32° dimanche ordinaire

Année B

Frères et sœurs,
En préparant cette homélie je me suis trouvé confronté à un dilemme :
En effet, la Parole qui nous est adressée aujourd’hui est d’une admirable clarté et nous interpelle de façon très explicite au travers de l’attitude des pauvres veuves dans le premier comme dans le second Testament… aussi je me suis demandé ce que j’allais bien pouvoir ajouter pour votre compréhension… au risque de paraître à vos yeux comme les scribes dont Jésus appelle à se méfier dans la première partie de l’Evangile… !
Il est parfois des dimanches où l’interprétation de la Parole nécessite de la resituer dans un contexte historique ou bien d’éclairer le sens et la relation entre les différents passages proposés ou bien encore d’illustrer par des exemples actuels comment Elle est toujours vivante … ; et bien aujourd’hui j’ai choisi de faire court (pour une fois…).
Parce qu’à la différence des scribes, même si comme eux j’ai revêtu la robe solennelle, je ne suis pas ici pour vous donner des leçons sur la manière d’être charitable ni pour vous livrer une multitude d’exemples que j’aurais recherché (ailleurs que dans ma propre vie), sans doutes remarquables mais peut-être inaccessibles et forcément impersonnels.
En revanche, je suis convaincu que nous tous ici réunis nous conservons en mémoire une multitude d’expériences vécues où nous nous sommes trouvés personnellement dans la situation de la veuve de Sarepta ou de la veuve que Jésus admire dans l’évangile .
C’est pourquoi je préfère offrir ces quelques minutes, là maintenant, pour permettre à chacun et chacune d’entre nous de plonger au plus profond de soi-même afin de mettre en lumière comment dans nos vies quotidiennes, nous nous sommes trouvés en situation de vivre l’expérience de l’une et l’autre des deux pauvres veuves ; comment à leur manière, nous avons su partager ce qui nous est donné avec ceux qui n'ont pas ; ce peut être notre argent, mais aussi notre temps, notre disponibilité, notre affection, nos divers talents….
Prenons ces quelques instants, avec le Seigneur, en plénitude avec nous-mêmes (…3 mn…)
Et maintenant, Jésus lui-même nous invite dans l’eucharistie que nous allons célébrer, à offrir en partage toutes les expériences que nous venons de nous remémorer, chacun dans son intimité et tous ensemble collectivement dans une même prière. Et Lui, nous ayant déjà nourri de sa Parole, va nous donner le Pain de la Vie et la coupe du Salut, qui nous rappellent :
•    qu’Il est celui qui a tout donné, jusqu'au bout « après s’être offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude » comme nous l’avons lu dans la lettre aux Hébreux ;
•    et qu’il continue à se donner à chacun, comme le pain de la veuve de Sarepta qui la nourrit, elle, le prophète et son fils, pour l’éternité.
Prions-le pour qu'Il nous donne la force de ces deux pauvres veuves : la force d’une foi agissante, une foi qui a des mains et du coeur.
C’est exactement ce à quoi les Evêques français réunis à Lourdes cette semaine invitent les chrétiens : à avoir une foi agissante, à s'engager dans la société. Je cite les propos de Mgr André Vingt Trois dans son discours inaugural :
•    à propos de la crise économique : « nous appelons les chrétiens à exercer pleinement leurs responsabilités de citoyens dans tous les domaines de la vie économique et politique pour contribuer à construire une société plus juste » ;
•    à propos des migrations : « le fait d'être en situation irrégulière ne fait pas perdre ses droits élémentaires à quelque personne que ce soit ». Et il ajoutait : « nous voulons dire notre admiration et notre soutien aux chrétiens qui se mettent au service de leurs frères déplacés ».
En cette période de crise, soyons particulièrement attentifs aux plus fragiles, à tous ceux qu’elle touche de plein fouet, aux plus démunis.
Que dimanche prochain, nous sachions une nouvelle fois nous tourner vers Jésus au cours de l’eucharistie en lui disant : « Seigneur, voici les deux piécettes que Tu m’as permis d’offrir au cours de cette semaine… »
Amen.

8 et 9 novembre 2009
Patrick Javanaud (avec la complicité de l’Esprit-Saint)

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