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A Sarepta, une femme en grande
pauvreté, veuve, se prépare à une mort prochaine inéluctable, avec son
fils. Mais lorsqu’un mendiant vient lui demander de lui cuire une
galette, elle qui n’a plus rien, elle va, et lui donne à manger tout ce
qui lui reste.
A Jérusalem, bien des siècles
plus tard, une autre veuve, pauvre elle aussi, se rend au temple et
fait une offrande malgré son indigence. Elle aussi donne tout ce
qu’elle a.
Qu’est-ce qui relie ces 2 femmes
? Toutes les deux sont dans une extrême pauvreté. Toutes les deux sont
veuves, et c’est même la cause première de leur pauvreté. Mais le lien
le plus fort entre ces deux pauvres veuves, c’est leur foi. Une foi
extraordinaire ! Elles nous montrent de manière édifiante que Dieu est
digne de foi, qu’on peut lui faire confiance.
Regardons de plus près cette foi qui anime ces deux femmes, au cœur de leur pauvreté.
Leur geste, ce don étonnant,
n’est pas le fruit de leur simple générosité. Elles n’ont pas vraiment
les moyens d’être généreuses. Non, plus que leur générosité, c’est
d’abord leur foi qui les fait agir ainsi. Leur foi, c’est-à-dire leur
confiance. Confiance en l’avenir, confiance en Dieu qui sauve. Leur
générosité qui nous apparaît n’en est que la conséquence.
La veuve de Sarepta a entendu un mendiant lui réclamer à manger, lui
promettant que si elle le fait, Dieu viendra la sauver, elle et son
fils. Comment croire une telle promesse ? Pourtant, elle y a cru. Sans
poser de question. Elle a donné le peu qui lui restait à un inconnu sur
la seule foi en cette promesse. Et la fin de ce passage du premier
livre des rois nous apprend que la promesse s’est bel et bien réalisée.
C’est aux versets 15 et 16 : « pendant
longtemps, le prophète, elle-même et son fils eurent à manger. Et
la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas,
ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Élie. » Une fois encore, on voit que Dieu n’oublie jamais ses promesses.
Oui, Dieu est digne de foi, on peut lui faire confiance.
La veuve du temple de Jérusalem, elle aussi, fait confiance à Dieu.
Elle vient prier au temple, et n’imagine pas ne pas donner son
offrande, malgré sa grande pauvreté. Elle ne se sent pas exonérée de
cette charge, comme elle pourrait raisonnablement l’être en raison de
sa situation. Elle donne parce qu’elle sait, dans la foi, que Dieu
n’abandonne pas les siens. Nous l’avons chanté dans le psaume 145 : «
Le Seigneur garde à jamais sa fidélité, il fait justice aux opprimés ;
aux affamés, il donne le pain ; […] il soutient la veuve et l’orphelin…
» Oui, Dieu est digne de foi, on peut lui faire confiance.
Cette pauvre veuve donne tout ce qu’elle a, signifiant qu’elle met sa
préférence en Dieu, représenté ici par le temple, au lieu de garder
pour elle le si peu qu’elle a.
Car Dieu est digne de foi, on peut lui faire confiance.
On pourrait s’en étonner, mais
cette conviction est à l’origine de la devise des Etats-Unis : « In God
we trust », « en Dieu nous avons confiance », « en Dieu nous avons foi
». Cette courte phrase est même écrite sur toutes les pièces de monnaie
et sur tous les billets américains. Pour autant, cette devise ne fait
pas de ceux qui la proclament un peuple de saints ! Cette affirmation
de foi, aussi forte soit-elle, a besoin, pour être crédible, d’être
suivie d’effets dans le concret. « Montre-moi donc ta foi qui n'agit pas ; moi, c'est par mes actes que je te montrerai ma foi. » écrira plus tard St Jacques.
Ces deux veuves nous montrent
justement par leurs actes leur foi agissante. La foi implique, induit,
produit le don. Le don est le fruit de la foi, pourrait-on dire. Leur
comportement, leur don, qui est donc un acte de foi, est à l’inverse de
celui que nous rencontrons le plus souvent : des personnes qui font
tellement peu confiance à Dieu qu’ils lui reprochent tous les malheurs
du monde. Ces deux veuves, elles qui auraient de quoi se plaindre de
leur sort, ne font aucun reproche à Dieu. Mais nous avons tous déjà
entendu, et peut-être même avons-nous dit ou pensé nous-mêmes, face à
une injustice ou une épreuve : « comment Dieu peut-il permettre ça
? Toutes ces guerres, les attentats, toutes ces victimes
innocentes… Comment Dieu peut-il permettre ça ? » A cette question, il
n’y a qu’une réponse : « mais lui a-t-on demandé la permission, à Dieu
? » Ceux qui déclarent les guerres, ceux qui font le mal, n’ont pas
demandé à Dieu son autorisation ! Dieu n’a pas eu à le permettre. Il
n’est pas une administration qui accorde ou refuse des autorisations.
Ce n’est pas ce Dieu-là auquel nous croyons, auquel nous avons foi. Le
Dieu à qui les deux veuves font une confiance inconditionnelle, jusqu’à
tout donner, est le Dieu de liberté. Ceux qui provoquent les guerres,
plus généralement ceux qui font le mal, n’agissent pas selon les
permissions accordées ou non par Dieu, nous le savons bien. Ils
agissent en faisant usage de leur liberté, ce don de Dieu si précieux.
Car Dieu crée l’homme libre. Libre d’agir pour le bien ou pour le mal,
de donner ou de prendre, de choisir la vie ou choisir la mort. La
liberté qu’il laisse à l’homme a un coût, parfois exorbitant quand
l’homme se coupe de Dieu et lui refuse sa confiance. Quand il s’éloigne
de la foi.
A propos de guerre, comment ne
pas évoquer le fait qu’aujourd’hui, nous commémorons la fin de la
première guerre mondiale. Il y a exactement cent ans, « à la onzième
heure du onzième jour du onzième mois », l’armistice était signée entre
des peuples qui se sont haïs, déchirés et entre-tués pendant de longues
années « Plus jamais ça ! » a-t-on dit ensuite, avant de recommencer à
peine vingt ans plus tard…
Ces guerres qui se répètent, ces malheurs immenses qu’elles engendrent,
ne sont-elles pas, justement, les preuves ultimes de nos manques de foi
? Ce manque de foi qui nous fait faire un si mauvais usage de notre
liberté ? Sans aller jusqu’à la guerre, mais en restant à notre petit
niveau, dans nos quotidiens, faisons-nous passer en premier notre foi
ou notre liberté ? Notre confiance en Dieu, ou nos propres intérêts ? «
Dieu, premier servi » comme disait jeanne d’Arc ?
A l’image de ces deux pauvres
veuves, qui n’ont rien à défendre, elles qui ne possèdent rien,
avons-nous assez de foi en Dieu pour nous abandonner totalement à sa
providence ? Comme elles, pouvons-nous faire nôtre cette devise : « in
God we trust » ?
Car oui, vraiment, Dieu est digne de foi, on peut lui faire confiance.
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent
Clisson, le 11 novembre 2018
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