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4° dimanche de carême

(2 Chr 36, 14-23 ; Eph 2, 4-10 ; Jn 3, 14-21)
 
4ème dimanche de Carême – Année B – 11 mars 2018

        En ce 4ème dimanche de Carême, dimanche de la joie, une phrase du Psaume m’a interpelé : « Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite m’oublie (…) si je n’élève Jérusalem au sommet de ma joie ».
        Quel est, aujourd’hui, comme chrétien, le sommet de notre joie ? C’est une question que je propose à chacune et chacun d’entre nous. Il n’est pas facile de formuler une réponse... Je parle bien de la joie éprouvée en vertu de notre foi chrétienne.
        Éprouver la joie en vertu de notre foi n’est sans doute pas aisé. Comme il est difficile de discerner la lumière au milieu des ténèbres ! Saint Jean a écrit au début de son évangile, dans le Prologue : « La lumière brille dans les ténèbres, mais les ténèbres ne l’ont pas arrêtée ». Ainsi, Jean nous fait comprendre que les ténèbres entourent la lumière et constituent une puissance à l’œuvre. Il y a beaucoup de ténèbres dans le monde, mais les ténèbres n’arrêtent pas la lumière qui est aussi la joie. Or, selon notre foi, la joie, comme l’amour de Dieu, est éternelle.

        Dans la première lecture, les hébreux oublièrent le Seigneur et tombèrent dans les ténèbres, jusqu’à la déportation pendant 70 ans. La phrase du psaume que j’ai citée se situe dans ce contexte. Mais le Seigneur inspira le roi Cyrus qui libéra les hébreux : « Quiconque parmi vous fait partie de son peuple, que le Seigneur soit avec lui, et qu’il monte à Jérusalem ». Oui, montons, nous aussi, vers le Seigneur, dans la prière, dans la rencontre, dans notre Église, orientée vers la Jérusalem définitive que le Christ a révélée par sa mort et sa résurrection. Retrouvons le Seigneur dans l’eucharistie, lieu de la rencontre personnelle et communautaire avec le Christ. À l’époque des hébreux, Dieu inspira le roi Cyrus, un roi païen, qui libéra les hébreux et les invita à revenir à Jérusalem. Aujourd’hui, Dieu inspire encore beaucoup d’hommes et de femmes pour retrouver une espérance, pour nous encourager mutuellement. Même si notre terre est déréglée par la crise humanitaire et écologique si étroitement liés, par la crise de valeurs et de sens, ne laissons pas les ténèbres envahir notre conscience. La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’arrêteront pas. Car Dieu nous a donné la vie avec le Christ, comme nous le dit Saint Paul dans la seconde lecture, à cause du grand amour dont il nous a aimés. Être sauvé, c’est avoir la vie, celle qui édifie, celle qui donne sens, celle qui procure la joie, parfois toute simple. Cela ne vient pas de nous, c’est un don de Dieu, mais on ne le voit pas toujours avec nos yeux. Recevons ces paroles d’encouragement que Paul nous adresse encore aujourd’hui : c’est Dieu qui nous a créés dans le Christ, en vue de la réalisation d’œuvres bonnes. Cela aussi, c’est une source de joie.

        Dans l’évangile, Saint Jean nous fait partager la rencontre de Jésus avec un notable pharisien, Nicodème. Dans l’évangile de Jean, Nicodème symbolise Israël qui s’interroge devant la difficulté de croire à la parole du Christ, une difficulté qui est dramatique au temps de Saint Jean, et qui continue, encore aujourd’hui, à être dramatique dans notre monde. Jésus ouvre le regard de Nicodème en évoquant d’abord la figure du serpent de bronze, figure symbolique que les juifs dans le désert étaient invités à regarder, pour échapper aux piqures de serpents. Oui, dans l’âpreté du désert, il a fallu des symboles forts, visibles et tranchés, qui peuvent nous surprendre par un certain côté magique que l’on peut dépasser dans la foi. Dans Saint Jean, regarder ce symbole anticipe le regard du chrétien vers la croix, qui constitue le signe du salut et le lieu de la glorification du Seigneur par sa souffrance humaine et sa mort, pour la transformer en vie. Saint Jean nous éclaire sur un essentiel : croire en Jésus, c’est être vivant, c’est être sauvé du néant, c’est avoir une pleine conscience que notre vie a un sens, car ce sens s’enracine en Dieu. Ne nous méprenons pas : il ne s’agit pas d’une opération de sauvetage pour nous extraire d’une tempête apocalyptique : Dieu aime le monde, nous dit Saint Jean. Il a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son fils, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Le monde est inachevé, le bien est toujours menacé, mais ce bien brille toujours dans les ténèbres qui ne peuvent pas l’arrêter.

        Interviennent alors les paroles de Jésus sur le jugement : « celui qui croit échappe au jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru ». Le jugement, qui est un ajustement à Dieu, a été remis au Fils. Ce jugement n’est pas compris par Saint Jean comme l’exercice d’un pouvoir souverain que l'homme subirait passivement au dernier jour. Il est compris comme le résultat immédiat, ici et maintenant, de la présence parmi nous de l’envoyé de Dieu, présence qui suscite dans notre conscience une décision libre de nous ajuster ou pas à la lumière, à la vie, et de réaliser les œuvres bonnes évoquées par Saint Paul.

        Alors, tout simplement, le sommet de notre joie est d’avoir dit oui à la rencontre avec le Seigneur qui nous offre sa présence aimante. Être en communion avec lui, dans un monde non pas à juger mais à sauver, c’est-à-dire à élever vers le bien, est une joie infinie. Joie de la rencontre, joie du partage et de l’échange, joie du service… toutes ces joies sont, simplement, la joie chrétienne que nous nous communiquons en ce jour les uns aux autres, en présence du Seigneur.


Christophe DONNET, diacre permanent
Communauté des aveugles du diocèse de St Etienne,
11 mars 2018




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