Année B
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Vous
devez vous en douter un peu, et même certains parmi vous le savent très
bien, préparer la liturgie dominicale ou préparer une homélie, ce n’est
pas une chose facile. Tous les dimanches, l’Eglise nous propose trois
lectures, plus un Psaume. C'est beaucoup ! Mais alors, pourquoi ?
Tout simplement parce que sa mission c’est de se mettre au service de
la Parole de Dieu, de la révéler et plus cette Parole touchera notre
cœur, plus nous serons en lien, en communication, en alliance profonde
avec Dieu et avec nos frères. Le problème, c’est que le message de ces
lectures est dense et nous ne sommes pas en mesure d’en pénétrer toute
la richesse simplement en les écoutant une fois de temps en temps. Il
faut que cette Parole pénètre en nous, nous habite, nous transforme.
C’est ce message que nous avons retenu pour ce dimanche.
Tout-à-l’heure, nous l’avons chanté, en reprenant un verset du
Psaume : « Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais
écoutons la voix du Seigneur ! » Et bien, si nous ne devions
retenir qu’une chose, c’est bien cette phrase. Il faudrait qu’elle nous
habite et que nous puissions la fredonner en nous levant, en prenant
notre douche, en travaillant, en nous promenant. Oui,
« Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du
Seigneur ! » Nous pouvons aussi la personnaliser en disant
par exemple : « Aujourd’hui, je veux ouvrir mon cœur pour
écouter la voix du Seigneur ! »
Cependant, il nous faut
bien ce message. Le verset du psaume que nous avons entendu dit
précisément : « Aujourd’hui, écouterez-vous sa parole ?
Ne fermez pas votre cœur comme au désert… » Le mot employé n’est
pas le mot « voix » mais le mot « Parole » et il
faut bien interpréter ce mot « parole ». La
Parole n'est pas que le son de la voix, comme on dit de quelqu'un :
« Il ou elle a une belle voix ! »
Je vais vous donner une
petite parabole. On raconte qu'un roi, dans l'antiquité, voulant
découvrir quelle était la langue la plus ancienne parlée par les
humains, crut pouvoir arriver à un résultat concluant en faisant
l'expérience suivante : il fit transporter deux enfants qui venaient de
naître dans un endroit isolé, spécialement préparé pour les recevoir.
Là, ils furent nourris et élever sans que jamais ils puissent entendre
une voix humaine. Qu'arriva-t-il ? Lorsqu'on les retira de cette
solitude, contrairement à ce qu'espérait le roi, ils ne parlaient
aucun langage ; ils poussaient seulement des cris inarticulés comme
ceux des animaux.
Nous le savons bien par expérience, l’enfant
n’accède à la parole que dans la mesure ou d’autres personnes lui
parlent et l'invitent à entrer en dialogue avec elles. Tout cela pour
nous dire que personne d’entre nous ne serait pleinement humain,
pleinement vivant s’il n’avait eu des mots d’amour de ses parents
et de ses proches dès sa naissance et tout au long de sa vie. C’est
cela que nous pouvons appeler une parole créatrice ou encore une parole
restauratrice. C’est pareil dans une vie de couple. Un amour sans
parole, cela ne peut pas exister. C’est la parole d’amour qui fait
vivre, qui donne sens à la vie. La parole est créatrice de vie.
Nous
pouvons maintenant revenir à la Parole de Dieu. Quand je vous ai dit
après la lecture de l’Evangile : « Acclamons la Parole de
Dieu », vous avez répondu : « Louange à toi, Seigneur
Jésus ! » et vous avez raison car, Saint Jean, au tout début
de son Evangile, écrit : « Au commencement était la Parole, la
Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu » et un peu plus
loin, il ajoute : « et la Parole s’est faite homme, elle a
habité parmi nous. » La Parole de Dieu, c’est Jésus qui
s’est fait homme pour nous révéler que Dieu est Amour. Jésus est bien
le prophète annoncé par Moïse dans la première lecture.
Venons en
à l'Evangile d'aujourd'hui qui est tiré du premier chapitre de
l’Evangile de Marc. Ouvrons notre coeur à cette Parole du Seigneur
Jésus
vient tout juste d'appeler ses quatre premiers disciples au bord du lac
de Tibériade – c'est ce que nous avons entendu dimanche dernier -
et nous les retrouvons aujourd’hui arrivant à Capharnaüm. Cette ville
était considérée comme un lieu plutôt mal famé ; il y passait beaucoup
de gens dont certains étaient peu fréquentables. Si Jésus commence par
ce lieu de mauvaise réputation, c'est une manière de montrer qu'il est
venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus.
Jésus
continue à venir dans nos "Capharnaüm" d'aujourd'hui. Nous vivons dans
un monde qui souffre de beaucoup de désordres et nous, dans notre
Eglise Catholique, nous avons eu notre compte cette semaine... Je
pense aux tensions et aux incompréhensions provoquées chez beaucoup de
chrétiens mais aussi chez beaucoup d'incroyants et chez nos frères
juifs, par la décision prise par Benoît XVI de lever l’excommunication
des quatre évêques ordonnés il y a vingt ans par Mgr Lefevbre.
Peut-être sommes-nous, nous-mêmes, choqués ou du moins
perturbés par cette décision ou par les réactions passionnelles
que cela a suscité ou suscite encore ? C'est légitime et sérieux mais,
ne restons pas tournés sur nous-même ! Pensons à toutes les victimes
des injustices, des corruptions, des violences que les médias nous
révèlent chaque jour, à tous ceux qui souffrent dans leur coeur ou dans
leur corps. C'est là que Jésus nous rejoint. Son message n'est pas une
morale. Il ne vient pas nous dire : "Il faut faire ceci ou cela… "
Jésus vient à la rencontre des blessés de la vie, de ceux qui attendent
une délivrance.
Lorsque Jésus a commencé à parler, rien ne
l’accréditait auprès de ses compatriotes. C’est donc dans sa personne
humaine, dans sa simplicité, sa transparence, la clarté de son message
qu’il a surpris et étonné tous ceux qui étaient rassemblés ce jour de
sabbat dans la synagogue. Ils sont devant un homme qui ne parle pas
comme les autres, qui dit des choses qu’ils n’ont jamais entendues, et
cela les intéressent. Marc nous dit : « On était frappé de son
enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas
comme les scribes. »
Jésus vient raviver en tout homme le
désir de paix et de vérité. Or, dans cette assemblée, il y avait un
homme tourmenté par un esprit mauvais. Eh bien, la parole d’autorité de
Jésus va le recréer dans sa liberté d’homme. Elle va chasser le démon
qui est en lui. Nous constatons que ce possédé, Jésus ne l'a pas
rencontré dans les rues ou sur la place publique, mais dans la
synagogue, à l'intérieur de la communauté réunie pour la prière. Même
dans nos communautés, il peut y avoir des complicités avec le mal. Nous
pouvons, nous aussi, être esclaves de nos passions, de nos divisions,
de nos a priori, de nos certitudes et de bien d'autres choses. Pour
retrouver l’unité et la paix intérieure et extérieure, il est
indispensable de nous recentrer sur la Parole de Dieu, afin « de lui
être attachés sans partage » comme nous y invite St Paul dans la
seconde lecture.
Prenons du temps chaque jour pour laisser cette
Parole pénétrer en nous et nous travailler, pour qu'elle fasse de nous
des êtres neufs, des hommes libres. Alors, notre parole pourra à son
tour être libératrice, redonner confiance à ceux qui nous entourent et
nous pourrons être, modestement, des prophètes pour les hommes et les
femmes de ce temps. Car Dieu compte sur nous pour donner sa Parole.
Il
y a toujours eu des prophètes, à toutes les époques mais ils n’ont pas
toujours été reconnus. A notre époque, il est clair qu’un Abbé Pierre,
une Mère Térésa, une sœur Emmanuel ont été des témoins vivants de la
Parole de Dieu. Mais réalisons-nous que Dieu peut nous parler aussi par
l’intermédiaire de non-croyants ? Vous vous souvenez sans doute
des moqueries d’un certain Coluche vis-à-vis de l’Eglise, des papes.
Néanmoins, dans son engagement pour le Resto du Cœur, il a été
prophète en son genre : des gens l’ont suivi dès le début et, plus
de 20 ans après, les restos du cœur sont partout : pour
l’alimentation, les vêtements, le logement, la solidarité.
Cela
rejoint bien la Parole de Jésus : « Venez les bénis de mon
Père, j’ai eu faim, vous m’avez donné à manger, j’étais nu et vous
m’avez habillé. »
Soyons prophètes à notre tour et, pour cela
« Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur ! »
André ROUL
( la musique de cette antienne peut être rejouée à l’orgue et suivie d'un temps de silence)
1er février 2009
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