Année B
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retour vers l'accueil4° dimanche de carême
On
est au beau milieu du carême. Temps proposé à chaque personne, temps
offert à chaque croyant pour qu'il puisse se préparer à vivre la
Passion et la mort du Christ mais aussi la joie de la révélation de
Pâques. Temps donné pour que nous prenions la vraie dimension, la
véritable mesure de l'amour, du Mystère d'amour, de notre Dieu pour
chaque homme, chaque habitant du monde, pour chacun de nous.
Un temps accordé pour que nous nous convertissions, pour que nous
nous tournions assurément vers le Christ et sa Charité car nous ne
pouvons nous convertir sans nous tourner aussi vers nos frères, sans
nous rendre attentifs à leurs besoins, sans nous investir, nous engager
dans une réponse sensible et tangible à ces besoins. Un temps pour
vivre plus intensément la fraternité qui nous unit et qu'elle reste
inscrite dans notre tête, notre corps, notre cœur comme s'inscrit dans
nos gènes toute fraternité humaine.
Dans les lectures que propose l'Église pour
vivre et méditer ce dimanche nous avons pu entendre parler de :
Miséricorde, Grâce, Salut, Jugement.
Miséricorde et Grâce… encore des mots d'Église me disait il y a quelques
temps une amie. Sans doute et c'est vrai que nous les entendons souvent
dans les lectures ou les prières que nous partageons mais, peut-être,
est-ce parce que l'Église s'intéresse vraiment, profondément à chaque
personne et qu'elle lui parle de cœur à cœur et surtout, et d'abord
devrait-on dire, parce que la bible est un véritable et merveilleux
livre d'amour, d'amour d'un Dieu pour sa création, d'un Père pour ses
enfants et l'Église est le corps de ce cœur d'amour qu'est le Christ.
Faire miséricorde, ce n'est pas pardonner,
enfin…ce n'est pas uniquement pardonner, ni tourner la page, mais aller
au-delà du pardon. Faire miséricorde à quelqu'un, c'est lui offrir le
chemin de son cœur, lieu de notre amour, lui donner de retrouver sa
place dans notre cœur, l'accueillir, le repositionner au milieu de ce
qui nous fait vivre en vérité, en cohérence avec ce qui nous habite en
profondeur. Et la grâce me direz-vous... c'est la trace agissante de
l'amour inconditionnel, la marque active et indélébile de l'action de
l'amour, l'élan efficace animé par la seule bonté, l'empreinte de la
douceur d'un amour désintéressé.
Dieu est riche en miséricorde nous dit Paul et nous savons que ce Dieu
"qui a tant aimé le monde qu'il lui a donné son fils", a fait l'homme à
son image. Cela ne veut-il pas dire, aussi, que nous sommes capables et
même appelés à nous approcher de la miséricorde, à vivre la miséricorde
en commençant par offrir notre pardon, pas seulement de la bouche, mais
par la grâce de l'amour porté à l'autre, par l'action agissante de
l'amour dans nos relations avec autrui. Il ne s'agit plus de se dire
machinalement "je te pardonne." Non, il s'agit, d'abord, de guérir de
la blessure qui nous meurtrit, de la souffrance éprouvée, subie, née
d'une parole blessante, d'un geste injuste, de mensonges, de manœuvres
iniques. La façon de guérir ces blessures est de s'en remettre
pleinement à l'amour, de soigner ces souffrances par l'amour que Dieu
nous donne de partager, amour offert à jamais par la venue de son Fils.
De telle façon que soulagé et guéri, sauvé de la détresse, nous
remettions la personne au centre de notre attention, au milieu de notre
cœur. Un chemin de conversion et de salut pour ne plus voir en l'autre
un rival, un agresseur mais cet homme, qui comme moi a ses limites, ce
frère qui comme moi a besoin d'être aimé, ce frère dans la foi en
Christ, cette foi que nous confessons quand nous récitons la prière que
Jésus nous a donnée : le Notre Père.
Et le jugement ? Aujourd'hui, St Jean nous dit que "celui qui croit au
Christ échappe au jugement", quelques temps après, St Jacques a écrit
dans sa lettre "le jugement est sans pitié pour celui qui n'a pas fait
miséricorde, mais la miséricorde se moque du jugement (Jc 2,13)" ce que
Saint Jean de la Croix résumait en "Au soir de cette vie, vous serez
jugés sur l'amour". C'est le chemin qui nous est proposé, ne le
refusons pas…Aimons, aimons, aimons dans notre vie, par nos actes, par
nos paroles, dans nos pensées, dans nos prières et vivons le pardon, la
réconciliation et la miséricorde.
Pardonner, faire miséricorde, aimer sous toutes ses formes… ce n'est
pas forcément facile à vivre chaque jour, à chaque instant, dans
chacune de nos activités, dans nos responsabilités…et pourtant c'est le
chemin que nous invite à prendre, avec Lui, Jésus, signe de l'amour de
Dieu pour les hommes. Nous savons qu'il sera avec nous sur ce chemin de
vie et qu'il est le Chemin à emprunter. S'il nous a dit "je serai avec
vous jusqu'à la fin du monde", c'est bien pour que l'on ose dans la
prière, que l'on ait l'audace dans ce cœur à cœur intime vécu en
Vérité, de lui demander de nous aider et que son amour nous sauve, nous
guérisse de toute épreuve. Par sa grâce, nous retrouverons la paix dans
la joie de se savoir aimé, la joie de savoir guéri parce qu'aimé et la
mort, et les penchants qui nous y mènent, n'ont plus prise sur nous
quand nous choisissons de vivre en vérité dans la lumière du Christ,
notre Vie.
Patrick DOUEZ, diacre permanent
18 mars 2012
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