Si je demande à quelqu’un dans la rue de me citer
les 10
commandements, je vais peut-être entendre : tu ne tueras pas, tu ne
voleras pas… etc.
Mais nous venons d’écouter la lecture de l’Exode
qui nous
donne le décalogue, c’est-à-dire les 10 Paroles plutôt que les 10
commandements.
Les premiers commandements concernent notre
relation à Dieu.
Viennent ensuite les commandements concernant notre relation à autrui,
les
parents, en premier lieu, puis tous les autres. «Honore ton père et ta
mère...
Tu ne porteras pas de témoignage contre ton prochain... » Car la
relation à
Dieu et la relation aux autres sont étroitement liées. Les 5 derniers
commandements sont en forme négative : des repères pour une vie en
société.
Mais je vous propose de regarder avec attention les
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premiers, positifs, que l’on peut résumer ainsi :
- Je suis le Seigneur ton Dieu Qui t’a fait sortir
du pays
d’Égypte de la maison d’esclavage.
- Tu n’auras pas d’autre dieu que moi.
- Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain.
- Souviens-toi du jour du sabbat.
À la fin de sa vie, Moïse redira ces commandements
d’une
autre manière :
« Écoute,
Israël
: le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. »
(
Ex 6, 4-5)
Et tous les juifs pratiquants redisent cette parole
tous les
jours :
Chémâ, Israël, Ado-naï Elo-henou, Ado-naï Ehad'
« Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait
sortir du
pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. »
C’est ce préambule qui justifie tout le reste, qui
donne
sens à tout le reste. L’originalité de la Loi en Israël, ce n’est pas
son
contenu, c’est d’abord son fondement : la libération d’Égypte. Israël
sait pour
toujours que le Dieu libérateur donne la Loi comme un chemin
d’apprentissage de
la liberté.
Le livre du Deutéronome est une méditation
théologique sur
les événements de l’Exode et les exigences de l’Alliance avec Dieu : « C’est
le
SEIGNEUR qui est Dieu, en haut dans le ciel et en bas sur la terre ;
il n’y
en a pas d’autre. Garde ses lois et ses commandements que je te donne
aujourd’hui pour ton bonheur et celui de tes fils après toi, afin que
tu
prolonges tes jours sur la terre que le SEIGNEUR ton Dieu te donne,
tous les
jours. » (Dt 4,39-40).
C’est une loi de liberté pour que la vie soit
pleinement
vécue.
Quand Jésus redira à ses disciples « Allez
! De
toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père,
et du
Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je
vous ai
commandé. » Il parle du commandement de l’amour,
Aimer Dieu et
son prochain.
Un grand nombre de personnes parlent des valeurs
chrétiennes
et pensent à l’amour du prochain. Mais quelle place fait-on à l’amour de
Dieu ?
Les deux sont liés. L’un n’a de sens qu’avec
l’autre, par l’autre.
« Nous aimons parce que Dieu lui-même nous
a aimés
le premier. Si quelqu’un
dit : « J’aime
Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur.
En effet,
celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer
Dieu, qu’il
ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui
qui aime
Dieu, qu’il aime aussi son frère. » (1 Jn 4 20-21)
Alors comment aimer Dieu ?
Il
semblerait qu’aujourd’hui nous soyons plus
ou moins les égaux de Dieu, ou au moins c’est ce que nos attitudes
semblent
indiquer, puisque les gestes d’adoration ont pour ainsi dire disparu de
notre
culture.
Louer Dieu,
lui
apporter nos offrandes, nous prosterner devant lui… il semble que pour
beaucoup
de monde, il s’agisse de choses du passé, voire carrément d’autres
religions.
Jésus ne
nous a-t-il
pas dit qu’il ne nous appelait plus serviteurs mais amis ?
Ah oui mais,
pour
être amis du Christ, il nous faut tout d’abord, comme lui, obéir
parfaitement aux
commandements de son Père.
Le premier
de ces
commandements consistant à aimer Dieu, mais d’un amour fait d’adoration
et de
respect, et non d’une amitié de bons copains.
Le Fils de
Dieu est
notre Sauveur, mais il ne faut pas oublier que Dieu est aussi notre
Créateur,
celui à qui nous devons la vie, l’existence et l’être.
D’ailleurs
dans
quelques minutes nous allons chanter Saint, Saint, Saint le Seigneur
Dieu de
l’univers !
Le
ciel et la
terre sont remplis de sa Gloire.
Et nous ne
pouvons
devenir ses amis que si nous choisissons la dernière place (Lc 14,10),
que si
nous reconnaissons, dans une attitude humble, notre péché (Lc 18,13).
C’est dans
la mesure
où nous acceptons de reconnaître notre besoin de Dieu qu’il peut
intervenir
pour nous aider, mais si nous nous considérons comme ses égaux, alors il
ne
peut rien faire pour nous, parce que nous sommes déjà pleins de
nous-mêmes.
Jésus ne
peut guérir que
les gens qui lui demandent de l’aide, il ne peut rien pour ceux qui
pensent
qu’il n’a rien à leur apporter et qu’il n’est pas différent d’eux.
Nos
attitudes
extérieures disent quelque chose de notre attitude intérieure. Ce ne
sont pas
juste des conventions sociales ou liturgiques.
Pour
connaître la
joie de l’amour de Dieu, osons nous agenouiller devant lui, et
laissons-le nous
sauver.
Peut être
qu’au
Temple de Jérusalem, c’était de même : Jésus savait bien que quand
on
vient en pèlerinage, parfois de très loin, on s’attend à trouver sur
place des
bêtes à acheter pour les offrir en sacrifice. Quant aux changeurs de
monnaie,
on en a besoin aussi : on est sous occupation romaine, et les pièces
frappées à
l’effigie de l’empereur sont indignes de figurer à la quête ! Et
pourtant, en
ville, elles sont indispensables. Donc, en arrivant au Temple, on change
ce qu’il
faut contre de la monnaie juive.
Il y a
longtemps le
prophète Osée le disait : « Je veux la fidélité, non
le
sacrifice, la connaissance de Dieu plus que les holocaustes. »
En chassant
las
marchands, Jésus veut nous dire que l’amour rendu à Dieu n’est pas un
commerce :
donnant-donnant. Nous lui devons tout.
Si Jésus est
notre
frère en humanité, il est Notre Sauveur, le Fils de Dieu.
Il a vécu
comme nous,
enfance, adolescence, un métier manuel.
Mais il a
accepté
aussi, de mourir pour chacun de nous, comme un esclave condamné à mort.
« Ce
Christ
est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu
est plus
sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que
les
hommes. » Redit St Paul à ses amis de Corinthe.
Durant ce
temps de Carême,
ce chemin de Pèlerinage vers la Fête de Pâques et la Résurrection de
Jésus, marchons
dans ses pas, lui qui veut nous montrer l’amour de Dieu pour nous.
Dimanche
dernier nous
avons vu sa gloire dans le récit de la transfiguration. Mais le chemin
vers
Pâques passe aussi par le Golgotha et son abaissement extrême.
Retrouvons le chemin de l’adoration de ce Dieu si grand qui ne veut qu’une chose que nous répondions à son amour de Père.
Philippe
ARRIVÉ,
diacre permanent
ND de
Lumière, le 3
mars 2024
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