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4° dimanche de Pâques




4° dimanche de Pâques.

Mon père a été hospitalisé, quelques jours avant son décès, au service traumatologie du CHU de Nantes. Plusieurs membres de ma famille ont été touchés par la qualité des soins, par l’attention avec laquelle le personnel soignant s’était occupé de lui. L’un d’eux a même déclaré : « Vraiment, ces gens, ils ont la vocation ! ». Ces médecins, ces infirmières, ont choisi de consacrer leur vie au service des autres, et accomplissent leur tâche avec un dévouement qui force l’admiration. Il existe bien d’autres situations où l’on trouve des personnes qui s’engagent, elles aussi, au service des autres : ceux qui partent avec les ONG dans les pays en guerre, les pays en voie de développement ; ceux qui donnent de leur temps dans de multiples associations, au service des plus défavorisés, des exclus, des victimes de toutes sortes d’injustices ou de catastrophes… On parle aussi pour ces personnes de « vocation ». On parle même parfois de « la vocation d’enseignant » ou de « la vocation d’éducateur ». D’une mère de famille nombreuse qui reste disponible et attentive à ses enfants, qui les écoute avec patience, ne dit-on pas aussi d’elle : « avoir des enfants, c’était vraiment sa vocation » ?
Chaque année, le dimanche du Bon Pasteur est choisi par l’Église comme journée de prière pour les vocations. Assez spontanément, quand on parle de vocations, on pense aux religieux, aux religieuses, aux prêtres. Pourtant nous voyons bien que ce mot de « vocation » est utilisé bien plus largement dans notre langage courant. Vous le savez sans doute, le mot « vocation » vient du verbe latin vocare, appeler. « Avoir la vocation » c’est « avoir été appelé ». La vocation c’est donc tout simplement un appel, ou plus précisément, la réponse à un appel. Tout au long de la Bible, ce concept de vocation est lié au thème de l’écoute. Ecoute, le premier mot de la prière quotidienne de nos frères juifs : « Ecoute, Israël, le Seigneur est l’Unique… ». Dans la première alliance, que l’on appelait autrefois l’ancien testament, les récits de vocation sont nombreux. Ils racontent de manière parfois très édifiante les circonstances dans lesquelles l’appel a été entendu par tel ou tel personnage, comment il a écouté cet appel, et comment il y a répondu. L’écoute de l’appel, la réponse à l’appel reçu, c’est ça, la vocation. Et si ce mot est utilisé aujourd’hui dans un sens aussi large que nous l’avons vu, à propos de personnes dévouées, ce n’est pas un simple abus de langage. Ces personnes qui s’engagent dans le service de leurs frères humains, parfois en courant pour eux-mêmes des risques, parfois en mettant en jeu leur santé ou même leur vie, où donc trouvent-ils ces ressources, ces forces qui leur permettent, chaque jour, de vivre un tel dévouement ? n’est-ce pas surhumain, cette abnégation, cette joie de servir malgré les difficultés auxquelles il faut sans cesse faire face ? Non, ce n’est pas surhumain, c’est simplement humain. Car ceux qui répondent à l’appel qu’ils ont entendu, ceux qui vivent leur vocation, entrent, par le fait, dans une parfaite harmonie avec leur humanité. Ils deviennent pleinement humains. Ils « se réalisent » comme on l’entend parfois. En se mettant au diapason du projet de Dieu sur lui, l’homme devient plus homme. Car, en effet, si on parle de réponse à un appel, c’est bien que quelqu’un a appelé ! Et pour nous, Chrétiens, qui d’autre que Dieu appelle l’homme à se dépasser, à entrer chaque jour plus avant dans son humanité, en suivant les traces que Jésus nous a laissé ? Qui d’autre que Dieu peut être l’auteur de cet appel permanent, au cœur de nos vies, qui nous bouscule parfois, qui peut nous déranger, qui nous pousse souvent à des déplacements, à des conversions ; qui nous force à reconsidérer notre quotidien, nos façons de voir le monde, de voir nos frères humains ?
 Ce Dieu qui nous appelle, chacun d’une façon particulière, quelle place lui faisons-nous ? Quels moyens prenons-nous pour l’écouter ? Quel espace cherchons-nous pour rencontrer, pour discuter avec d’autres, pour essayer de comprendre le sens et la direction de cet appel ? Quel temps de silence savons-nous nous réserver pour discerner dans la paix ?
Aujourd’hui, toute l’Eglise prie pour les vocations. Pas pour « ceux qui ont la vocation », c’est-à-dire, de préférence, pas moi mais les autres ! L’Eglise propose aux Chrétiens de prier pour chacun des hommes, des femmes, des enfants que Dieu appelle sans cesse. Prière pour que l’appel soit entendu, pour que chacun se laisse interpeller, et puisse ainsi orienter sa vie vers son épanouissement. Qu’as-tu fait de ton baptême ? de ton mariage ? de tes responsabilités, de tes engagements chrétiens ? Qu’as-tu fait de ton sacerdoce, de ton ordination diaconale, de ta consécration religieuse ? Et toi, ici, aujourd’hui, es-tu disposé à répondre à un appel particulier, plus radical, de Jésus qui murmure à ton oreille « viens, suis-moi » ? Que ce soit un appel à devenir prêtre, diacre, religieux ou religieuse ; que ce soit un appel au mariage, à devenir père ou mère de famille ; que ce soit un appel à servir ses frères dans le célibat ; que ce soit un appel vers une profession, vers une mission, un engagement solidaire, ou simplement un mode de vie… Dieu nous appelle tous, il n’y a pas d’exception. Nous avons une vie entière pour nous mettre à l’écoute de cet appel, pour essayer de nous conformer au projet de Dieu sur nous, qui est toujours un projet d’amour. Le projet de Dieu est que l’homme soit de plus en plus homme, pour que l’humanité soit de plus en plus humaine, de plus en plus à l’image de Dieu. Car si « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » comme l’a dit St Augustin, l’homme ne peut devenir Dieu qu’en répondant à sa vocation.
Alors, frères et sœurs, en ce jour de prière pour les vocations, à l’approche du terme de l’année de l’appel, élargissons nos prières pour que chacun de nous puisse écouter, entendre puis répondre à cet appel qui monte du fond de nos cœurs. Soyons capables de répondre à cet appel que Dieu, par son Esprit saint, ne cesse de renouveler pour faire de nous des êtres de lumière, pleinement humains, pour la plus grande gloire de Dieu.
Amen !


Daniel BICHET, diacre permanent.

Monnières,
St Hilaire de Clisson,
Maisdon sur Sèvre
le 4 mai 2009  
                                                                                



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