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32° dimanche du Temps Ordinaire

        A Sarepta, une femme en grande pauvreté, veuve, se prépare à une mort prochaine inéluctable, avec son fils. Mais lorsqu’un mendiant vient lui demander de lui cuire une galette, elle qui n’a plus rien, elle va, et lui donne à manger tout ce qui lui reste.
        A Jérusalem, bien des siècles plus tard, une autre veuve, pauvre elle aussi, se rend au temple et fait une offrande malgré son indigence. Elle aussi donne tout ce qu’elle a.
        Qu’est-ce qui relie ces 2 femmes ? Toutes les deux sont dans une extrême pauvreté. Toutes les deux sont veuves, et c’est même la cause première de leur pauvreté. Mais le lien le plus fort entre ces deux pauvres veuves, c’est leur foi. Une foi extraordinaire ! Elles nous montrent de manière édifiante que Dieu est digne de foi, qu’on peut lui faire confiance.

        Regardons de plus près cette foi qui anime ces deux femmes, au cœur de leur pauvreté.

        Leur geste, ce don étonnant, n’est pas le fruit de leur simple générosité. Elles n’ont pas vraiment les moyens d’être généreuses. Non, plus que leur générosité, c’est d’abord leur foi qui les fait agir ainsi. Leur foi, c’est-à-dire leur confiance. Confiance en l’avenir, confiance en Dieu qui sauve. Leur générosité qui nous apparaît n’en est que la conséquence.
La veuve de Sarepta a entendu un mendiant lui réclamer à manger, lui promettant que si elle le fait, Dieu viendra la sauver, elle et son fils. Comment croire une telle promesse ? Pourtant, elle y a cru. Sans poser de question. Elle a donné le peu qui lui restait à un inconnu sur la seule foi en cette promesse. Et la fin de ce passage du premier livre des rois nous apprend que la promesse s’est bel et bien réalisée. C’est aux versets 15 et 16 : « pendant longtemps, le prophète, elle-même et son fils eurent à manger.  Et la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Élie. » Une fois encore, on voit que Dieu n’oublie jamais ses promesses.

        Oui, Dieu est digne de foi, on peut lui faire confiance.

La veuve du temple de Jérusalem, elle aussi, fait confiance à Dieu. Elle vient prier au temple, et n’imagine pas ne pas donner son offrande, malgré sa grande pauvreté. Elle ne se sent pas exonérée de cette charge, comme elle pourrait raisonnablement l’être en raison de sa situation. Elle donne parce qu’elle sait, dans la foi, que Dieu n’abandonne pas les siens. Nous l’avons chanté dans le psaume 145 : « Le Seigneur garde à jamais sa fidélité, il fait justice aux opprimés ; aux affamés, il donne le pain ; […] il soutient la veuve et l’orphelin… » Oui, Dieu est digne de foi, on peut lui faire confiance.
Cette pauvre veuve donne tout ce qu’elle a, signifiant qu’elle met sa préférence en Dieu, représenté ici par le temple, au lieu de garder pour elle le si peu qu’elle a.

        Car Dieu est digne de foi, on peut lui faire confiance.

        On pourrait s’en étonner, mais cette conviction est à l’origine de la devise des Etats-Unis : « In God we trust », « en Dieu nous avons confiance », « en Dieu nous avons foi ». Cette courte phrase est même écrite sur toutes les pièces de monnaie et sur tous les billets américains. Pour autant, cette devise ne fait pas de ceux qui la proclament un peuple de saints ! Cette affirmation de foi, aussi forte soit-elle, a besoin, pour être crédible, d’être suivie d’effets dans le concret. « Montre-moi donc ta foi qui n'agit pas ; moi, c'est par mes actes que je te montrerai ma foi. » écrira plus tard St Jacques. 

        Ces deux veuves nous montrent justement par leurs actes leur foi agissante. La foi implique, induit, produit le don. Le don est le fruit de la foi, pourrait-on dire. Leur comportement, leur don, qui est donc un acte de foi, est à l’inverse de celui que nous rencontrons le plus souvent : des personnes qui font tellement peu confiance à Dieu qu’ils lui reprochent tous les malheurs du monde. Ces deux veuves, elles qui auraient de quoi se plaindre de leur sort, ne font aucun reproche à Dieu. Mais nous avons tous déjà entendu, et peut-être même avons-nous dit ou pensé nous-mêmes, face à une injustice ou une épreuve : « comment Dieu peut-il permettre ça ?  Toutes ces guerres, les attentats, toutes ces victimes innocentes… Comment Dieu peut-il permettre ça ? » A cette question, il n’y a qu’une réponse : « mais lui a-t-on demandé la permission, à Dieu ? » Ceux qui déclarent les guerres, ceux qui font le mal, n’ont pas demandé à Dieu son autorisation ! Dieu n’a pas eu à le permettre. Il n’est pas une administration qui accorde ou refuse des autorisations. Ce n’est pas ce Dieu-là auquel nous croyons, auquel nous avons foi. Le Dieu à qui les deux veuves font une confiance inconditionnelle, jusqu’à tout donner, est le Dieu de liberté. Ceux qui provoquent les guerres, plus généralement ceux qui font le mal, n’agissent pas selon les permissions accordées ou non par Dieu, nous le savons bien. Ils agissent en faisant usage de leur liberté, ce don de Dieu si précieux. Car Dieu crée l’homme libre. Libre d’agir pour le bien ou pour le mal, de donner ou de prendre, de choisir la vie ou choisir la mort. La liberté qu’il laisse à l’homme a un coût, parfois exorbitant quand l’homme se coupe de Dieu et lui refuse sa confiance. Quand il s’éloigne de la foi.

        A propos de guerre, comment ne pas évoquer le fait qu’aujourd’hui, nous commémorons la fin de la première guerre mondiale. Il y a exactement cent ans, « à la onzième heure du onzième jour du onzième mois », l’armistice était signée entre des peuples qui se sont haïs, déchirés et entre-tués pendant de longues années « Plus jamais ça ! » a-t-on dit ensuite, avant de recommencer à peine vingt ans plus tard…
Ces guerres qui se répètent, ces malheurs immenses qu’elles engendrent, ne sont-elles pas, justement, les preuves ultimes de nos manques de foi ? Ce manque de foi qui nous fait faire un si mauvais usage de notre liberté ? Sans aller jusqu’à la guerre, mais en restant à notre petit niveau, dans nos quotidiens, faisons-nous passer en premier notre foi ou notre liberté ? Notre confiance en Dieu, ou nos propres intérêts ? « Dieu, premier servi » comme disait jeanne d’Arc ?

        A l’image de ces deux pauvres veuves, qui n’ont rien à défendre, elles qui ne possèdent rien, avons-nous assez de foi en Dieu pour nous abandonner totalement à sa providence ? Comme elles, pouvons-nous faire nôtre cette devise : « in God we trust » ?

        Car oui, vraiment, Dieu est digne de foi, on peut lui faire confiance.

        Amen !



Daniel BICHET, diacre permanent
Clisson, le 11 novembre 2018


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