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        Dimanche dernier nous avons entendu Jésus dire à Jacques et Jean, les fils de Zébédée: « Que voudriez-vous que je fasse pour vous ? » Et aujourd’hui il s’adresse à l’aveugle Bartimée : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Les réponses sont différentes. Alors si Jésus me pose la même question quelle sera ma réponse ?
        Pour nous aider je vous propose une réflexion sur la Foi et notre relation à Dieu.
 
        Quelle est la différence entre avoir un esprit religieux et avoir la Foi (sous entendu la Foi au Christ) ?
        "L'homme est le seul des animaux à croire à des dieux." disait Socrate ( -470 à -399)
        Mais déjà bien avant cela l’être humain avait reconnu sa petitesse devant l’univers. Alors il s’adressait à des dieux, leur offrant au besoin des sacrifices pour se voir accorder leurs protections pour sa famille, ses affaires, etc. Mais si cela s’avérait nécessaire il lui demandait aussi de détruire les obstacles à sa réussite, y compris humains.
        Et la Foi entre-t-elle dans cet état d’esprit ? N’est ce pas plutôt une démarche inverse ? Reconnaître que Dieu a pris l’initiative de me proposer son amour, par grâce, pour que je lui rende grâce en vivant en communion avec ceux qui m’entourent ? Alors cette démarche de Foi va certainement avoir une influence sur tous les aspects de ma vie concrète ; ce n’est pas seulement un effort intellectuel. Si je me sais reconnu par Dieu : savoir que je suis aimé, sauvé, inconditionnellement, va m’amener à essayer de répondre du mieux possible à cet amour.
Je vous propose un schéma, une logique :

        Dieu vient, c’est Lui qui vient vers nous, mais pas directement , sauf du temps de Jésus, car comme nous le dit St Jean, « Dieu, personne ne l’a jamais vu » (Jean 1, 18) donc nous avons besoin d’intermédiaire, de médiation, puis il faut recevoir une initiation qui nous invite à une conversion qui aboutit à une transformation pour mieux entrer en communion avec Dieu et mes frères.
        D’une certaine manière je trouve que c’est exactement ce qui se passe avec le récit de l’Evangile que nous venons d’entendre.

        Tout d’abord où sommes nous ? A Jéricho la ville la plus basse du monde, sur le rivage de la mer morte, à 240 m sous le niveau de la mer Méditerranée. Et Jésus remonte vers Jérusalem, Ville sainte où Dieu est présent dans le Temple. Jérusalem qui se trouve en altitude, à 800 m environ.
        Jésus, Dieu est descendu (c’est vraiment le moment de le dire) chez les hommes. Et la foule qui l’entoure a un fort sentiment religieux (ils ont voulu le faire roi, nous a redit l’évangile de Jean(6,15) Mais cette foule est tellement versatile qu’elle participera à son exécution dans quelques jours. Que se passe t il alors : un aveugle appelle : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! » D’habitude c’est Jésus qui demande à ses disciples de ne pas dévoiler ce qu’ils ont découvert : qu’il est l’Envoyé, le Messie, le Fils de David, aujourd’hui ce temps est dépassé : Jésus monte  pour la dernière fois vers Jérusalem ; et là c’est la foule qui essaye de le faire taire Bartimée. Alors  Jésus décide de l’appeler, d’intervenir lui-même ; et c’est là qu’apparaissent les premières médiations :
        -  Jésus, lui-même envoyé de Dieu,
        -  puis les disciples qui suivaient Jésus, mais pour nous aujourd’hui, ce pourrait être une personne de la paroisse, de l’aumônerie ou nos parents, des amis qui nous interpellent. Par ces intermédiaires nous allons recevoir une initiation :
        - le Baptême, la Confirmation ou l’Eucharistie ; des portes pour entrer dans le chemin avec Dieu : « Confiance, lève-toi ; il t'appelle. »
        Tout cela va m’inviter à une conversion :
        - L’aveugle qui était toute la journée immobile, à mendier, tout d’un coup « jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. » Les dés sont jetés : il plonge dans la confiance : il n’a encore rien demandé, rien calculé. « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! » Cette expression s’emploie pour  une demande d’aumône ou de prière. Et devant Jésus ce n’est pas lui qui demande c’est Jésus, c’est Dieu lui-même qui offre : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? — Rabbouni, que je voie. » Bartimée, aveugle, isolé du monde, se voit invité à se livrer complètement, à dire le désir profond de son cœur. « Rabbouni, que je voie. » Et au moment où Jésus lui dit « Va, ta foi t'a sauvé. » vient la transformation : « Aussitôt l'homme se mit à voir, et il suivait Jésus sur la route. » Une transformation miraculeuse : il a retrouvé la vue, et une transformation de toute sa vie : d’immobile il se met en marche pour suivre Jésus. Avec les autres disciples, vers les hommes qu’il n’avait jamais vus, qu’il n’avait jamais pu voir ! Une lecture spirituelle nous dirait que tant que nous ne disons pas à Jésus le désir profond de notre cœur nous restons aveugles à tout ce que Dieu a prévu pour nous.

« Que veux-tu que je fasse pour toi ?»
Alors que nous pensons souvent en nous-mêmes : que puis- je faire pour « plaire » à Dieu.
« Que veux-tu que je fasse pour toi ?»
C’est Jésus qui vient nous rejoindre dans nos cécités.
« Que veux-tu que je fasse pour toi ?»
C’est Jésus qui se fait notre serviteur.
Le dernier à qui Jésus a posé cette question c’est le bon larron, crucifié au coté de Jésus : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. »
Jésus lui répondit : « Amen, je te le déclare : aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
Alors ce soir quelle peut être ma réponse lorsque Jésus me dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ?»

Philippe ARRIVE, diacre permanent.

Nantes, église St Nicolas
28 Octobre 2012

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