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3° dimanche de Carême

        Avec ce 3 -ème dimanche, nous sommes presque au milieu du carême, et je vous propose de jeter un regard d’ensemble sur les textes d’Evangile que l’Eglise nous propose pour vivre ce temps de conversion :
        Premier Dimanche, les tentations de Jésus au désert pour nous montrer le chemin…du désert.
        Deuxième dimanche, la Transfiguration de Jésus pour qu’avec les disciples nous ayons l’objectif en vue : la Gloire de Jésus à laquelle il nous appelle, pour voir plus loin que la Croix.
       
        Aujourd’hui, tous les textes tournent autour de la Loi. Nous allons y revenir. Et puis avant le dimanche des Rameaux nous écouterons avec Nicodème, Jésus, nous redire qu’il est là pour nous sauver non pour nous juger, enfin Jésus essaye de nous entrainer avec lui à donner notre vie pour vivre avec Lui. Un programme très pédagogique, un cheminement étape par étape.

        Et aujourd’hui la Loi.
        Nous venons d’entendre la lecture des 10 commandements ou plutôt des 10 Paroles de Dieu à Moïse : « En ces jours-là, sur le Sinaï, Dieu prononça toutes les paroles que voici ». On ne parle pas de commandements. Les enfants savent bien dire à leur frère ou leur sœur « tu n’es pas papa, tu n’es pas maman : c’est pas toi qui commande ». On n’aime pas les commandements. En effet le mot Commandement viendra plus tard. Mais rappelez-vous : « Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. Vois ! Je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. » (Dt 30, 14-15) Si ce sont des commandements ils sont là plutôt pour baliser le chemin du bonheur. Dans la tradition juive, « ce n’est pas nous qui gardons les commandements, ce sont eux qui nous gardent ».

        En réalité ce texte est souvent appelé le Décalogue et pour les juifs il s’agit bien de 10 Paroles. D’ailleurs je pourrais vous demander de récapituler et de compter sur vos doigts les 10 paroles ! Vous y êtes ? [silence] On commence souvent par « tu ne tueras pas, tu ne voleras pas… ». En réalité on est déjà aux cinquième et sixième Paroles. On oublie très souvent que les 4 premières Paroles nous parlent de Dieu, Un Dieu unique, et du respect qui lui est dû. Le quatrième étant « Honore ton Père et ta Mère » et ensuite viennent les autres. C’est plutôt un ensemble de préceptes pour reconnaitre la place de Dieu, créateur de toutes chose et Maître de la Vie, de nos parents, qui sont les instruments de Dieu pour nous transmettre la vie, c’est d’ailleurs le pivot de ce Décalogue, et ensuite du respect de la vie : ne pas tuer, mais ne pas détruire la vie de son prochain, en le volant ou en brisant son couple, en le calomniant… Dans la tradition juive, au départ il y a 613 commandements. Mais cette même tradition reconnait que les prophètes ont essayé d’en extraire le sens profond. Un peu comme la question posée à Jésus par un scribe : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » (Mat 22,36-40). Je vous passe la totalité du raisonnement qui aboutit au prophète Michée qui les réduit à trois : « ce que le Seigneur réclame de toi : rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité, et t’appliquer à marcher avec ton Dieu. « (Michée 6, 8) Et même Amos qui les réduit à un: « Car ainsi parle l'Éternel à la maison d'Israël :  Cherchez moi, et vous vivrez »   (Amos 5:4)

        Car ce Dieu qui nous accompagne est « Le Seigneur [qui]est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour » Pas un gardien rigoriste et légaliste : c’est souvent le reproche que Jésus fait aux scribes et aux pharisiens : « Vous filtrez le moucheron, et vous avalez le chameau ! » (Mat 23, 24).
Et pourtant en entrant dans le Temple, Jésus semble très intraitable (vous remarquerez que l’on n’emploie pas le mot de colère !)
« Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour »
Dieu peut-il se mettre en colère ? Oui, lorsqu’il n’a plus d’autres moyens pour nous faire comprendre son amour, il peut utiliser un marteau-piqueur pour briser la carapace de béton dans laquelle nous nous sommes enfermés.
Pourtant ces marchands étaient là pour que chacun puisse honorer Dieu par le sacrifice qui correspondait au droit, venir présenter son enfant, comme ce fut fait pour Jésus lui-même. De même pour les changeurs qui permettaient aux pèlerins qui venaient d’autres pays d’être fidèles aux prescriptions de la loi.
Mais l’esprit de la Loi dans tout ça ?
Les commerçants avaient débordé jusque dans le Temple, le lieu de rencontre avec Dieu. Comme si à Lourdes les boutiques étaient dans les basiliques…
« Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. »
Une relation d’amour ne se monnaye pas ou alors cela change de nom !
« Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice. » (Mat 9, 13)
Rappelez-vous les Paroles de Michée :« ce que le Seigneur réclame de toi : rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité, et t’appliquer à marcher avec ton Dieu. » (Michée 6, 8)
Pour notre marche vers Pâques, cela nous éclaire : ce chemin de justice et de fidélité nous fait changer de regard sur le monde qui nous entoure. Sur le passage par la Croix à laquelle nous sommes appelés.
Pour nous désencombrer : « Enlevez cela d’ici. » Pour que nous puissions atteindre le cœur de Dieu, libérés.
Alors on peut se poser simplement la question : qu’est ce qui encombre notre cœur ? qu’est ce qui encombre notre regard ? La loi, comme pour les pharisiens ? l’argent comme pour les changeurs ?
L’invitation à aller faire un tour dans le désert tient toujours il reste encore du temps : « Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut. »(2Cor 6, 2)
Allons, Jésus nous attend pour entrer avec Lui dans un Temple qui soit vraiment un lieu de rencontre avec Dieu : notre propre cœur.


Philippe ARRIVE, diacre permanent.
La Haye Fouassière et Vertou
3 et 4 mars 2018 Mars 2018   


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