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retour vers l'accueil32° dimanche ordinaire
Les
textes de ce dimanche sont d'une brûlante actualité. Si du temps de
Jésus les pauvres, les indigents appartenaient à la population des
orphelins, des veuves et des étrangers, aujourd'hui ce sont toutes les
personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté évalué entre 800
et 900 € par mois. On estime qu'elle représente 13,4 % de la population
française, soit environ 8 millions d'habitants. La plupart sont
normalement concernées par le revenu de solidarité active (R.S.A.)
Ces réalités traduisent aussi les profondes inégalités qui caractérisent aussi notre société :
- 10 % des ménages français reçoivent 3 % du revenu total des ménages.
- 10 % des riches reçoivent 23 % des revenus.
Devant ces inégalités criantes nous pouvons tirer quatre enseignements des textes entendus ce jour.
Le
premier enseignement, c'est celui du regard de Jésus, toute son
humanité se manifeste par cette attention à tous ces hommes et ces
femmes qui se pressent dans le temple, mais surtout son attention à
cette veuve qui vient tout donner ce qu'elle possède.
Devant
cet évangile, quelle est notre réaction, il nous dérange, ils nous
agace, il nous laisse bien tranquilles avec un petit haussement
d’épaules ?
Dans notre société d'abondance, quel est notre
regard, quelle est notre attitude envers certaines personnes en
fonction de leur race, leur milieu social, leur profession, leur
pauvreté ?
Le deuxième enseignement nous pouvons le tirer
de l'attitude de la veuve de Sarepta. Elle nous enseigne le partage.
Alors qu'il ne lui reste presque plus rien, elle partage ses dernières
ressources avec le prophète Élie en qui elle reconnaît un homme de Dieu
.
De la même manière, nous sommes appelés à partager ce que nous
avons avec ceux qui n'ont pas. Ce peut être notre argent, mais aussi
notre temps, notre disponibilité, notre affection, nos divers talents. .
Nous
entrons dans la période de collecte du Secours Catholique, l'éditorial
du père Régis en a largement fait écho dans le dernier bulletin
paroissial. Au-delà de notre générosité financière, quel regard
allons nous porter sur ceux qui sont aidés et sur les bénévoles engagés
dans l'accompagnement d'urgence, l'accompagnement scolaire,
l'alphabétisation, le groupe de convivialité. ?
Le
troisième enseignement nous pouvons le tirer de l'attitude des deux
veuves. Elles nous invitent à avoir une foi agissante, une foi qui a
des mains et du coeur. Elles ne se contentent pas de croire en Dieu,
elles posent des gestes d'amour, des gestes simples, mais ô combien
grandioses, car elles donnent tout ce qu'elles ont.
Les Evêques
français réunis à Lourdes cette semaine viennent d'inviter les
chrétiens à avoir une foi agissante, à s'engager dans la société. Mgr
André Vingt Trois a tenu dans son discours inaugural les propos
suivants :
A propos de la crise économique : « nous appelons les
chrétiens à exercer pleinement leurs responsabilités de citoyens dans
tous les domaines de la vie économique et politique pour contribuer à
construire une société plus juste »
À propos des
migrations : « le fait d'être en situation irrégulière ne fait pas
perdre ses droits élémentaires à quelque personne que ce soit ».
Et
il ajoutait : « nous voulons dire notre admiration et notre soutien aux
chrétiens qui se mettent au service de leurs frères déplacés ».
L'église
de France se veut donc attentive aux plus fragiles, tous ceux qui sont
touchés de plein fouet par la crise, les agriculteurs, les
viticulteurs, les personnes qui perdent leur emploi ou qui voient leur
temps de travail réduit et donc leur revenu régresser.
Comment allons-nous répondre à cet appel ?
Le
quatrième enseignement nous pouvons aussi le tirer de l'attitude des
deux veuves. Elles nous enseignent l'humilité dans nos dons. Elles ne
crient pas sur la place publique le don qu'elles font, contrairement
aux riches qui donnent de fortes sommes. Elles le font dans le silence
et le secret.
Nous sommes nous aussi appelés à ne pas nous
enorgueillir de nos actes de charité, à ne pas les crier sur les toits,
mais à donner dans l'humilité et le secret.
Enfin, à l'image de
Jésus nous sommes invitées à apprendre à écouter, à aimer, ceux qui
sont dans le besoin et à accepter qu'ils nous donnent de leur pauvreté.
Car il ne suffit pas de donner, il importe aussi de recevoir.
N'oublions pas cette phrase de Saint-Vincent-de-Paul : « heureusement
pour les pauvres, qu’il y a les pauvres, car eux savent donner »
En
célébrant l'Eucharistie, nous nous tournons vers la croix du Christ
mort et ressuscité. Il est celui qui a tout donné, jusqu'au bout. Et il
continue à se donner à chacun. Prions-le pour qu'il nous donne la force
de ces deux pauvres veuves. Que Jésus nous apprenne à voir comme lui, à
ne pas nous arrêter aux apparences, si belles soient-elles, mais à
découvrir la beauté cachée au fond du coeur de chacun de nos frères.
Jean-Pierre BIRAUD, diacre permanent
08/11/09
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