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retour vers l'accueil4° dimanche de Pâques
Ac 4, 8-12Ps 117, 1 Jn 3, 1-2, Jn 10, 11-18
Avez-vous déjà vu un berger ? un pasteur ? un vrai ?... Voilà un
personnage qui a complètement disparu de notre paysage. Il est vrai que
par ici, nous sommes davantage entourés de vignes que de troupeaux de
moutons. Ceci explique cela…
L’été dernier, pourtant, nous avons vu un berger, un pasteur, un vrai.
Nous en avons même vu plusieurs, mon épouse et moi, au cours de nos
vacances dans les Pyrénées. Le premier que nous avons rencontré était à
la tête de son troupeau. Il les faisait traverser le barrage des
Gloriettes, près du Cirque d’Estaubé, pour les mener vers un enclos,
dans le but de les soigner. Plus précisément, pour certains d’entre eux
que le berger avait repérés, il s’agissait d’enlever des cailloux qui
étaient coincés dans leurs sabots et les faisaient boiter le long du
chemin.
Un peu plus loin, au bord du lac de Fabrèges, c’était un autre
berger qui venait chaque soir nous proposer son « fromage du berger ».
Un excellent fromage qu’il élaborait à partir du lait de ses brebis.
Ces deux bergers que nous avons croisés peuvent nous aider à mieux
comprendre l’image que Jésus nous présente dans ce passage d’évangile,
que l’on appelle couramment « l’évangile du Bon Pasteur ». Cette image
est évidemment plus difficile à décoder aujourd’hui qu’à l’époque de
Jésus. Ses auditeurs n’avaient aucune peine à s’imaginer ce qu’est un
berger ni la nature de son activité.
Nos deux bergers pyrénéens nous permettent de mieux comprendre cette
image. Ils nous révèlent comment Dieu nous sauve, rien de moins !
Voyons donc comment :
Le premier d’entre eux « sauve » ses brebis en prenant soin d’elles, en
les soulageant de leurs douleurs et en facilitant leur marche. Il les
sauve aussi en les guidant sur le chemin, en leur ouvrant la route vers
le lieu de leur soulagement. Il les sauve encore en les gardant, en
veillant sur elles et en les protégeant des éventuels prédateurs qui
rôdent dans ces montagnes.
Notre second berger, celui qui vend le fromage de ses brebis, les sauve
aussi mais d’une autre manière. Chaque brebis lui offre modestement le
peu qu’elle sait faire : son lait. Et lui, accueillant cette humble
offrande, et en l’ajoutant à celle de ses autres brebis, la valorise en
la transformant en un si bon fromage que les touristes l’apprécient et
en redemandent. Chacune de ses brebis a donc du prix à ses yeux. C’est
pourquoi il en prend le plus grand soin.
Voilà comment Dieu nous sauve ! Il prend soin de nous parce que nous avons du prix à ses yeux.
Car c’est bien de salut dont il est question dans tous les textes de la
liturgie de ce dimanche. Jésus n’est pas berger simplement pour nous
donner une image sympathique. Il est vraiment notre sauveur. Dès la
première lecture, nous avons entendu l’apôtre Pierre – « rempli de
l’Esprit Saint » précise l’auteur – nous déclarer : « en nul
autre que lui, il n’y a de salut ».
Non seulement il est notre sauveur, mais il n’y en a pas d’autres ! Ne
cherchez pas, il n’y en a pas ! Pourtant, l’homme, dans sa supposée
toute-puissance, semble parfois se croire auto-suffisant. Il pense ne
plus avoir besoin de Dieu. Au siècle dernier, il pensait et proclamait
haut et fort que ce qu’il appelait « le progrès » sauverait le genre
humain. On voit avec le recul qu’il n’en a rien été ; le progrès n’a
pas empêché toutes ces guerres, ni les atrocités commises par les
divers régimes totalitaires qui se sont développés au cours de ce
siècle. Puis, aujourd’hui, c’est plutôt à la science que l’homme confie
la mission de sauver l’humanité. Là encore, on voit bien les « dommages
collatéraux » que cette foi immodérée dans la science peut provoquer.
Finalement, on le comprend bien : ni le progrès, ni la science, ne sont
des dieux. Ni l’un ni l’autre ne sont capables de sauver chaque être
humain, et encore moins l’humanité entière. « En nul autre que Jésus,
il n’y a de salut ».
L’homme ne peut sauver l’homme. Même au prix d’un utopique « homme
augmenté » par l’avènement d’un « transhumanisme » qui prétend
non-seulement faire reculer la mort, mais la supprimer. Mais non, en
réalité, « En nul autre que Jésus, il n’y a de salut ».
Le psaume 117 nous le disait déjà : « mieux vaut s’appuyer sur le
Seigneur que de compter sur les hommes ; mieux vaut s’appuyer sur le
Seigneur que de compter sur les puissants ! » Depuis que l’homme est
homme, il a cette intuition, qui deviendra révélation, que l’homme ne
peut se sauver lui-même. C’est pourquoi il doit se tourner vers Dieu,
et mettre en lui toute sa confiance.
Dans ce texte du « bon pasteur » que nous venons d’entendre, il y une
phrase qui passe souvent inaperçue, mais qui est pourtant très
éclairante sur l’intention de Jésus de sauver tout homme, toute
l’humanité. On connaît bien cette autre phrase, et on la trouve bien
conforme à l’image que nous avons de Dieu, en tous cas nous les
chrétiens : « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis ». Oui, mais
Jésus ajoute : « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet
enclos. Celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront
ma voix ; il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. » Le salut est
donc bien universel. Il n’y a pas qu’un petit nombre, une élite, qui
doit être sauvée. Le désir de Dieu exprimé clairement par Jésus le bon
pasteur, c’est que tous puissent bénéficier de sa miséricorde et
obtenir le salut. Même les « brebis qui ne sont pas de cet enclos ;
celles-là aussi, il faut que je les conduise » Et le but, la finalité
qu’il nous révèle, c’est l’unité : « il y aura un seul troupeau et un
seul pasteur. »
Oui, frères et sœurs, Jésus est vraiment notre bon berger. Le seul.
Depuis l’origine, la volonté de Dieu, c’est que tous les hommes
s’unissent enfin pour écouter sa voix, et pour suivre ensemble le
chemin du salut qu’il a tracé pour nous. Alors, nous serons auprès de
lui, et nous le verrons face à face. C’est cette espérance qui est
exprimée dans la première lettre de Saint Jean : « Nous le savons :
quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le
verrons tel qu’il est »
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent
Gorges et Clisson,
25
avril
2021
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