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Ac 9,26-31 - I Jn 3,18-24 - Jn 15,1-8
Sœurs et frères dans le Christ, Une phrase dans la
première lettre de Saint Jean m’a particulièrement interpelé : « Petits
enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des
actes et en vérité ». Je voudrais m’y arrêter quelques instants parce
qu’elle me semble rejoindre à la fois l’expérience de Paul dans les
Actes des Apôtres et correspondre à l’image de la vigne dans l’évangile
d’aujourd’hui !
Nos paroles humaines peuvent être de nature très
différente et prendre des formes très variées ! Selon les situations,
elles peuvent être tour à tour conventionnelles ou futiles et tantôt
graves. Ce sont parfois des paroles de bon sens ou des paroles en
l’air. Ce peuvent être des mots pleins de douceur, mots tendres,
murmurés à l’oreille des amoureux. Ou des mots de réconfort et
d’encouragement. Et souvent dans les discours officiels ce sont des
paroles mielleuses et flatteuses qui caressent dans le sens du poil.
Parfois aussi ce sont des paroles blessantes, assassines et violentes
qui détruisent l’autre ou l’humilient. Et que penser des paroles trop
belles de nos prédications, trop éloignées du concret de nos vies
ordinaires, et parfois hélas, paroles somnifères. Mon saint patron
retiré dans le désert de Scété disait : « Je me suis souvent repenti
d'avoir parlé, mais jamais de m'être tu. »
Et puis il y a la Parole de Dieu, le Verbe de Dieu,
cette Parole qui agit dans l’intime de chacune et chacun d’entre nous !
Parole vivante, qui met en mouvement, Parole de conversion, qui
transforme nos cœurs et nos regards. Parole qui a pris chair en Jésus.
Parole devenue acte dans la vie même de Jésus. Et l’amour de Jésus pour
tous ceux qu’il rencontre a imprimé comme un sceau de vérité sur cette
Parole-là qui a une saveur d’authenticité. Chez Dieu, nul écart entre
sa Parole et ses Actes : rappelez-vous dans le livre de la Genèse : «
Que la lumière soit et la lumière fut » Sa Parole est acte créateur. Il
nous parle souvent à travers des signes que nous avons du mal à
reconnaître. Quant à la Parole de Jésus dans les évangiles, elle se
fait parfois silence. Il s’adresse souvent aux disciples ou aux
foules à travers des paraboles ou, comme dans l’évangile d’aujourd’hui,
par des images. Goûter régulièrement à la Parole de Dieu, la savourer,
sœurs et frères, c’est la condition nécessaire pour que la tendresse de
Dieu se répande à travers nos vies.
La 1ère lecture est tirée du livre des Actes de
Apôtres, dont l’auteur est l’évangéliste Luc. Entendez bien « les Actes
» des Apôtres et non les « paroles » des Apôtres. L’extrait
d’aujourd’hui met en scène Barnabé, les Apôtres et Paul de Tarse.
Celui-ci, avant sa conversion, s’était fait le complice des
assassins d’Etienne, le 1er diacre. Il avait été l’ennemi juré des
disciples de Jésus, décidé à tous les faire enfermer et à les faire
condamner. Il prononçait contre eux des paroles de haine et de mépris.
Mais, sur le chemin de Damas, le Christ lui est apparu. Après une
cécité provisoire, il retrouva la vue après qu’Ananias lui eut imposé
les mains au nom du Seigneur. Après avoir reçu le baptême, Paul, avec
une incroyable fougue, prononça lors de ses voyages missionnaires des
paroles de foi en Jésus le Christ, annonçant en actes et en vérité la
Bonne Nouvelle du Ressuscité aux jeunes communautés chrétiennes.
L’image de la vigne et des sarments est l’expression
même de la première alliance entre Dieu et son peuple Israël. C’est
l’expression aussi de la nouvelle alliance entre Dieu et les Hommes,
scellée à travers l’incarnation de son fils Jésus, le Verbe de Dieu. Si
le Père est le vigneron, Jésus est le cep de vigne et nous les
sarments. Bien que n’étant pas consommateur de vin, je sais que pour
que la vigne produise de bonnes et belles grappes de raisin, il s’agit
de tailler les sarments, de les émonder. A l’image de la vigne, si nous
voulons porter du fruit il y a deux conditions : rester solidaire du
cep de vigne qu’est Jésus et se laisser dépouiller des surgeons ou
excroissances infécondes et rameaux inutiles. En clair : se débarrasser
de nos préjugés, renoncer à nos attachements égoïstes. Parler et agir
avec l’humilité du serviteur. Demeurer en Jésus, c’est être en relation
quasi permanente avec le Christ, dans la prière et dans la charité
fraternelle. « C’est la charité qui relie les rameaux au cep par une
véritable humilité » nous dit sainte Catherine de Sienne.
Sœurs et frères, comment aimer vraiment en actes et
en vérité, concrètement dans notre vie quotidienne ? Comment mettre en
œuvre l’appel à la sainteté que nous lance le bon pape François dans
son exhortation apostolique « la joie et l’allégresse » ? C’est lui qui
nous rappelle que les saints ne sont pas des êtres parfaits mais des
femmes et des hommes qui ont laissé la grâce de Dieu transformer leur
vie. Avancer sur le chemin de la sainteté, c’est laisser Dieu réduire
la distance entre nos paroles et nos actes. C’est accepter que la
Parole agissante de Dieu éclaire nos chemins et guide nos pas. Si le
Verbe du Dieu-Amour se conjugue au passé, au présent et au futur, il
nous revient à nous, en humbles disciples, de conjuguer le verbe «
aimer » à tous les temps de l’Homme.
Chers frères et sœurs, sarments du même cep de vigne
qu’est le Christ, je vous invite à vous laisser émonder par la Parole
de Dieu. A nous, de mettre en musique cette Parole divine dans
l’ordinaire de nos vies. Dieu, le vigneron, nous invite tous à restés
greffés sur le cep de vigne. Que la sève de son Esprit d’amour nous
aide à harmoniser nos actes, nos gestes, nos regards, nos rencontres
avec sa Parole. Laissons le Verbe de Dieu bousculer nos habitudes
anciennes, nos conformismes ou nos lourdeurs. Que resplendisse sur nos
visages la Bonne Nouvelle du Salut. Que scintille dans nos yeux la joie
et l’allégresse d’être aimé de Dieu.
Chers Sœurs et frères, laissons la grâce de Dieu
agir en nous pour porter beaucoup de fruits et devenir les témoins
crédibles et joyeux du Ressuscité. Au pôle-emploi de Dieu : pas de
chômage ! Chacune et chacun trouve du travail dans les vignes du
Seigneur ! AMEN
Arsène BUCHHOLZER-LUTZ, diacre pemanent
URMATT – 28 avril 2018
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