Année B
Sommaire année B
retour vers l'accueil32° dimanche du Temps Ordinaire
1R 17, 10-16 ; Ps 145 (146) ; Hé 9, 24-28 ; Mc 12, 38-44
Voilà deux courriers que j’ai reçus cette semaine. Ce sont des appels
aux dons. Comme chaque année à cette période, de nombreuses
associations font appel à notre générosité. Pour nous inciter à donner,
beaucoup nous rappellent que nos dons peuvent ouvrir droit à des
déductions fiscales. Le don perd alors une partie de son caractère
gratuit et désintéressé mais il nous permet de donner davantage.
Aujourd’hui, la Parole de Dieu nous parle aussi du don, sous
différentes formes. Pourtant, curieusement, le verbe « donner » n’est
prononcé qu’une seule fois dans les quatre textes que nous propose la
liturgie. Dans ces textes, on trouve plusieurs types de donateurs. Il y
a « le grand-prêtre qui, tous les ans, entrait dans le sanctuaire en
offrant un sang qui n’était pas le sien » ; il y a beaucoup de riches
qui ne manquent de rien, donnent de grosses sommes mais ne se privent
de rien. Il y a aussi deux femmes pauvres, qui manquent de presque
tout, ne demandent rien et donnent tout ce qu’elles ont. Et puis, à
travers les paroles du psaume et de la lettre aux Hébreux, on découvre
surtout les dons gratuits de Dieu qui se fait proche des hommes.
Dans le premier livre des Rois, nous avons entendu la rencontre de
trois pauvres : le prophète Elie, un exilé qui fuit sa terre natale,
une femme qui a perdu son mari et un orphelin qui ne connaît pas son
père : trois personnes qui souffrent d’un manque. Persécuté dans son
propre pays, Elie se retrouve dans la ville de Sarepta, en terre
étrangère, où il se fait mendiant, c’est-à-dire réduit à demander de
quoi boire et manger à une païenne inconnue. Cette femme de Sarepta
accorde sa confiance à l’homme de Dieu qui lui dit : « N’aie pas peur !
». Elle accepte de partager le peu dont elle dispose. Son acte de foi
lui ouvre les largesses de Dieu et pendant longtemps, le prophète,
elle-même et son fils eurent à manger.
Bien plus tard, à Jérusalem, une pauvre veuve s’avance dans le temple.
Sans savoir que Jésus était là pour observer la foule, elle glisse deux
petites pièces de monnaie dans le tronc du Trésor. C’est un don bien
modeste. Mais, pour ses disciples, Jésus commente ce qu’il a observé. A
ses yeux, « cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les
autres ».
Si ces deux veuves, l’étrangère et la juive, la païenne et la croyante,
sont citées en exemple, c’est parce que leur don est discret et
gratuit. Elles n’attendent rien en retour, ni remerciements, ni
reconnaissance sociale. Leurs offrandes prennent une valeur infinie aux
yeux de Dieu parce qu’elles sont faites sans calcul. C’est la lecture
que Jésus lui-même en fait auprès de ses disciples.
Si le don gratuit se rend visible dans les paroles et les attitudes des
deux veuves et du grand-prêtre, il est d’abord une définition de la
nature même de Dieu. Ce don peut prendre des formes multiples. Il
suffit de relire le psaume du jour : Aux affamés, le Seigneur donne le
pain… - c’est là qu’on trouve le verbe « donner » - mais il donne aussi
la fidélité, la justice, la liberté, la vie… autant de cadeaux accordés
largement à ceux qui veulent bien les accepter.
En Jésus, le don gratuit est celui de Dieu qui se fait homme. Certes,
son offrande n’est pas d’ordre matériel ou financier. Jésus se fait
pauvre et serviteur des pauvres. Il ne donne pas. Mais il se donne tout
entier ! Il se donne tout entier sur les routes de Palestine et sur la
croix… pour la gloire de son Père et pour le salut du monde. Depuis sa
résurrection, à chaque eucharistie il nous partage son corps et nous
donne sa vie.
Alors, tous ces dons que nous rapporte aujourd’hui la Parole de Dieu
nous questionnent sur notre manière de vivre le partage. Comme les
riches ou la veuve du temple, nous pouvons apporter une contribution
financière. Comme la veuve de Sarepta, nous pouvons nous mettre au
service de ceux qui sont dans le besoin. Comme le Christ attentif à
tous ceux qu’il rencontre, nous pouvons prendre du temps pour
accueillir, écouter, accepter et accompagner… non seulement nos
proches, mais aussi les personnes en souffrance que Dieu place sur
notre chemin. Nous pouvons nous engager dans une association de
solidarité… Les besoins et les manques sont nombreux. Dans sa première
lettre aux chrétiens, l’apôtre Pierre avait déjà écrit : « Ce que
chacun d’entre vous a reçu comme don de la grâce, mettez-le au service
des autres. Si quelqu’un a le don de parler, qu’il dise la parole de
Dieu ; s’il a le don du service, qu’il s’en acquitte avec la force que
Dieu communique. » Alors sommes-nous prêts à identifier nos richesses,
à reconnaître qu’elles sont un cadeau que nous avons reçu et que nous
pouvons offrir ?
Hubert PLOQUIN, diacre permanent
Le 7 novembre 2021
Paroisse Saint Léger et Sainte Bernadette d’Orvault
Sommaire année B
retour vers l'accueil