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2ème dimanche du Temps Ordinaire


1S3, 3b-10.19 / Ps 39 / 1Co 6, 13c-15a.17-20


Dieu appelle ! Dieu nous appelle ! Aujourd’hui comme hier, Dieu ne cesse de nous appeler. Dans la première lecture, Dieu appelle un petit enfant, Samuel. Et il ne se lasse pas de l’appeler, jusqu’à ce que Samuel comprenne de qui vient cet appel pressant. C’était il y a 3000 ans. Aujourd’hui encore, Dieu nous appelle. Pas plus qu’hier, mais pas moins. La vraie cause de la déchristianisation de notre société n’est pas l’absence d’un appel de la part de Dieu, comme on pourrait le croire, mais l’absence de notre réponse.
Alors, si Dieu appelle toujours, pourquoi si peu de réponses parmi nous ?
La première lecture d’aujourd’hui, l’appel de Samuel, peut nous éclairer sur cette question.
Quand Dieu l’appelle cette nuit-là, Samuel répond aussitôt. Mais il ne sait pas que c’est Dieu qui l’a appelé. Il se dirige donc vers le prêtre Eli, puisqu’il est seul avec lui. Qui d’autre qu’Eli pourrait l’avoir appelé ?
Ce n’est que la troisième fois, après qu’Eli ait initié Samuel à la Présence de Dieu, que Samuel comprend que l’appel vient bien de Dieu. Et lorsque Dieu l’appelle à nouveau, il répond tout de suite « Parle, ton serviteur écoute ! » Samuel n’a pas trouvé Dieu tout seul. Il a fallu que Dieu se révèle à lui, par l’intermédiaire d’un autre. Et la conséquence, c’est que Samuel deviendra un grand prophète, un grand écouteur de Dieu. C’est lui qui permettra, à la fin de sa vie, de transmettre l’appel de Dieu à un jeune berger, David, pour qu’il devienne le roi de son peuple.
Ainsi en est-il pour nous. Il peut nous arriver de recevoir des appels, mais souvent, nous ne savons pas d’où ils viennent. Nous ne savons même pas qu’il s’agit d’un appel. Nous prenons des décisions, nous faisons des choix, nous posons des actes,  sans nous interroger sur le déclic qui nous a fait agir. Nous mettons ça sur le compte de notre propre imagination, de notre intuition, ou de notre « ressenti » comme on dit : « Je le fais comme je le sens ! » C’est souvent ainsi que nous tentons d’expliquer ce qui nous pousse à accomplir tel ou tel acte. Nous croyons sincèrement que c’est notre propre perception des choses, nos propres sentiments qui sont le moteur de notre action. On citera plus rarement notre conscience. On y va « au feeling » ! Et on se contente bien souvent de cette explication, qui en plus présente l’avantage de flatter notre orgueil.
Mais si on creuse un peu, si on tente d’expliquer un peu plus en profondeur ce qu’il y a derrière ce « feeling », on peut découvrir que, peut-être, l’appel de Dieu n’y est pas totalement étranger.
Mais voilà, comme Samuel, nous ne connaissons pas suffisamment Dieu pour l’identifier comme celui qui nous appelle. Il a fallu que le prêtre Eli, qui était son maître, lui révèle la présence de Dieu, qui il est, et comment répondre à son appel : « Parle Seigneur, ton serviteur écoute ! »
Or, aujourd’hui, où est-il, ce prêtre Eli ? En regardant autour de nous, il n’y a aujourd’hui plus grand monde pour initier nos contemporains. Depuis quelques décennies maintenant, la présence de l’Église, la proximité de chrétiens se fait plus discrète, plus rare, quand elle n’est pas simplement inexistante pour un grand nombre de personnes qui n’ont jamais entendu parler de notre Dieu…

Environ dix siècles après Samuel, l’évangile de ce dimanche nous raconte un autre appel, celui des tout premiers disciples de Jésus. Au début, tout comme Samuel, ils ne savent pas non-plus qui les appelle. Ils sont simplement disciples de Jean Baptiste, et c’est lui-même qui leur désigne Jésus comme celui qu’ils doivent suivre désormais. Mais ils ignorent encore tout de Jésus. Ils n’ont pas de réponse à la question de Jésus : « Que cherchez-vous  ? »
Ils se mettent donc en route pour aller au-devant de Jésus. C’est alors seulement que Jésus leur dit « venez et voyez ». Alors, après l’avoir accompagné, après l’avoir un peu fréquenté, ils acquièrent la certitude d’avoir trouvé en Jésus le Messie qu’ils attendaient. Nous le voyons, il a fallu qu’ils soient initiés, eux aussi, d’abord par Jean-Baptiste, puis par Jésus lui-même, pour ensuite le suivre en connaissance de cause.
C’est dire l’importance de l’initiation, dans nos vies chrétiennes hier comme aujourd’hui. Si l’appel est fondamental et ne dépend que de Dieu, la réponse de nos contemporains ne pourra se faire que dans la connaissance de Dieu. Ce qu’on appelle la « crise des vocations » n’est qu’une conséquence de notre difficulté à communiquer notre foi à ceux qui nous entourent, à commencer par nos proches, et plus encore aux plus jeunes. S’ils ne sont pas initiés, s’ils ne connaissent pas Dieu, comment pourraient-ils discerner l’appel qu’ils reçoivent de lui ? Et comment connaîtraient-ils Dieu si nous ne leur en parlons pas ? Sans le prêtre Eli, pas de prophète Samuel. Et sans le prophète Samuel, pas de roi David !

Ces deux textes, l’appel de Samuel et l’appel des premiers disciples, ont un déroulement commun. Ces récits commencent tous les deux par une incertitude : le personnage principal reçoit un appel, et s’interroge : « qui est celui qui m’appelle ? » « Que cherchez-vous ? » Ensuite, d’autres personnages interviennent pour l’initier, pour l’introduire à la connaissance de Dieu. Et puis, tout au long du récit, à partir du doute, se construit pas à pas une certitude : l’appel vient de Dieu.
Cette certitude est attestée par Jésus lui-même : son premier contact avec le frère d’André, Simon, lui fait reconnaître en lui le rocher sur lequel il fondera son Église. C’est pourquoi il l’appelle ainsi : Kèphas, le rocher, le roc, la pierre. Il invente ce nouveau prénom qui signifie la confiance qu’il accorde à cet homme, cette confiance qui permettra à Pierre de remplir sa mission, jusqu’au prix de sa vie. La confiance. C’est le maître-mot de l’appel, et c’est le maître-mot de notre réponse.  C’est dans la confiance réciproque que s’enracine notre foi : le mot foi vient d’ailleurs de la même racine que confiance, qui a donné aussi le verbe « se fier », et le mot « fiancé ». Con-fiance !
Alors, frères et sœurs, fions-nous à Dieu ! Fions-nous à cet appel qu’il nous adresse inlassablement. Accordons-lui notre confiance, et laissons-le faire. A la suite de Samuel, levons-nous pour lui répondre à notre tour : « parle Seigneur, ton serviteur écoute ! »

Amen.

Daniel BICHET, diacre permanent
Eglise de Maisdon et de Clisson
17 janvier 2021


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