Année B
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Dn 12, 1-3 ; Ps15, 5.8, 9-10, 1b.11 ; He 10, 11-14 ; Mc 13, 24-32
« Quand le figuier reverdit »
L’évangile de ce jour commence par ces mots : « Jésus parlait à ses
disciples de sa venue. » Il faut avouer que le contexte de cette
annonce n’est pas très engageant : les étoiles qui tombent, les
puissances célestes ébranlées ! Bien sûr, on comprend qu’il s’agit là
d’un langage imagé. Et heureusement que l’allusion au figuier qui
verdit apporte une note plus apaisante.
Cela veut certainement nous dire quelque chose. Alors quoi ?
• Pourquoi un tel contexte ?
• Que faut-il entendre par « sa » venue ?
• Quels signes nous sont donnés ?
• Tout d’abord ce contexte à consonances catastrophiques :
On y a lu comme l’annonce de la fin du monde ! C’est vrai, l’histoire
s’arrêtera, sans doute un jour, et le monde connaîtra une fin, ou mieux
un achèvement. Mais, laissons aux adeptes de Nostradamus ou aux
décrypteurs du calendrier Maya, le plaisir de nous annoncer la fin du
monde ; ne cédons pas à la peur de météorites dévastatrices. Il s’agit
ici de bien autre chose.
Lorsque les disciples de Jésus vivent le drame de la passion, c’est
comme un vrai cataclysme qui s’abat sur eux. Heureusement, comme le
figuier reverdit, le Christ ressuscité accompagne leur premiers pas
d’Eglise.
Lorsque les premiers lecteurs de Marc relisent ces propos de Jésus, ils
vivent un véritable cataclysme : d’un côté, la communauté chrétienne de
Rome est persécutée ; d’un autre côté, les légions romaines ont détruit
Jérusalem. Heureusement, comme le figuier reverdit, c’est dans ce chaos
que peu à peu se dessine les lueurs d’un renouveau.
Le prophète Daniel avait déjà utilisé ce langage apocalyptique pour
annoncer, au cœur de la détresse des persécutions, le salut de tout le
peuple. (Dn 12, 1).
• « Jésus parlait à ses disciples de sa venue ». Que faut-il entendre par sa venue ?
Il est vrai que cela demeure mystérieux. Mais, peut-être pas tant que cela. Réfléchissons.
Il ne viendra à personne d’imaginer la venue de Jésus, tel un nouveau Noël !
Par ailleurs, l’imagerie s’est emparée de cette idée du retour de Jésus
d’une manière grandiose : un être qui apparaît dans l’espace, tout
auréolé de lumière, dominant une terre chaotique d’où surgissent des
rescapés d’un cataclysme. Nous sommes là dans l’imagerie, sans doute
nécessaire pour y accrocher la pensée, mais, propre à nous faire évader
dans le virtuel, l’irréel.
Et si, au lieu d’en rester aux images, nous puisions dans les propos de
Jésus, tels que les évangiles nous les rapportent ? Alors peut-être que
sa venue nous apparaîtrait moins mystérieuse ?
Jésus a annoncé la venue du Royaume de Dieu. Dans ses paraboles, il l’a
annoncé comme un levain qui gonfle la pâte, comme la graine qui germe
lentement, comme un festin où la table est mise pour tout le monde. Il
en a confié la tâche à ses disciples lors de son ascension. Il leur a
dit aussi que tout ce qu’ils feraient au plus petits des siens, c’est à
lui qu’ils le feraient !
Ainsi, la venue de Jésus se réalise dans cette croissance du Royaume de
Dieu, c’est-à-dire, dans tout acte qui incarne l’amour et la tendresse
de Dieu pour chacun, dans toute parole qui ouvre les esprits et les
cœurs à la lumière de Dieu.
Oui, Jésus vient et sa présence grandit jusqu’au jour où le Royaume
aura atteint sa plénitude. Quand ? Comme Jésus le dit lui-même : «
quant au jour et à l’heure, nul ne les connaît, seulement le Père » (Jn
13, 32).
• Quels signes nous sont donnés ?
Ne cherchons pas du côté des cataclysmes cosmiques. Mais plutôt,
recherchons dans les lignes de fracture de nos sociétés l’annonce d’un
renouveau : c’est là que le figuier reverdit.
De nos jours, nous parlons de fracture sociale, sorte de cataclysme
pour les plus pauvres, les laissés pour compte. En ce jour, notre
attention est attirée par le Secours Catholique. Dans son rapport
annuel il tire la sonnette d’alarme : le nombre de personnes au-dessous
du seuil de pauvreté ne cesse d’augmenter !
Mais au cœur de ce drame, le figuier reverdit : ce sont ces hommes et
ces femmes qui se donnent à leurs frères souffrants. Avec le Secours
Catholique, ce sont, aussi, les diverses associations ou les personnes
individuelles qui œuvrent dans le même sens. Et je ne peux pas toutes
les nommer ici. Chacun, chacune est figure du Christ se penchant sur le
lépreux, l’aveugle, le muet, la veuve. Oui, le figuier reverdit.
D’ailleurs, en écrivant le livre des « fragilités » et celui des «
merveilles » dans le cadre de Diaconia, vous en avez fait cette lecture.
De nos jours, des peuples souffrent de malnutrition, tandis que
d’énormes sociétés pillent leurs ressources. D’autres sont ravagés par
des épidémies, sans avoir les moyens de se soigner. Véritable
cataclysme humanitaire. C’est alors que des hommes, des femmes
consacrent des années de leur vie à leur porter secours ; d’autres les
aident financièrement. N’y voyez-vous pas le figuier qui reverdit ?
Je vous laisse le soin de poursuivre cette lecture des événements
proches ou à l’échelle mondiale, pour découvrir, au milieu des cassures
de notre société, au milieu des drames de notre humanité, le
figuier qui reverdit, signe de la venue du Christ.
Que le Christ, auquel nous allons communier en cette eucharistie, nous aide à hâter sa venue.
Amen
Georges AILLET, prêtre
le 18 novembre 2012.
Paroisse Ste Anne - St Clair, NANTES
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