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3° dimanche de Carême

      
Jn 2, 13-25
      

    Jésus avec un fouet, renversant les tables des marchands, des négociants et des changeurs, voilà une posture inhabituelle. Et pourtant, cette situation n’est pas anecdotique, c’est un évènement important repris par les quatre évangélistes. Par ailleurs, Jésus s’est déjà montré dur et violent en paroles envers les pharisiens qu’il traitait « d’engeance de vipères » ! Et dans Saint Jean, au chapitre 15 Jésus prévient ses disciples que « si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous ».
Immédiatement après avoir fait le nettoyage, Jésus rentre dans le temple, et Saint Mathieu nous dit qu’il guérissait les aveugles et les boiteux, entouré d’enfants. Ces deux visages de Jésus, la vigueur et la douceur, sont à intégrer dans la vie du chrétien : Il n’y a pas de compromis possible avec l’esprit du monde tourné vers l’argent et la domination ; et nous sommes appelés à vivre en proximité avec le prochain et avec Dieu, qui nous apporte paix et joie. Le chemin du chrétien n’est pas dans la facilité, il est exigeant et il nous conduit vers la vie…

Un centre commercial s’est donc installé dans la cour du temple. C’est un lieu où les changeurs et les marchands font de bonnes affaires autour du culte. Jésus prend les grands moyens pour contester ce qui est indigne de ce haut lieu de prière. Il fait le ménage.
Aujourd’hui, le centre du monde n’est plus Jérusalem, les marchands et changeurs ont changé de visage. Ce sont, notamment, des sociétés ayant pignon sur rue, ou occultes, qui se cachent derrière des montages juridiques pour faire circuler l’argent dans des paradis fiscaux, pour blanchir l’argent sale ou pour exploiter sans frein les ressources de la terre. L’encyclique « Laudato Si » pointe les conséquences de cette avidité de l’homme pour la puissance et l’argent : (Je cite) : « pollution et changement climatique, perte de la biodiversité, détérioration de la vie humaine et dégradation de la vie sociale, l’inégalité planétaire.» et encore :  « La vision qui consolide l’arbitraire du plus fort a favorisé d’immenses inégalités, injustices et violences pour la plus grande partie de l’humanité… l’idéal d’harmonie, de justice, de fraternité et de paix que propose Jésus est aux antipodes d’un tel modèle ». Voici ce que dénonce aujourd’hui l’encyclique : « L’actuel système mondial est insoutenable… parce que nous avons cessé de penser aux fins de l’action humaine : si le regard parcourt les régions de notre planète, il s’aperçoit immédiatement que l’humanité a déçu l’attente divine »60.
Devant cette réalité de la mise à mal de la création, de notre terre et des rapports sociaux, quelle serait la réaction de Jésus ? On peut imaginer qu’elle ne serait pas moins vigoureuse qu’avec les marchands du temple !

Face à la situation actuelle de notre maison commune, la terre, la ligne directrice nous est donnée par le Christ : « Les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et les grands leur font sentir leur pouvoir. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous sera votre serviteur » 82 ; Mt 20, 25,26. A notre place, dans la suite du Christ serviteur, nous croyons comme chrétiens que nous avançons tous dans une communauté de destin et vers un « terme commun qui est Dieu, dans une plénitude transcendante où le Christ ressuscité embrasse et illumine tout. » L’évangile de dimanche dernier avec le récit de la transfiguration, nous donne un avant-goût du paradis, de ce terme où le rayonnement de la gloire de Dieu nous illuminera. Nous serons tous rassemblés dans l’amour de Dieu.
Dans notre vie de tous les jours, l’intervention du Christ au temple nous rappelle que les relations entre Dieu et l’homme ne s’achètent pas. Dieu aime et se donne gratuitement. Les responsables religieux ont mal interprété l’intervention du Christ sur l’esplanade du temple. Ils ont cru que le temple de Jérusalem aurait une fin. Mais Jésus « parlait du sanctuaire de son corps » qui est l’offrande parfaite faite à Dieu, ce corps donné par amour pour les hommes… Ce corps donné, nous le recevons dans l’eucharistie, nous le partageons avec nos frères. « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu », nous dit Saint Paul ? Puisque le désir de Dieu est de faire en nous sa demeure, en ce carême ayons la lucidité de faire un état des lieux et de faire le nettoyage de notre maison intérieure, de nous débarrasser de ce qui nous encombre ; bref, faire de la place pour Dieu. En ce temps de carême, nous sommes invités à la prière, au jeûne et au partage. Ce sont des moyens pour restaurer et revivifier notre relation à Dieu et à nos frères.

Les disciples, non plus, n’ont pas saisi sur le moment cette parole de Jésus : « détruisez ce sanctuaire, en trois jours je le relèverai ». Ce n’est qu’après la résurrection qu’ils comprendront qu’il parlait de lui-même. Le temple c’est le Christ : l’heure est venue de ne plus adorer à Jérusalem, « mais en esprit et en vérité » selon la parole de Jésus à la samaritaine…
Nous aussi, lisons l’évangile à la lumière de la résurrection, et vivons ce temps de carême en enfant de lumière !



Yves MICHONNEAU, diacre permanent
Paroisse St Léger Ste Bernadette d’Orvault
le 7 mars /2021   






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