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3° dimanche de Carême

        Peut-être, chers frères et sœurs, que comme moi, vous avez encore été surpris, on ne s’y fait pas,  par cette image fort inhabituelle de Jésus avec un fouet à la main. Et pourtant il faut constater que c’est un événement important dans la vie de Jésus puisque les quatre évangélistes le rapportent dont Saint Jean dont nous avons entendu le récit.
        Mais que veut dire Jésus aux gens de son époque qui se pressent au Temple ?
        Il parait pourtant naturel que là où il faut offrir des animaux en sacrifice, il y ait des vendeurs pour les fournir d’autant que si on les transportait, ils pouvaient se blesser et devenir impropres au sacrifice. Même Marie et Joseph lors de la Présentation de Jésus au Temple avaient sans doute dû acheter les deux petites colombes alors offertes. Et puis des changeurs il en fallait bien puisque la monnaie impie, à l’effigie de César, ne pouvait avoir cours dans l’enceinte sacrée, cela aurait été un sacrilège.
L’apôtre nous précise bien que cela se passe alors que la Pâque juive était proche. D’où l’afflux de la population pour célébrer ce mémorial de la victoire libératrice du peuple d’Israël par Dieu alors qu’il était retenu en Egypte, comme l’évoquait notre première lecture. Et si Jésus est là c’est que comme tout Juif exemplaire il monte à Jérusalem à cette occasion, car le Temple est le centre de la cérémonie juive.

        Le Pape Benoit XVI qui a beaucoup approfondi cet événement explique que : “dans la structure du Temple, le très vaste parvis des Gentils, où la scène se déroule est l’espace ouvert, qui invite tout le monde à prier le Dieu Unique». Lieu de prière.
        Nous avons là un début d’explication, car Jésus connaît bien sûr la vision d’Isaïe qui fait dire à Dieu “je suis rassasié de vos holocaustes de béliers et de graisse de veaux. N’apportez plus vos offrandes inutiles. Recherchez plutôt le droit et la justice“. Contestation accentuée encore par le prophète Amos : “le sacrifice de vos bêtes grasses, dit Dieu, je ne les regarde plus... Mais que le droit coule comme l’eau et la justice comme un torrent qui ne tarit pas“.
        Ainsi Jésus dénonce par son action ce que reprochaient ces grands prophètes et montre bien que ces présences marchandes étaient une grave entrave à la rencontre du Seigneur dans le Temple. Car au Temple trop d’intermédiaires voulaient servir à la fois Dieu et Mammon :la réponse de Jésus est claire :“enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la Maison de mon Père une maison de commerce“.
        Les autorités du Temple, apparemment, ne contestent pas directement la démarche de  Jésus mais l’interrogent sur le pourquoi de son geste car Jésus utilise là une formule qui les interpelle en parlant de “la maison de mon Père“.
        De quel droit dit-il cela ? Et lui de répondre, d’une manière incompréhensible pour eux “détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai“.
Car avec Jésus le Christ tout a changé. Ce n’est plus dans un Temple de pierre que vous viendrez adorer, mais “en esprit et en vérité “comme il l’a dit à la Samaritaine, car Jésus est pour nous le Temple de la Nouvelle Alliance, c’est par Lui et en Lui que nous avons accès auprès du Père et que le Père vient au devant de nous.
Ainsi, ce Temple rien ni personne ne pourrait et ne pourra le détruire et Dieu le Père l’a signifié solennellement au monde en ressuscitant son Fils le troisième jour. C’est ce signe que relève Saint Jean : “aussi quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela, ils crurent à l’Ecriture et à la Parole que Jésus avait dite“.

        On comprend bien alors ce que Paul dit aux Corinthiens dans notre deuxième lecture : “ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes“.
        Désormais le lieu de la rencontre de l’homme avec Dieu ce n’est plus un lieu, c’est Quelqu’un, Jésus, le Christ.  C’est lui qui nous nourrit par sa Parole et son Corps à jamais donné. Sommes-nous vraiment prêts à l’approcher dans notre vie de chaque jour ?

    Le prédicateur de Maison Pontificale, le Père Raniero Cantalamessa dans sa première prédication de Carême propose une maxime de sagesse pour interroger notre manière de penser et donc d’avancer dans la foi.

“Surveille tes pensées car elles deviendront des mots.
Surveille tes mots car ils deviendront des actes.
Surveille tes actes car ils deviendront des habitudes.
Surveille tes habitudes car elles deviendront ton caractère.
Surveille ton caractère car il sera ton destin.“

        C’est donc dans tout notre être que nous sommes appelés à évoluer en discernant ce qui est du monde et ce à quoi nous invite la foi.
        En ce dimanche, les catéchumènes de notre paroisse, après avoir vécu leur appel décisif avec nos évêques il y a quinze jours, vont vivre aujourd’hui la dernière démarche, dite des scrutins (dans le sens de se laisser scruter, regarder par Dieu) avant leur baptême dans la nuit de Pâques. Qu’avec eux nous nous laissions regarder en profondeur par le Seigneur.
        Que, comme pour eux, ce Carême soit pour nous un temps de rapprochement vers Dieu, vers ses dons de l’Esprit Saint, vers un vécu selon les fruits de ce même Esprit. Mais cependant ne nous laissons pas envahir  par l’inquiétude. Entendons ce conseil de bon sens  du Saint Curé d’Ars ; “ll n’y a pas deux manières de servir notre Seigneur, il n’y en a qu’une, bien accomplir ce que nous devons faire en toutes circonstances“.
        Qu’il en soit ainsi pour chacune et chacun d’entre nous.

(sources diverses)

Georges Renoux
Diacre Permanent
Basilique du Sacré Cœur de Marseille
Le 4 mars 2018


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