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(Mc 12,38-44)
Les "hedge funds", la charité et la veuve qui donne son nécessaire au Temple


Peut être vous souvenez vous de ce passage des Actes des Apôtres, lorsqu’un boiteux, voyant  Pierre et  Jean qui s'apprêtaient à entrer dans le temple, leur demanda une aumône. Pierre lui dit alors : «Je n'ai ni or ni argent, mais ce que j'ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ de Nazareth, lève-toi, et marche !»" (Ac. 3, 3-6)

L’autre matin, en préparant cette homélie, j’écoutais à la radio une émission sur les élections aux Etats-Unis qui parlait des nouvelles pauvretés et des richesses extraordinaires de certains.

David Tepper, ça vous dit quelque chose ? Ce gérant d’un fond spéculatif, a gagné, tenez-vous bien, 4 milliards de dollars en 2009. Après le passage de Sandy en Haïti, le gouvernement peinait à établir une évaluation des dégâts causés par l'ouragan dans un pays qui n’a pas refermé les plaies du tremblement de terre dévastateur de 2010. Une première estimation dans le secteur agricole fait état de 100 millions de dollars de pertes, 40 fois moins que les gains annuels de M. Tepper.

Notre monde est indécent, notre monde est obscène et permet à un George Soros, que vous ne connaissez pas, il est l'inventeur d’un certain type de fonds d’investissement très peu règlementé et spéculatif (hedge funds),  de gagner 3,5 milliards de dollars par an, à un James Simons  de ramasser dans sa bourse 2,5 milliards, autant pour un certain John Paulson. Le point commun de ces individus, mise à part cette répugnante fortune ? Ils s’essaient à la charité en redistribuant une partie leurs revenus à toutes sortes d'associations, ou pour la recherche médicale. Certains ont même rejoint la campagne lancée par Warren Buffet, l’homme le plus riche du monde qui n’est qu’un financier spéculateur, et Bill Gates, propriétaire de Microsoft, dans le but de convaincre les plus grands milliardaires de la planète à léguer l'essentiel de leur fortune à des causes humanitaires.

Ces bonnes actions ne changent toutefois rien au fait que la rémunération de ces spéculateurs est parfaitement malhonnête pour le commun des mortel car ces richesses ne sont pas innocentes. Elles sont nourries des biens dévorés aux pauvres.

Je ne vous rappellerai pas les conditions de travail dans l’usine de l’un des sous-traitants chinois de Microsoft qui ont été dénoncés dans la presse : les ouvriers, parfois des adolescents, font des journées de travail de 12 à 15 heures pour un salaire de seulement 40 centimes d’euros l’heure, il leur est interdit d’aller aux toilettes ou de boire en dehors de leur pause de 10 minutes, et cette pause n’est pas payée.

Voilà : Saint Pierre et un spéculateur qui gagne en un an près de 30 millions de fois le SMIC, et des gens qui explosent de richesses et exposent qu’ils sont malgré tout bien généreux, et d’autres, en Haïti, en Amérique du sud et du nord, en Afrique, qui n’ont pas l’eau, pas de soins, jetés sur les routes ici par la misère, ici la guerre, la sécheresse, là par les banques. Bien sûr, nous avons tous envie de crier vers Dieu et de lui dire : « Père qu’as-tu fait de nous ? »

Et Jésus nous répond dans cet extrait de l’Evangile, il nous invite à le suivre dans l'enceinte du Temple, face à la salle du trésor.

Là beaucoup de gens riches font des offrandes en montrant à tous leur générosité. Et voici une pauvre veuve qui arrive. Elle dépose deux piécettes dans le tronc, tout ce qu'elle a pour vivre. L'homme ne voit que ce qui saute aux yeux. Comme dit Saint Luc, nous filtrons les moustiques et avalons le chameau.

Jésus Lui, voit la pauvreté, peut être peut on lire ce passage en y trouvant les accents du chagrin.

Nous ne saurons jamais rien de cette femme, rien de ses joies ni de ses épreuves, ni de ses difficultés Nous savons seulement ce que les commentaires savants nous disent sur les veuves du temps de Jésus : elles étaient parmi les plus pauvres du peuple; elles n'avaient rien,  elles étaient vouées à la mendicité et à la prostitution.

La principale différence entre l'obole de la veuve et les offrandes des autres n'est pas du tout la somme donnée mais le sens du don.
 
La veuve de l'Evangile, elle, ne fait pas semblant: c'est sa vie qu'elle donne puisqu'elle donne «tout ce qu'elle avait pour vivre ». En cela elle est figure du Christ, qui s'offre lui-même, qui offre aux hommes sa propre vie pour notre salut.

Elle ressemble à ces gens que nous côtoyons sans vraiment les voir : ceux qui ne font pas de bruit, qui se dévouent dans le silence et la discrétion.

Ils nous apprennent à ne pas nous laisser berner par le spectacle de leur charité et à préférer les simples gestes du service.

Il est aussi important de donner ce que nous sommes, que ce que nous avons : porter la communion et visiter les malades ou les personnes âgées, donner son temps à des associations, à des syndicats qui luttent pour la dignité et la place de l’homme ici et dans le monde, participer à la vie de la paroisse en offrant son temps, son talent : pour les fleurs, la propreté du lieu de notre prière, l’accueil au presbytère, les services au prêtre etc.

Alors posons-nous simplement la question : savons-nous payer de notre personne quand nous pensons remplir notre part de charité ?


Seigneur, pardonnes moi mes péchés, je ne t’ai pas aimé comme j’aurais du t’aimer, j’étais trop plein de moi-même, je n’avais pas compris que la vie, avec tous ses biens, ne nous appartient pas. C’est Toi Seigneur qui lui donne sa valeur et qui nous l’a confié pour un temps compté.



Gérald PRIVE
Paroisse Saint Thomas du DIAMANT



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