : l'amour du prochain. Il se fait proche de celui qui est dans le besoin pour le restaurer dans sa dignité. Nous sommes tous membres du Corps du Christ. Nous avons tous pour mission d'être Jésus auprès des autres et de rencontrer Jésus en nos frères. Rappelons-nous ce que nous enseigne St Jean, dans sa première lettre, au chapitre 4 verset 20 : « Si quelqu’un dit : ‘j’aime Dieu’ alors qu’il a de la haine contre son frère est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère qu’il voit est incapable d’aimer Dieu qu’il ne voit pas. » En ce dimanche, comme cela a été symbolisé dans la procession d’entrée, nous pensons à tous ceux qui sont au service de la santé et qui donnent le meilleur d'eux-mêmes à cette cause : le Service Évangélique des Malades et des personnes âgées, les aumôneries d'hôpitaux, de cliniques et de maisons de Retraite, les médecins, les infirmiers et infirmières, les familles et même les malades (car il y a toujours plus malade que soi). A travers tous ces gestes d'accueil et de service des uns et des autres, c'est l'amour du Christ qui doit rayonner.
Saint Paul nous dit : "Mon modèle c'est le Christ." Comme lui, prenons le Christ pour modèle. La loi d'amour qu'il est venu instaurer est bien plus forte que tous les interdits imposés par la société. Quand Jésus touche le lépreux, c'est Dieu qui abolit toutes les distances. C'est le Père qui se fait proche pour le remettre dans le monde de la vie et des autres.

En conclusion, je voudrais faire le lien entre ce que je viens de dire et le petit tract jaune qui vous a été remis lorsque vous êtes entrés dans cette église. Il porte le titre « Diaconia 2013 : servons la fraternité ». Je vous invite à méditer ce qui y est écrit et à réaliser toujours plus que le service des frères n’est pas réservé à certains, que ce n’est pas une option parmi d’autres dans notre foi chrétienne mais qu’au contraire c’est le cœur de notre foi.
Il est important de prendre le temps de s’interroger sur la place du service du frère dans notre vie et de nous aider les uns les autres à avancer sur ce chemin. Des rencontres ont déjà eu lieu, d’autres sont prévues. Si vous désirez pouvoir vous retrouver avec d’autres, pour méditer un passage d’Evangile et échanger sur les fragilités et aussi sur les merveilles que vous vivez ou que vous constater sur votre quartier de vie, au travail, en famille, dans vos divers engagements, dans vos rencontres, n’hésitez pas à vous signaler à l’accueil de St Léger ou de Ste Bernadette et nous essaierons d’organiser ces rencontres en petit groupe à des moments qui vous conviennent. Si vous ne pouvez pas participer à une réflexion en groupe, vous pouvez écrire anonymement vos témoignages sur une petite feuille que vous remettrez dans une enveloppe au moment de la quête dans les dimanches à venir.
Témoignage de fragilités et de merveilles ! Deux exemples : lors d’une des rencontres qui ont déjà eu lieu sur notre paroisse quelqu’un a partagé ses fragilités : «  J’étais en conflit avec une voisine et je le regrette car lorsqu’elle est décédée, j’ai appris qu’elle était malade depuis plusieurs mois. Si je l’avais su, je ne l’aurais pas jugée. » 
Une autre personne a partagé les merveilles provoquées par une rencontre inopinée : « Souvent nos pas nous conduisent vers des personnes qui ont besoin  de réconfort. Ce jour-là, ce n’était pas prévu, je rends visite à une amie très âgée et très affaiblie sur le plan santé. Elle s’était sentie moralement malmenée lors de sa toilette journalière. Le fait que nous nous rencontrions lui a donné du baume au cœur et lui a remonté le moral en apaisant ses idées. Il faut si peu parfois pour changer l’atmosphère d’une journée triste qui devient soudain ensoleillée. »

Les témoignages de fragilités et de merveilles que nous exprimerons seront consignés dans quelque temps dans un cahier disponible à tous au fond de nos églises. Nous pourrons ainsi nous aider les uns les autres et servir ainsi la Fraternité.


André ROUL, diacre permanent
12 février 2012
                                                              



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