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3° dimanche de Pâques


Du livre des Ac 3, 13-15. 17-19 ; Ps 4 ;  1 Jn 2, 1-5a  ;  Lc 24, 35-48

    J’ai lu dans le journal « la Croix » que seulement 10% des chrétiens déclarent croire en la résurrection après la mort, que certains croient en la réincarnation et une bonne partie à un au-delà assez imprécis. Effectivement, de l’au-delà, personne n’est revenu pour nous dire ce qu’il en est vraiment…
    Ce temps pascal baigné dans la lumière du Christ ressuscité doit être le moment pour nous interroger sur notre Foi. Croyons-nous à la résurrection du Christ et, comme le dit notre credo, à la résurrection des morts ?
Les différents textes d’Evangile qui nous sont proposés lors de ces dimanches du temps de Pâques, nous permettent d’approcher le Christ ressuscité, Lui, le premier et le seul qui est re-suscité et qui s’est manifesté à certains de ses proches, et, en particulier aux onze et à Marie.

Suivons le chemin de foi des disciples d’Emmaüs qui ont fait route avec Jésus. Il a relu avec eux, à la lumière des Ecritures, tous les évènements qui se sont passés les jours précédents. Le soir, lors du repas, ils l’ont reconnu au partage du pain. Les disciples, après cette rencontre qui les bouleverse, s’en retournent aussitôt à Jérusalem et racontent leur aventure aux 11 apôtres et à leurs compagnons… Et voici que tout à coup, Jésus apparaît au milieu d’eux. Ils n’en croient pas leurs yeux et le prennent pour un esprit, un fantôme… quelque chose d’irréel…
La foi n’est pas immédiate. Elle nécessite un cheminement, une maturation, comme nous le montre Saint Luc avec les disciples d’Emmaüs : ils ont eu une longue marche explicative avec Jésus de Jérusalem à Emmaüs, ils ont partagé le pain, et ils n’ont pu croire d’emblée, lorsque Jésus leur est apparu de nouveau… La foi n’est jamais acquise, on ne la possède pas, on la reçoit sans cesse. Elle suppose de notre part une ouverture bienveillante à Dieu, qui nous permet de prendre conscience de la présence du Seigneur au cœur de nos vies. Les catéchumènes qui ont été baptisés lors de veillée pascale, ont suivi deux ans de formation et de mûrissement, qui leur ont permis d’approcher le mystère de Jésus, de sa mort et de sa résurrection. Ils ont reçu et reconnu le don de Dieu, si magnifiquement célébré par la communauté lors de la veillée pascale.

Regardons maintenant Jésus, le ressuscité.  Luc insiste sur le caractère corporel de la résurrection. Jésus ne se contente pas de montrer ses plaies, il leur demande de le toucher pour bien leur montrer la réalité nouvelle du ressuscité. « Eux n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement » nous dit Saint Luc, et il y avait de quoi ! Jésus donc leur demande à manger et il se nourrit devant eux du poisson grillé. Jésus a bien un corps ; il garde ses cicatrices, il mange, mais il fait fi de l’espace et du temps…  Et Saint Paul, dans la lettre aux Corinthiens, précise que notre corps ressuscité sera à l’image du  corps du Christ ressuscité. Ce sera un corps « glorieux et fort…animé par l’Esprit » alors que le corps mis en terre « est misérable et faible… fait de matière ». Le même corps devient autre. Il n’est plus régi par les lois de la matière, mais animé par l’Esprit, par l’Amour du Christ. Nous ne pouvons ni décrire ni penser le corps de la résurrection, mais il y a bien un corps, un corps transfiguré dans l’Amour de Dieu, corps à l’image de celui du Christ ressuscité. Croire à la résurrection de Jésus, c’est croire à notre propre résurrection, à la suite du Christ, le premier né d’entre les morts.

Comme sur la route d’Emmaüs, ouvrons nos esprits à l’intelligence des écritures.
Toute la Bible, sous la forme d’une succession de livres et d’histoires datées et localisées nous révèle le sens de l’aventure humaine. Nous apprenons que tout ce qui fait nos vies, tout ce qui fait la vie de l’humanité, le bon, le mauvais, le conflictuel, le contradictoire se trouve pris en compte  par Jésus qui, sur terre, a partagé nos joies et nos espoirs, nos souffrances et la mort. Oui, tout cela est assumé par Jésus Christ.
Dans l’au-delà, nous serons tous rassemblés dans l’amour de Dieu, en son Royaume de justice, d’amour et de paix… C’est cela la foi chrétienne. Le Christ est l’alpha et l’oméga, le début et la fin de tout, comme c’est marqué sur le cierge pascal… « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine, » nous dit Saint Paul. La résurrection est la fine pointe de notre Foi. La résurrection éclaire et donne sens à l’histoire de l’humanité et à notre vie personnelle. Dieu ne nous a pas créés pour la mort, mais pour la vie, tous rassemblés dans son amour.
Aujourd’hui, sur cette terre, nous ne vivons que les prémices du Royaume du Seigneur. Comme diacre au service de l’Eglise pour les hommes, chargé particulièrement de la solidarité dans le diocèse, j’accompagne, avec beaucoup de chrétiens et de non-chrétiens, des hommes, des femmes, des enfants que le malheur, la malchance, les circonstances de la vie ont mis en marge… Dans cette humanité éprouvée, je vis les moments de souffrance, mais aussi les espoirs et les moments de joie. Et je vous assure qu’il y en a ! Pour moi, le partage avec ces hommes et de ces femmes nourrit ma vie d’homme, de chrétien et de diacre, au même titre qu’annoncer la parole ou célébrer les sacrements. Je suis aujourd’hui témoin que l’Esprit de Dieu est au travail dans ce monde, et que « ce monde est en genèse du Royaume de Dieu » B.Chenu. Je le vois, au jour le jour, dans l’accompagnement des familles immigrées, ou avec les couples qui réfléchissent sérieusement sur leur engagement dans le mariage… Accompagner les hommes et les femmes, à l’exemple de Jésus sur le chemin d’Emmaüs, voilà ce qui conduit à la lumière, à l’Espérance et à la Résurrection. Voilà ce qui peut combler une vie de diacre et de croyant. Amen.

Yves Michonneau, diacre permanent .
le 26 avril 2009
Paroisse St Léger-Ste Bernadette d’Orvault



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