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4° dimanche ordinaire

 
Vous devez vous en douter un peu, et même certains parmi vous le savent très bien, préparer la liturgie dominicale ou préparer une homélie, ce n’est pas une chose facile. Tous les dimanches, l’Eglise nous propose trois lectures, plus un Psaume. C'est beaucoup ! Mais alors, pourquoi ? Tout simplement parce que sa mission c’est de se mettre au service de la Parole de Dieu, de la révéler et plus cette Parole touchera notre cœur, plus nous serons en lien, en communication, en alliance profonde avec Dieu et avec nos frères. Le problème, c’est que le message de ces lectures est dense et nous ne sommes pas en mesure d’en pénétrer toute la richesse simplement en les écoutant une fois de temps en temps. Il faut que cette Parole pénètre en nous, nous habite, nous transforme. C’est ce message que nous avons retenu pour ce dimanche. Tout-à-l’heure, nous l’avons chanté, en reprenant un verset du Psaume : « Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur ! » Et bien, si nous ne devions retenir qu’une chose, c’est bien cette phrase. Il faudrait qu’elle nous habite et que nous puissions la fredonner en nous levant, en prenant notre douche, en travaillant, en nous promenant. Oui, « Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur ! » Nous pouvons aussi la personnaliser en disant par exemple : « Aujourd’hui, je veux ouvrir mon cœur pour écouter la voix du Seigneur ! »
Cependant, il nous faut bien ce message. Le verset du psaume que nous avons entendu dit précisément : «  Aujourd’hui, écouterez-vous sa parole ? Ne fermez pas votre cœur comme au désert… » Le mot employé n’est pas le mot « voix » mais le mot « Parole » et il faut bien   interpréter ce mot « parole ». La Parole n'est pas que le son de la voix, comme on dit de quelqu'un : « Il ou elle a une belle voix ! »
Je vais vous donner une petite parabole. On raconte qu'un roi, dans l'antiquité, voulant découvrir quelle était la langue la plus ancienne parlée par les humains, crut pouvoir arriver à un résultat concluant en faisant l'expérience suivante : il fit transporter deux enfants qui venaient de naître dans un endroit isolé, spécialement préparé pour les recevoir. Là, ils furent nourris et élever sans que jamais ils puissent entendre une voix humaine. Qu'arriva-t-il ? Lorsqu'on les retira de cette solitude, contrairement à ce qu'espérait le roi,  ils ne parlaient aucun langage ; ils poussaient seulement des cris inarticulés comme ceux des animaux.
 Nous le savons bien par expérience, l’enfant n’accède à la parole que dans la mesure ou d’autres personnes lui parlent et l'invitent à entrer en dialogue avec elles. Tout cela pour nous dire que personne d’entre nous ne serait pleinement humain, pleinement vivant s’il n’avait eu des mots d’amour de ses parents  et de ses proches dès sa naissance et tout au long de sa vie. C’est cela que nous pouvons appeler une parole créatrice ou encore une parole restauratrice. C’est pareil dans une vie de couple. Un amour sans parole, cela ne peut pas exister. C’est la parole d’amour qui fait vivre, qui donne sens à la vie. La parole est créatrice de vie.
Nous pouvons maintenant revenir à la Parole de Dieu. Quand je vous ai dit après la lecture de l’Evangile : « Acclamons la Parole de Dieu », vous avez répondu : « Louange à toi, Seigneur Jésus ! » et vous avez raison car, Saint Jean, au tout début de son Evangile, écrit : « Au commencement était la Parole, la Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu » et un peu plus loin, il ajoute : «  et la Parole s’est faite homme, elle a habité parmi nous. »  La Parole de Dieu, c’est Jésus qui s’est fait homme pour nous révéler que Dieu est Amour. Jésus est bien le prophète annoncé par Moïse dans la première lecture.
Venons en à l'Evangile d'aujourd'hui qui est tiré du premier chapitre de l’Evangile de Marc. Ouvrons notre coeur à cette Parole du Seigneur
 Jésus vient tout juste d'appeler ses quatre premiers disciples au bord du lac de Tibériade – c'est ce que nous avons entendu dimanche dernier -  et nous les retrouvons aujourd’hui arrivant à Capharnaüm. Cette ville était considérée comme un lieu plutôt mal famé ; il y passait beaucoup de gens dont certains étaient peu fréquentables. Si Jésus commence par ce lieu de mauvaise réputation, c'est une manière de montrer qu'il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus.
 Jésus continue à venir dans nos "Capharnaüm" d'aujourd'hui. Nous vivons dans un monde qui souffre de beaucoup de désordres et nous, dans notre Eglise Catholique, nous avons eu notre compte cette semaine...  Je pense aux tensions et aux incompréhensions provoquées chez beaucoup de chrétiens mais aussi chez beaucoup d'incroyants et chez nos frères juifs, par la décision prise par Benoît XVI de lever l’excommunication des quatre évêques ordonnés il y a vingt ans par Mgr Lefevbre. Peut-être sommes-nous,  nous-mêmes,  choqués ou du moins perturbés par cette décision ou par les réactions passionnelles  que cela a suscité ou suscite encore ? C'est légitime et sérieux mais, ne restons pas tournés sur nous-même ! Pensons à toutes les victimes des injustices, des corruptions, des violences que les médias nous révèlent chaque jour, à tous ceux qui souffrent dans leur coeur ou dans leur corps. C'est là que Jésus nous rejoint. Son message n'est pas une morale. Il ne vient pas nous dire : "Il faut faire ceci ou cela… " Jésus vient à la rencontre des blessés de la vie, de ceux qui attendent une délivrance.
Lorsque Jésus a commencé à parler, rien ne l’accréditait auprès de ses compatriotes. C’est donc dans sa personne humaine, dans sa simplicité, sa transparence, la clarté de son message qu’il a surpris et étonné tous ceux qui étaient rassemblés ce jour de sabbat dans la synagogue. Ils sont devant un homme qui ne parle pas comme les autres, qui dit des choses qu’ils n’ont jamais entendues, et cela les intéressent. Marc nous dit : « On était frappé de son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. »
Jésus vient raviver en tout homme le désir de paix et de vérité. Or, dans cette assemblée, il y avait un homme tourmenté par un esprit mauvais. Eh bien, la parole d’autorité de Jésus va le recréer dans sa liberté d’homme. Elle va chasser le démon qui est en lui. Nous constatons que ce possédé, Jésus ne l'a pas rencontré dans les rues ou sur la place publique, mais dans la synagogue, à l'intérieur de la communauté réunie pour la prière. Même dans nos communautés, il peut y avoir des complicités avec le mal. Nous pouvons, nous aussi, être esclaves de nos passions, de nos divisions, de nos a priori, de nos certitudes et de bien d'autres choses. Pour retrouver l’unité et la paix intérieure et extérieure, il est indispensable de nous recentrer sur la Parole de Dieu, afin « de lui être attachés sans partage » comme nous y invite  St Paul dans la seconde lecture.
Prenons du temps chaque jour pour laisser cette Parole pénétrer en nous et nous travailler, pour qu'elle fasse de nous des êtres neufs, des hommes libres. Alors, notre parole pourra à son tour être libératrice, redonner confiance à ceux qui nous entourent et nous pourrons être, modestement, des prophètes pour les hommes et les femmes de ce temps. Car Dieu compte sur nous pour donner sa Parole.
Il y a toujours eu des prophètes, à toutes les époques mais ils n’ont pas toujours été reconnus. A notre époque, il est clair qu’un Abbé Pierre, une Mère Térésa, une sœur Emmanuel ont été des témoins vivants de la Parole de Dieu. Mais réalisons-nous que Dieu peut nous parler aussi par l’intermédiaire de non-croyants ? Vous vous souvenez sans doute des moqueries d’un certain Coluche vis-à-vis de l’Eglise, des papes. Néanmoins, dans son engagement pour le Resto du Cœur, il  a été prophète en son genre : des gens l’ont suivi dès le début et, plus de 20 ans après, les restos du cœur sont partout : pour l’alimentation, les vêtements, le logement, la solidarité.
Cela rejoint bien la Parole de Jésus : «  Venez les bénis de mon Père, j’ai eu faim, vous m’avez donné à manger, j’étais nu et vous m’avez habillé. »
Soyons prophètes à notre tour et, pour cela
 « Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur ! »
André ROUL

( la musique de cette antienne peut être  rejouée  à l’orgue  et suivie d'un temps de silence)


1er février 2009





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