Année B
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retour vers l'accueil32° dimanche du Temps Ordinaire
Quand Dieu envoie Élie, son
prophète, vers Serepta pour le sauver d'Acab, un roi injuste et
néfaste, il ne l'envoie pas vers les plus riches mais vers cette pauvre
veuve en charge de famille qui n'a pratiquement plus rien pour
subsister. Une mesure d'huile, une mesure de farine tout juste de quoi
faire 3 galettes et d'attendre la mort. Cette veuve comme Élie est dans
le dénuement. Elle va tout de même lui offrir la galette qu'il lui
réclame. La pauvre donne au pauvre ! Elle la lui donne en pensant que
tout est fini. Un don total qui va jusqu'au bout. En offrant ce petit
pain c'est sa vie misérable et celle de son fils qu'elle met en
balance. Au bout de tout, c'est dans le partage qu'ils se rejoignent.
C'est alors que tout s'inverse non seulement la nourriture ne manquera
plus mais cela lui donnera de vivre jusqu'à ce que son fils mort lui
soit rendu et que la pluie revienne nourrir la terre. La compassion l'a
guidée, l'Esprit va les sauver...
Dans l'évangile Jésus s'extasie
du geste pourtant dérisoire de cette veuve. Elle aussi donne tout. Deux
piécettes…une galette…Qu'est-ce donc pour une personne? Mais tout est
donné en pleine confiance. La veuve du temple c'est sa foi qui la
conduit à donner tout ce qui lui reste pour entretenir le Temple,
honorer ce lieu de la rencontre avec son Dieu. Elle se confie
totalement à Dieu le protecteur, le sauveur, celui qui protège le
pauvre et la veuve.
Actes de foi, actes de confiance… qui font toute la valeur de la vie.
Ne nous trompons pas, ce qui fait la valeur de nos vies ce ne sont pas
les premières places à l'église, dans la société, dans les entreprises
ou ailleurs, ce qui fait la valeur de nos vies… c'est le don, fruit de
l'amour ! Un don désintéressé, guidé uniquement par l'amour. L'amour de
l'autre, l'amour de Dieu, l'amour que nous partageons avec tous nos
frères…
Quand Dieu vient au monde, ce
n'est pas pour convertir mais pour faire confiance, toute confiance à
l'homme. Du fond de son étable ce n'est-il pas le plus vulnérable ?
Entouré de ses apôtres, pêcheurs, zélotes, publicains n'est-il pas le
plus vilipendé pour être le condamné ! Oui, le Christ a donné sa vie en
confiance totale dans l'amour qu'il partage avec son père pour que tout
ceux qui lui sont confiés soit sauvés et vivent de sa vie!
Une femme qui donne, de bon cœur, une galette pour que vive un prophète en sachant que la fin est proche…
Une femme qui puise dans son essentiel pour que son Dieu soit toujours honoré…
Un homme qui donne sa vie, son
seul bien, pour que ses frères sachent que l'amour reste le plus fort…
Trois personnes qui nous
interpellent chacune par l'absolu de leur choix et qui résonnent dans
notre quotidien. Comment je vis ma foi, ma fraternité et cette
confiance en ce Dieu de l'Alliance qui est Père et qui aime ? Dois-je,
à mon tour, donner tout aux pauvres qui mendient à ma porte jusqu’à
être, moi aussi, dans l'indigence ? Dois-je distribuer les toute ma
fortune pour que vive mon Église mais que mes proches, ceux dont j'ai
la charge, soient dans le besoin ? Dois-je donner de ma vie et de mon
temps, tout mon temps, à des associations caritatives en laissant mes
enfants ou mes parents isolés, abandonnés ?
Saint-Paul dans sa réponse aux
corinthiens peut nous aider: "J’aurais beau distribuer toute ma fortune
aux affamés, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. Je ne suis
qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante! J’aurais beau me
faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien." Dieu
ne me demande pas d'être un autre mais d'être vrai. Il ne regarde pas
que le geste et l'intension brute mais la source de mes actes et la
manière de les poser. Tout par amour, certes, mais pas au détriment de
ceux dont j'ai la charge. Mon acte d'amour pour l'autre doit aussi se
vivre en famille, en voisinage, dans le quotidien de ma vie…
Ce n'est pas une question que je
peux simplement résoudre par une réponse d'impulsion, par un
raisonnement mathématique ou matérialiste. Oui, ma sensibilité, ma foi,
ma compassion, ma fraternité me poussent à aider, à me faire proche, à
me rendre disponible, mais cet acte dicté par l'amour ne doit léser
personne. Ni oublier, ni renier, ni abandonner ! Ma première réponse
serait de me tourner, d'abord, vers la vraie source de l'amour et m'en
nourrir. Porter ces questions, ces élans du cœur, ces ébauches de
réponse, dans la prière. Me laisser guider par l'Esprit Saint pour
trouver ma façon, toute personnelle et pleinement amoureuse, de
répondre à l'urgence de la vie, aux besoins des hommes et à ceux de la
création.
Prendre du temps pour discerner
dans la prière, seul ou à plusieurs, pour ne pas se tromper de cible,
aveuglé parfois pas tant de souffrance humaine ou par les douleurs de
la création. Oser prendre du temps avec d'autres, chrétiens ou non,
pour, comme notre pape, trouver des chemins de conversion pour œuvrer
pour un monde plus humain. Pour que le dialogue entre ce que je veux et
ce que je peux s'ouvre entièrement à l'Esprit qui m'habite et lui
laisser toute la liberté pour me guider sur des questions complexes :
Comment découvrir et me délester
du superflu, piocher dans mon nécessaire, sans pour autant perdre toute
limite ? Et si je n'ai rien : trouver comment répondre…que puis-je
alors donner ? Du temps, de ma personne ? Savoir ce dont je peux me
défaire : argent, objet, temps, pour être plus disponible, plus ouvert,
prêt à donner sans hésitation sans injustice et répondre à ma
fraternité. …Donner, oui donner mais par amour et rejoindre, ainsi,
ceux qui m'ont précédé et qui sont déjà dans le cœur de Dieu.
Patrick DOUEZ, diacre permanent
8 novembre 2015
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