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Dn 12, 1-3 ; Ps15, 5.8, 9-10, 1b.11 ; He 10, 11-14 ; Mc 13, 24-32
« En ces jours-là, après une grande détresse, le soleil s’obscurcira et
la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, et
les puissances célestes seront ébranlées. »
« En ce temps-là se lèvera Michel, le chef des anges, celui qui se
tient auprès des fils de ton peuple. Car ce sera un temps de détresse
comme il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent, »
Le langage apocalyptique. C’est ce genre littéraire qu’utilisent le prophète Daniel et l’Evangéliste St Marc.
Apocalypse cela veut il dire fin du monde comme le pense beaucoup de
nos contemporains ? Pas du tout ! Le verbe grec qui en est l’origine
veut dire lever le voile, dévoiler.
Pourtant les phrases que nous venons d’entendre ont de quoi faire peur.
Ce style littéraire était courant à l’époque de Jésus (et déjà un peu
avant, avec le prophète Daniel mais aussi Joël, et continuera avec St
Jean). Toutes ces phrases sont codées, imagées. Et nous avons un peu
perdu le code pour les déchiffrer.
A toutes les époques il y a eu des catastrophes, des épidémies, des guerres. Tout cela avait de quoi affoler les populations.
Bien souvent le peuple juif et plus tard les chrétiens ont soufferts,
de persécution. A l’époque de Daniel, c’était le successeur d’Alexandre
le grand, Antiochus Epiphane (ce qui veut dire « Dieu manifesté », il
était un peu mégalo !) qui interdit le culte juif. Mais les premiers
chrétiens à qui s’adresse St Marc, vivent aussi une période de
persécution.
Alors comment recevoir ces paroles à nos oreilles du 21eme siècle ?
Jésus n’essaye pas de nous effrayer en parlant de fin du monde, en
étant catastrophiste, comme nous le sommes parfois en regardant notre
monde.
En réalité le message est plutôt un encouragement. Encouragement
individuel car chacun peut avoir à vivre des temps de détresse : une
maladie, un deuil, un licenciement, une séparation. Mais un
encouragement envers le peuple des croyants, car nous voyons bien que
dans notre société, les repères sont brouillés, ce qui était mal
devient légal, que la règle est celle que je me fixe à moi-même en
oubliant parfois le bien des autres, et dans certaines régions du
monde, la haine de la Foi chrétienne est quotidienne, etc…
C’est un encouragement car Jésus nous dit : tout cela passera mais moi
je suis toujours avec vous. « Dans le monde, vous avez à souffrir, mais
courage ! Moi, je suis vainqueur du monde ! » (Jn 16, 33)
Oui Seigneur, nous avons confiance en toi, mais ce que nous voyons tous
les jours est surprenant, pour le moins. Mais Toi nous ne te voyons pas.
L’apocalypse au cinéma est souvent un spectacle de météorites tombant
du ciel, de cataclysmes extraordinaires. Mais de quoi nous parle Jésus
: des bourgeons du figuier.
Un bourgeon, quelque chose d’insignifiant, de très discret mais qui
porte en lui toutes les promesses d’un fruit savoureux, mais pas pour
tout de suite.
Nous sommes en Automne, les feuilles tombent, la météo est moins
clémente, de la pluie, du vent, de froid. Un temps moins agréable, les
douleurs se réveillent, et chacun attend le retour des beaux jours.
Mais si l’on regarde bien, dès que les feuilles des arbres sont
tombées, les bourgeons sont déjà présents. Les arbres dénudés donnent
l’impression que tout est mort. Mais la vie est présente dans les
bourgeons qui donneront des feuilles, des fleurs, des fruits lorsque le
temps sera venu.
C’est un peu poétique, mais dans notre vie quotidienne, où sont ils les
bourgeons. En lisant le journal le matin, où les voyons-nous ?
Si je reste au chaud dans ma chambre, je ne verrais pas le tout petit
bourgeon qui se prépare, à l’extrémité de la branche, dehors !
Il faut sortir de chez soi, du dedans de soi, et risquer de sortir.
Sortir pour voir tous les signes qui nous montrent que tout n’est pas
mort. La générosité des étudiants qui préparent et servent une soupe
chaude, à la gare de Nantes, à tous ceux qui vivent dans la rue. Toutes
les petites initiatives prises pendant les différents confinements pour
ne pas reprendre la vie d’avant.
Attention à ne pas espérer un grand chamboulement, un sauveur providentiel comme avant chaque élection.
Mais plutôt exprimer notre espérance par des petits gestes quotidiens,
un sourire, un geste de partage, un élan du cœur qui nous fait prier
pour telle personne que nous ne connaissons pas mais qui semble en
peine. C’est aujourd’hui la journée des pauvres voulue par le pape
François. Comment regardons-nous les plus pauvres de notre société ?
Est-ce que nous les regardons comme le Christ les regarde ?
Le bourgeon du figuier peut être l’amour que nous mettons dans des actions tout à fait ordinaires.
Et faire confiance au Seigneur qui nous aime.
La croissance du bourgeon se fait par un processus invisible à nos yeux
et réellement merveilleux. Comme le développement d’un enfant dans le
sein de sa mère.
Comme le grain de blé qui germe ou le levain dans la farine pour reprendre des images données par Jésus.
Jésus nous aime : « je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du
monde » (Math 28, 20) nous dit-il. Tous les jours, à chaque instant.
Alors tournons nous vers lui si nous trouvons que le ciel s’obscurcit,
si nous ne voyons pas de solution à notre détresse, Jésus est passé par
là aussi, acceptons de prendre sa main et de regarder tous les
bourgeons, toutes les petites graines d’amour que nous n’avions pas
vues et qui nous disent que la Vie, par Jésus, aura le dernier mot.
N'ayez pas peur, « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Philippe ARRIVE, diacre permanent
14 Novembre 2021
N-D de Lumière - Nantes
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