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3° dimanche de Carême


Nous voici presque arrivés à mi-chemin de notre montée vers Pâques. Rappelons-nous l’appel très fort qui nous a été adressé le 1er dimanche de Carême : « Les temps sont accomplis. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. »  « Se convertir », au sens littéral du terme, c’est le contraire de rester replié sur soi-même, c’est "se tourner vers", vers Dieu et vers nos frères. Dans les trois lectures de ce jour, le Seigneur nous demande de l’accueillir et de lui redonner toute sa place dans notre vie et d’être attentifs à nos frères. Etre attentif à l'autre, c’est désirer pour lui ou pour elle le bien, sous tous ses aspects : physique, moral et spirituel.
La première lecture tirée du livre de l’Exode nous invite à redécouvrir les dix paroles de vie – que nous appelons « les dix commandements » - données par Dieu à Moïse, sur le mont Sinaï. Trois nous éclairent dans notre relation à Dieu et les sept autres dans notre attitude envers nous-mêmes et envers nos frères. Pour bien vivre avec Dieu, il faut bien vivre avec nos frères. Dans notre monde bouleversé par tant de haine, de violences et de guerres, il est urgent de remettre ces repères en valeur. Comment pouvons-nous dire que nous aimons Dieu si nous n’aimons pas nos frères ? C’est en chassant de notre vie tout ce qui est rancune, critique négative et toute forme de méchanceté que nous apprendrons à vivre en vrais disciples du Christ.
Dans sa lettre aux Corinthiens, l’apôtre Paul nous dit jusqu’où va l’amour de Dieu pour nous : « Nous proclamons un Messie crucifié. » Pour les juifs, c’était un scandale, pour les peuples païens comme les habitants de Corinthe, c’était de la folie. Mais « ce qui est folie aux yeux des hommes, nous dit Saint Paul, est sagesse de Dieu. » Nous chantons parfois à l’église : « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même. » Pensons-nous alors à la parole de Jésus : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ? »
L’attitude et les paroles de Jésus dans l’évangile de ce jour  nous appellent aussi à nous convertir, c’est-à-dire à nous tourner vers Dieu et vers nos frères 
En arrivant au Temple de Jérusalem pour la Pâque, Jésus est scandalisé par ce qu’il voit : des marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et des changeurs installés dans le Temple. Ulcéré, il les chasse tous du Temple en leur disant : « Ne faites pas de la maison de mon Père, une maison de trafic. » Pourtant, ce que Jésus découvre n’est pas nouveau. Depuis que le Temple a été reconstruit, de nombreux marchands d’animaux sont présents sur l’esplanade de ce Temple pour que les pèlerins puissent acheter des animaux pour les offrir en sacrifice. La présence des marchands semble donc indispensable pour que le culte puisse exister. Lorsque Joseph et Marie ont acheté deux petites colombes pour présenter Jésus au temple, ils ont eu besoin d’un marchand. Egalement, puisque du temps de Jésus, la population juive est sous occupation romaine, pour payer les offrandes, il faut échanger la monnaie romaine frappée à l’effigie de l’empereur, contre la monnaie juive.
Ce que Jésus rejette, ce n'est pas le commerce en lui-même. Il s'attaque à quelque chose de bien plus grave que cela. Jésus ne veut pas que le Temple soit un lieu qui détourne de Dieu. Il veut amener ses auditeurs à la conversion et à la réflexion, à revenir à l’essentiel, c’est-à-dire à se tourner résolument vers Dieu et à accepter son message d’amour pour tous les hommes. Il y a, bien sûr, les offrandes dont on ne peut pas nier l’importance comme geste religieux mais dont on peut aussi mesurer les risques de déviance si le commerce l’emporte sur la piété.
Je suis tenté de faire une petite comparaison avec ce que j’ai ressenti la première fois que je suis allé à Lourdes. Lorsque j’ai vu tout ce commerce dans la ville et même à proximité du sanctuaire, j’ai vraiment été choqué et j’ai pensé que je n’y reviendrais plus jamais en ce lieu. Il faut dire que j’y étais venu, au cours de vacances, plutôt en touriste qu’en pèlerin. Heureusement, j’ai changé d’avis et je vis la situation tout à fait différemment depuis que j’y retourne, chaque année, dans le cadre du pèlerinage diocésain, pour être au service des malades. Ces profondes rencontres avec des personnes malades ou handicapées ainsi que les célébrations vécues en commun nous rapprochent plus de Dieu que tous les objets de piété, de plus ou moins bon goût, que nous proposent les magasins.
Certes, Jésus ne veut pas que la maison de Dieu, son Père, devienne une maison de trafic mais son message va beaucoup plus loin. Il nous révèle qu’il est lui-même la maison de son Père. Lorsqu’on lui demande pourquoi il agit ainsi, il répond : Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. Saint Jean explique : Le Temple dont il parlait, c’était son corps. Le vrai Temple, lieu de la présence de Dieu, Jésus lui-même mort et ressuscité.
Allons plus loin. A la jeune chrétienté de Corinthe vivant des risques de divisions, l’apôtre Paul n’hésite pas à affirmer : « Vous êtes le Corps du Christ. » et il insiste sur la nécessité d’être unis, comme le sont tous les membres d’un même corps. Le Concile Vatican II, dans le décret « Ad Gentes » sur l’activité missionnaire de l’Eglise, précise que le dessein de Dieu est « que le genre humain tout entier constitue un seul Peuple de Dieu, se rassemble dans le Corps unique du Christ, soit construit en un seul temple du Saint Esprit ».
Comprenons bien, les chrétiens ne sont pas les seuls appelés à constituer le peuple de Dieu. Il n’y a que 2 milliards de chrétiens sur la planète, dont un peu plus d’1 milliard de catholiques sur les 7 milliards d’habitants. Etre chrétien, c’est bien sûr une grâce, un bonheur, mais c’est aussi une responsabilité. Ecoutons ce qu’écrit notre Pape Benoit XVI dans son message pour le Carême 2012 : « Le grand commandement de l'amour du prochain exige … d'être conscients d'avoir une responsabilité envers celui qui, comme moi, est une créature et un enfant de Dieu : le fait d'être frères en humanité et, dans bien des cas, aussi dans la foi, doit nous amener à voir dans l'autre un véritable alter ego, aimé infiniment par le Seigneur. » fin de citation.
 C’est bien le sens de la démarche « diaconia 2013, Servons la fraternité » dans laquelle nous sommes entrés. Elle nous invite à être particulièrement attentifs à nos frères en souffrance, à reconnaître nos limites, nos faiblesses mais aussi à nous émerveiller de tout acte de solidarité, de fraternité dont nous sommes témoins ou acteurs. Poursuivons notre montée vers Pâques, le regard fixé sur Jésus et vers nos frères.

André Roul, diacre permanent.
11/03/2012

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