Année B
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retour vers l'accueil5° dimanche de carême
Jr 31, 31 – 34 ; Ps 50, 3-4, 12-15 ; He 5, 7 - 9 ; Jn 12, 20-33
« Père, glorifie ton nom ! Alors, du ciel vint une voix qui disait : « je l’ai glorifié et je le glorifierai encore »
Voici le contenu du dialogue public entre Jésus et son père, devant une
foule qui se demande si ce qu’elle entend n’est pas simplement un coup
de tonnerre. Autant dire que, tout comme nous, elle n’y comprend pas
grand-chose…
« Père, glorifie ton nom ! » Comme tout ça semble bien compliqué !
Si la prière de Jésus à son Père est difficile à comprendre, la réponse
du Père ne l’est pas moins ! « je l’ai glorifié et je le glorifierai
encore »… ??
Comment comprendre aujourd’hui la Parole de Dieu, qui est pourtant la
base, le fondement le plus solide de notre foi ? N’est-ce pas un peu
décourageant ? ou alors, n’est-ce pas plutôt l’occasion pour chacun de
se demander si nous n’aurions pas besoin de quelques éclaircissements,
d’un peu de formation ?
D’ailleurs, dans tous les textes que nous avons entendus aujourd’hui,
il est justement question de formation, d’enseignement et
d’apprentissage, de révélation, de transmission, d’instruction…
Par exemple : « Père, glorifie ton nom ! », ça veut justement dire
quelque chose comme « Père, montre-toi, manifeste-toi, révèle-toi,
enseigne-nous qui tu es ! Apprends-nous à te connaître ! » La gloire de
Dieu, c’est sa vraie nature. Dire que Dieu glorifie son nom, c’est donc
dire qu’il se révèle. Et s’il se révèle à nous, c’est pour que soyons
capables de mieux aimer, puisque Dieu est amour.
Et justement, toute la Bible, c’est l’histoire de la révélation
progressive de Dieu. Car depuis que l’homme est homme, il ne cesse de
s’interroger sur Dieu. Ça ne date pas d’aujourd’hui !
« Apprends à connaître le Seigneur » nous dit le prophète Jérémie dans
la première lecture. Un texte qui date de 26 siècles, tout de même !
« Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins » disait le psaume 50, un
chant encore plus ancien, mis par écrit il y a près de 3000 ans.
Et puis, le plus récent « Nous voudrions voir Jésus » de l’évangile,
demande formulée par ces Grecs montés à Jérusalem. Ils étaient « montés
à Jérusalem pour adorer Dieu » nous dit le texte. Ils manifestent ainsi
leur soif de connaître Dieu, eux aussi. Pour mieux aimer.
Plus profondément et plus généralement, la transmission de la
connaissance de Dieu, c’est le but de l’alliance que Dieu fait avec
l’humanité : Ancienne Alliance, Nouvelle Alliance. Le mot grec qui
signifie « alliance » a été traduit en latin par « testamentum » qui a
donné « testament » en français. Et quand on entend « testament » on
pense, hélas ! à un acte chez le notaire pour léguer nos biens à nos
héritiers. Ce qui est assez loin du sens de l’alliance que Dieu conclut
avec nous ! C’est pourquoi de plus en plus d’auteurs préfèrent parler
de « première alliance » et de « nouvelle alliance » pour désigner les
deux grandes parties de la Bible, qui est justement la révélation de
cette alliance universelle, en deux grandes étapes, la première
alliance conclue avec les Patriarches, que Jésus va renouveler pour
constituer la nouvelle alliance, l’alliance d’amour.
Je viens d’évoquer les mots « gloire » et « alliance », mais il y a
encore beaucoup d’autres mots de notre vocabulaire chrétien qui ont
besoin d’être réactualisés, parce que nous les avons conservés depuis
longtemps et qu’au fil du temps, ils ont changé de sens, ou qu’ils
représentent des concepts que notre société contemporaine a oubliés ou
même effacés.
La réactualisation de ces mots ou expressions, leur réappropriation par
l’ensemble des chrétiens d’aujourd’hui, nécessite un effort, l’effort
de se former, encore une fois. D’ailleurs, la formation est l’un des 5
essentiels de la vie chrétienne, moteur de notre projet paroissial
missionnaire.
Des exemples de mots qu’il serait nécessaire de nous réapproprier ?
Rien que dans les 4 textes que nous avons entendus aujourd’hui – les 2
lectures, le psaume et l’évangile – j’ai relevé les mots suivants : la
loi ; l’alliance ; le péché ; la miséricorde ; la chair ; l’obéissance
; le salut ; la gloire, glorifier ; le jugement ; l’esprit ;
adorer. Douze mots que l’on n’entend pratiquement nulle part
ailleurs ; douze mots dont chacun nécessiterait de s’y arrêter quelques
instants pour en saisir le sens profond. C’est dire combien la
compréhension de notre foi – et par conséquent aussi sa transmission et
sa mise en pratique dans les 5 essentiels – est dépendante de notions
fondamentales qui ne peuvent être véritablement comprises par la grande
majorité des personnes qui nous entourent et qui ne partagent pas notre
foi. Ça ne veut pas dire que la foi n’est qu’une question de
connaissance et qu’elle est réservée à des savants. C’est loin d’être
vrai, et Jésus lui-même s’en réjouit : « Père, je te bénis d’avoir
caché cela aux sages et aux savants, et de l’avoir révélé aux
tout-petits ». Mais comment pouvons-nous rendre compte de la foi qui
nous anime, si nous ne comprenons pas nous-mêmes toutes ces notions ?
La nécessité de nous former est donc une évidence. De nous former tous
! Nous former pour mieux aimer. Chacun de nous a besoin de mieux
connaître sa foi. Et nous avons peu d’excuses raisonnables pour nous en
dispenser.
Il existe de très nombreux livres et ouvrages, de tous niveaux, que
l’on peut trouver dans les librairies chrétiennes, dans les magasins
des abbayes que nous visitons au cours de nos voyages. Internet
est aussi une mine, avec les sites de tous les éditeurs chrétiens. Et
puis, les innombrables sessions de formation, en présence ou en ligne,
les retraites spirituelles dans les foyers de charité, dans les
communautés monastiques…
Mais quel que soit le mode de formation que nous choisissons, de toute
façon, c’est Dieu lui-même qui nous instruit. L’Église nous propose,
pour chaque jour, un passage de la parole de Dieu. Et nous savons que
la Parole de Dieu, c’est le Seigneur Jésus lui-même. A l’invitation : «
acclamons la Parole de Dieu » nous avons répondu : « Louange à toi,
Seigneur Jésus ! ».
Et aujourd’hui, l’une des paroles qui nous est proposée pour nous
instruire, pour mieux connaître la nature de Dieu, pour qu’il «
glorifie son nom », est la réponse de Jésus : « si le grain de blé
tombé en terre ne meurt, pas, il reste seul. Mais s’il meurt, il porte
beaucoup de fruits. » Encore une parole bien énigmatique, qui nous
offre de quoi méditer sur notre propre vie : Quel est, pour nous, ce
grain de blé tombé en terre ? Pourquoi meurt-il ? Comment reste-t-il
seul ? Quels sont les fruits attendus ? …
Mais, frères et sœurs, réjouissons-nous ! Nous le savons, un jour, nous
comprendrons pleinement ces paroles. Car nous sommes déjà dans
l’espérance de ce jour où Dieu conclura l’alliance définitive avec
nous, comme nous l’annonce le prophète Jérémie :
« Je mettrai ma loi au plus profond d’eux-mêmes, je l’inscrirai dans
leur cœur ; ils n’auront plus à instruire leurs compagnons ; car tous
me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands »
Amen !
Daniel BIchet, diacre permanent
maisdon-sur-Sèvre et Clisson,
le 21 mars 2021
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