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5° dimanche de carême


« Nous voudrions voir Jésus » Et nous, avons-nous le désir de voir Jésus, comme les grecs qui font cette demande à Philippe ? Avons-nous le désir de le rencontrer durant ce Carême qui nous conduit vers Pâques ? Jésus est-il pour nous le sacrement du Père ? Est-il celui qui nous révèle la présence de Dieu sur notre terre ? A la demande des Grecs transmise par Philippe et André, Jésus répond : « L’heure est venue pour le Fils de l’homme d’être glorifié. »  Qu’est-ce que çà veut dire ? Pour nous, la gloire, c’est le prestige qui entoure une vedette ; c’est sa célébrité. Alors que dans la Bible, la gloire de Dieu, c’est sa présence. Lorsque Jésus nous parle de l’heure où il va être glorifié, il nous indique le moment où il va être révélé comme Dieu. Mais pour nous, comme pour les Juifs ou pour les païens, est-ce que çà ne remet pas en cause l’idée même que nous nous faisons de Dieu ? Et dans sa prière, Jésus affirme que c’est pour cette révélation qu’il est là. Et la voix qui vient du ciel vient confirmer cette révélation : « Je l’ai glorifié (mon nom) et je le glorifierai encore. » Autrement dit, je vous ai révélé la vérité de mon être.
Notre désir de voir Jésus correspond à notre désir de bonheur, de plénitude, et nous serions tout prêt à nous isoler pour savourer sa présence. Mais pour le rencontrer, nous sommes invités à le suivre sur son chemin de Croix. Par Amour pour nous, pour manifester l’Amour de son Père pour tous les hommes, il s’engage sur le chemin de sa Passion, le chemin qui mène à la Croix, le signe suprême de l’Amour qui nous rend la vie. Et Jésus nous invite à le rejoindre dans cette situation, non pas par masochisme, ou par esprit de mortification, mais parce que lorsque quelqu’un souffre, c’est lui qui souffre ; si un homme est opprimé, c’est lui qui est opprimé. C’est ce que nous révèle l’épisode du Jugement dernier raconté par St Matthieu : « Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais prisonnier, et vous êtes venus me voir.» Notre relation avec les pauvres est constitutive de notre Foi, comme nous le rappelle la démarche Diaconia 2013. Ce n’est pas facultatif ; les plus fragiles sont sacrement du Christ : ils nous le font rencontrer.
Ne pensez-vous pas que le Christ souffre aujourd’hui, alors que la fracture entre le Nord et le Sud ne cesse de se creuser ?
-    Toutes les cinq secondes, un enfant de moins de 10ans meurt de faim ;  37 000 personnes meurent de faim chaque jour.
-    Et pourtant, d’après un rapport de la FAO, l’agriculture mondiale pourrait nourrir normalement aujourd’hui 12 milliards d’êtres humains. Mais du fait des spéculations sur les matières premières agricoles, un milliard de personnes (sur les 7) sont mutilées par la sous-alimentation permanente.
Face à cette réalité scandaleuse, on est pris de vertige, et on est tenté de baisser les bras. Pourtant, à l’appel des Evêques de France, depuis 51ans, le CCFD-Terre Solidaire rejoint dans une centaine de pays des hommes et des femmes qui ne veulent pas rester écrasés par la fatalité, et qui s’unissent pour se relever et créer une nouvelle dynamique.
Le CCFD propose de multiples formes d’action de solidarité. La faim n’est pas une fatalité : elle est provoquée par la main des hommes. La spéculation financière est la nouvelle idole de notre époque, et il nous arrive d’admirer ceux qui ont fait fortune rapidement. Nous-mêmes, ne sommes nous pas tentés de placer nos quelques économies dans la seule perspective du rapport financier, sans tenir compte de l’usage qui sera fait de notre argent ? Pour nous libérer de ce piège de l’argent-roi, le CCFD propose la Finance Solidaire qui offre une véritable alternative au financement de l’économie.
Le CCFD appelle également à des actions citoyennes contre différents fléaux de notre époque comme :
-    La lutte contre les paradis fiscaux : Pour échapper à l’impôt, des sociétés multinationales ne déclarent aucun bénéfice dans les pays où ils exploitent les minerais, le pétrole ou des produits agricoles comme les bananes. Ils exportent fictivement ces produits vers des territoires sans fiscalité où une de leur filiale réalise les plus-values avant la mise sur le marché. Plus de 800 milliards de marchandises sont ainsi extraits des Pays du Sud chaque année. Le manque à gagner pour ces pays est de 125 milliards de recette fiscale, ce qui suffirait amplement à éradiquer la faim ainsi que les problèmes de santé et d’éducation.
-    La lutte contre l’esclavage : Il n’a pas disparu, mais il est plus clandestin. C’est le travail des enfants dans de nombreux pays d’Asie. Ce sont les marins privés de leurs droits les plus élémentaires qui naviguent sous les pavillons de complaisance. Et ce trafic est si rentable que 80% du commerce mondial utilise leurs services. Le CCFD les accueille dans les Foyers de marins et met en œuvre des moyens juridiques pour leur permettre de reconquérir leurs droits.
Lorsque les droits de l’homme sont bafoués, les droits de Dieu ne sont pas mieux respectés. Et aujourd’hui encore, dans toutes ces situations infra-humaines qui sont faites à nos frères, « le Christ présente, avec un grand cri et des larmes, sa prière de supplication à Dieu qui peut le sauver » comme le dit la lettre aux Hébreux. Alors, pour ne pas être complices du malheur où nos frères sont tenus (un homme sur deux survit avec moins de 2€ par jour), répondons généreusement aux évêques de France qui nous invitent à transformer nos efforts de Carême en une collecte pour la solidarité internationale. L’Eglise «catholique », c’est à dire « universelle », ne l’est pas par étiquette, mais par vocation, appelée à le devenir sans cesse davantage, en communion avec les autres chrétiens et avec tous les hommes. Que cette Eucharistie nous permette de rejoindre le Christ, lui qui est tombé en terre pour donner beaucoup de fruit. Qu’à son exemple, nous sachions nous détacher de notre vie pour la garder en vie éternelle. Et que cette collecte soit signe de l’amour universel du Dieu de Jésus-Christ, dont la communauté Eglise est appelée à témoigner pour que tout homme puisse voir Jésus.

Jean-Jacques BOURGOIS
Préfailles et Pornic
Le 25 mars 2012












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