Année B
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retour vers l'accueil5° dimanche ordinaire
Jb 7,1-4.6-7 ; 1Co 9,16-19.22-22 ; Mc1,29-39
Dimanche de la Pastorale de la Santé. Fête de Notre Dame des Lumières (Association Voir Ensemble)
Dans un corps, lorsqu’un organe souffre, le corps entier est éprouvé.
Mais il réagit pour tenter de retrouver l’équilibre naturel de la vie.
Ce que la vie biologique met en œuvre, l’humanité le prolonge, non sans
difficulté, par les soins et l’accompagnement. La communauté chrétienne
se greffe à cet effort humain pour rendre concret la proximité de Dieu,
source de la vie et de l’amour, dans l’expérience de la souffrance.
C’est le sens que manifeste la journée de la pastorale de la santé. Car
nous sommes un corps, le Corps du Christ.
Nous sommes face, et avec, le grand mystère de la souffrance (évocation
des funérailles d’Anne-Sophie, 22 ans, une leucémie … les 600
personnes, dans la petite église, ont témoigné que :) la souffrance
malgré Dieu nous dépasse. Elle paraît liée à la nature même de la vie
très vulnérable, alors que par cette vie, Dieu est si proche de nous.
Alors pourquoi Dieu n’ôte-t-il pas instantanément ma souffrance, mon
handicap ? Certainement le vrai Dieu n’est pas celui qui correspond au
modèle que je me fais.
Mais alors qui est Dieu ? Les Paroles écoutées à l’instant nous
révèlent un Dieu de proximité, un Dieu de compassion (qui souffre
avec), un Dieu qui relève.
Notre expérience de la souffrance vécue ou accompagnée peut être un cri
comme celui de Job, mais aussi un encouragement à continuer comme Paul
l’exprime avec force. C’est parfois difficile de tenir les deux. Notre
liturgie nous a fait écouter Job puis Paul. Le contraste est fort, mais
leurs deux témoignages cote à cote sont d’un très grand soutien pour
nous.
Job a perdu l’espérance. Les mots qu’il emploie sont terribles. Ce ne
sont pas des paroles sur la souffrance, ce sont des paroles de
souffrance. Ce n’est pas une dissertation, c’est un réel vécu. La vie
lui apparaît comme une corvée, un souffle qui s’épuise, une navette de
tisserand vidée de son fil, car toute sa longueur est épuisée. Job
était un riche notable. Il a tout perdu. Son entourage l’incite à
renier son Dieu car si Dieu est bon, Job ne devrait pas souffrir. Mais
il tient bon. Sa plainte devient prière, une prière sans concession,
mais Job est certain que sa prière est écoutée. Nous savons que des
malades n’ont plus la force ni la conviction de croire et d’espérer.
Job nous dit que lorsque tout va mal, nous pouvons encore crier vers le
Seigneur, comme le Christ sur la croix : « Pourquoi m’as-tu abandonné ?
». Dieu fait homme a lui aussi connu la souffrance. Mais sa toute
puissance est celle de l’amour, plus fort que la mort. Sans cela, c’est
intenable.
Quant à Paul, il expérimente dans sa vie une disponibilité pour
transmettre l’espérance. Il y a dans son témoignage une exigence et en
même temps un grand désintéressement.
Par ses voyages, ses rencontres, Paul s’immerge dans les villes et les
communautés qu’il visite. Il agit au nom du Christ qui l’a saisi sur le
chemin de Damas.
Il ne compte pas sa peine, même si seulement quelques uns
l’accueillent. Les visiteurs de malades en hôpitaux frappent souvent à
toutes les portes, certaines s’ouvrent, d’autres non. Le respect des
convictions est total, mais la disponibilité est intacte. Et comme
Paul, les personnes engagées dans la pastorale de la santé bénéficient
aussi de l’œuvre auxquelles elles collaborent. On reçoit parfois bien
plus qu’on ne donne.
Car la source de ce don, de cette disponibilité, c’est le Christ, Dieu
fait homme pour accompagner notre condition humaine, lui donner un sens
qui dépasse toute souffrance.
Rares sont les évangiles du dimanche qui nous rendent compagnons de
Jésus du matin au soir, et même la nuit jusqu’au lendemain à l’aube.
Cette journée du Christ apparaît remplie, organisée, comme une journée
dans le monde de la santé. Il se rend disponible à tous ceux qui sont
en attente. Dans la journée, il est dans la synagogue, on pourrait dire
dans son église. Il prie, il célèbre et il enseigne. Ressourcé par la
prière communautaire, il sort et entre dans une maison, celle de Simon.
Là, il rencontre une malade. On ne sait pas s’il lui parle. Mais on
sait qu’il lui prend la main. Récemment, une personne de la pastorale
de la santé témoigne de sa rencontre avec une malade. La parole n’était
pas possible. Elle l’a prise dans ses bras et l’a embrassée. La
personne malade a alors pris la parole pour dire : « vous ne pouviez
davantage me faire plaisir ». C’est tout ce qui a été dit. Devant la
souffrance, une rencontre dans le silence devient présence. Et la joie
peut advenir.
Jusque tard dans la soirée, le Christ rencontre chaque souffrant. Il
apporte guérison, espérance et probablement réinsertion dans la cité.
Car à cette époque, le malade était supposé être habité par des démons,
donc infréquentable. Sans doute ne faut-il pas nécessairement imaginer
un poste médical avancé dans Capharnaüm. Mais un geste, un regard, une
parole auront définitivement relevé ceux que le Christ aura
personnellement rencontrés.
Le Christ ne s’arrête pas, il continue dans d’autres contrées. Mais
entre-temps, dès l’aube, il se met à l’écart, il prie. Il vie un cœur à
cœur avec Dieu. Pour le croyant en action, la prière est, j’oserais
dire, une posture naturelle, qui relie à la source, qui évite de
sombrer dans l’agitation, qui aide à prendre une certaine distance pour
tenir.
Le Christ, par l’eucharistie, vient maintenant à notre rencontre, comme
à Capharnaüm. Il nous rend visite, en quelque sorte. Cette visite va
nous faire du bien. Comme l’a écrit le Père François VARILLON, nous
pourrons alors continuer à « avoir une main sur la beauté du monde, une
main sur la souffrance des hommes, et les deux pieds dans le devoir du
moment présent ».
Christophe DONNET, diacre permanent
Diocèse de St-Etienne
8 février 2015
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