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3° dimanche de Carême


Quelle richesse dans les textes de ce 3ème dimanche de Carême ! Il y aurait tant à dire… je vous invite à les relire mais je vous propose maintenant de nous attarder sur le Temple que Jésus désigne par « la maison de mon Père »

La première lecture et le psaume nous parlent de la Loi, édictée par Dieu dans les dix commandements gravés dans la pierre et remis à Moïse sur le mont Sinaï. La Loi donnée à Israël comme un chemin d’apprentissage de la liberté et comme la promesse que le bonheur est acquis à tous ceux qui l’observent.
(je ne vous en dit pas plus… vous relirez…).
Pendant plus de deux siècles, les tables de la Loi furent abritées sous la « tente de la Rencontre ». Puis, Salomon a construit le Temple de Jérusalem pour les y abriter, mais Nabuchodonosor l’a détruit 5 siècles plus tard, et celui qui a été reconstruit après le retour d’exil, était un espace vide de tout symbole, image, statue, idole… comme celui du temps de Jésus. Pourtant, c’était le lieu unique (LU…) dans tout Israël où l’on venait prier Dieu et lui offrir des sacrifices.

Je viens de résumer 10 siècles en 3 lignes…pour situer le contexte de la scène que Jean nous présente dans l’Evangile : après avoir accompli son premier miracle à Cana en Galilée, Jésus se rend à Jérusalem et monte au Temple pour prier et pour prêcher la Bonne Nouvelle qu'Il est venu apporter sur terre. Mais quelle n’est pas sa surprise en voyant le Temple de Dieu, son Temple, rempli de marchands et de trafiquants de toutes sortes ! Dieu, dans la personne de Jésus, vient dans sa propre maison, et qu'y trouve-t-il ? Des gens en prières ? Des lévites en train d'accomplir leur ministère ? Non ! Il s’agit bien de marchands, de trafiquants, de gens qui ne semblent se soucier que d'une seule chose : amasser de l'argent pour leur vie sur terre, au lieu de prier pour que le Père les accueille dans sa demeure du Ciel ! Le monde à l'envers, dirions-nous !
Et voici Jésus qui, dans un geste de violence, fait un fouet avec des cordes et se met à chasser les vendeurs de bétail et les changeurs de monnaie. Pourquoi cette contestation de la religion officielle ? Essentiellement parce que cette religion n’est plus qu’une affaire de marchandage. Déjà les prophètes avaient contesté ces pratiques qui consistaient à acheter la bienveillance de Dieu en lui sacrifiant des animaux. « Je n’ai rien à faire de vos sacrifices, dit le Seigneur. J’en ai assez des béliers consumés par le feu et de la graisse des veaux » (Isaïe) A cette religion du « donnant-donnant », Jésus vient substituer une religion de la gratuité, entièrement basée sur l’amour que Dieu a pour chacun de nous. « C’est l’amour que je veux, et non les sacrifices. »

Or, justement, cette scène se déroule dans le Temple, celui que Jésus désigne par « la maison de mon Père ». La maison : cette expression est le symbole de toute la réalité de la création elle-même. La maison est cet endroit où nous désirons demeurer, là où nous aimons prendre nos repas, refaire nos forces par le sommeil, passer d'agréablement moments avec notre famille et avec nos proches ; c'est le lieu par excellence où se passent toutes les rencontres intimes et privées de notre vie. En particulier, la maison de Dieu, c'est cet endroit privilégié où nous pouvons rencontrer Dieu, seul à seul, sans crainte de le déranger.
Soit, mais pourquoi Dieu doit-il avoir une maison ? Dieu n'est-il pas pur Esprit ? N'est-il pas présent partout, au Ciel, sur terre, et en tout lieu ? Oui, c'est vrai ! Mais Dieu a toujours désiré ardemment devenir l'un de nous afin que nous puissions devenir comme Lui, semblable à lui dans le Christ, la Parole de Dieu faite chair. Par son Incarnation, c'est comme si Dieu s'était construit une maison pour nous accueillir en Lui, dans le Corps de son Fils bien-aimé. Dans cette maison de Dieu, dans l'humanité du Fils de Dieu, nous pouvons le rencontrer et lui parler d’homme à homme-Dieu.
Oui, Dieu se fait proche, tout proche de l’homme. Il est l’un d’entre nous. Ne cherchez pas Dieu dans des bâtiments faits de main d’homme. Le seul Temple de Dieu, c’est Jésus, Dieu-fait-homme. « Qui me voit, voit le Père », dira-t-il à Philippe. A la question des autorités de Jérusalem qui lui demandent de quel droit il chasse les vendeurs du Temple, Jésus répond par cette phrase énigmatique : « Détruisez ce Temple et je le relèverai en trois jours. » « Il parlait de son propre corps » précise Jean dans l’évangile.
 Oui, le corps du Christ, c'est la vraie maison de Dieu, celle qui doit durer toujours, éternellement ! Mais alors, l'Eucharistie est également pour nous la maison de Dieu dans laquelle nous pouvons demeurer, si nous le désirons, si nous sommes attentifs à la présence de Dieu dans ce sacrement. Jésus n'a-t-il pas dit : "Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui." (Jn. 6, 56) Faisons bien attention à cette parole du Seigneur : dans la sainte communion, ce n'est plus seulement Jésus qui est la demeure de Dieu, c'est nous aussi, si nous en sommes dignes, qui devenons la demeure de Dieu parmi les hommes ! Quel admirable mystère ! Quel admirable échange entre Dieu et l'homme dans ce sacrement d'amour et de paix !
Saint Paul nous le rappelle : "Vous êtes le corps du Christ." et encore « Vous savez sûrement que vous êtes le Temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous. Si un homme détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira. Car le temple de Dieu est saint, et ce temple, c’est vous. »  .

Si Jésus demeure en nous et nous en lui, alors nous sommes son corps, nous sommes son Temple et cela ne peut nous laisser indifférent :
→ premièrement, cela ne devrait-il pas nous inciter à respecter toute personne humaine et à voir en elle le temple de Dieu. Si chacun de nous a ce sens du sacré, en présence de chacun de ceux et celles qu’il rencontre, bien des choses changeront dans nos sociétés.
→ deuxièmement, parce que Dieu habite en nous, tous ceux qui le veulent peuvent porter cette présence de Dieu partout dans le monde et auprès de tous, manifestant par l’exemple de nos vies la toute-puissance de Celui qui est le Créateur de toutes choses. Si nous le voulons, Dieu qui demeure en nous peut être communiqué à la terre entière ! mais aussi se faire proche de tous les « petits » qui nous entourent et attendent beaucoup de nous : attitudes de compassion, défense des opprimés et des exclus… Autant de gestes qui manifesteront concrètement que notre Dieu est proche de l’homme, tout proche, et qu’il veut notre bonheur.

Dieu, qui demeure en nous comme en sa propre maison, peut accomplir en nous et par nous des merveilles, telles que nous n'en avons pas idée ! Pour y parvenir, il nous faut solliciter son aide, de tout notre coeur, avec une foi profonde et sincère, comme celle de la Vierge Marie.

Pour commencer, préparons-nous à la sainte communion que nous allons faire au cours de cette Eucharistie dominicale, ne ratons pas notre chance : offrons à Dieu une demeure digne de Lui, sans trafiquants, sans marchands de toutes sortes qui l'infectent. Comme Marie qui a conservé la Parole de Dieu dans son coeur comme dans sa propre maison, accueillons le Seigneur avec un coeur pur, libre de toute attache aux créatures, livré entièrement aux choses de Dieu, notre Père à tous et en tous !

Patrick Javanaud – diacre permanent.
Paroisse Saint Matthieu sur Loire

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