Année B
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2° dimanche ordinaire

Je dois vous avouer que j'ai longtemps été fasciné par cette scène que l'Evangile nous propose aujourd'hui. La 1ère rencontre de deux disciples avec Jésus: fasciné au point de les envier. Car cette scène est manifestement racontée par l'un des deux qui l'ont vécue. Et si St Jean nous dit que l'un des deux était André, il évite soigneusement de se nommer, mais il note un détail qui montre que le souvenir de cette rencontre est resté particulièrement vivace en lui: « C'était vers quatre heures du soir. » Comme dans un film, les souvenirs sont évoqués par flashes: - Jean désigne Jésus « Voici l'Agneau de Dieu. » - les disciples le suivent; - Jésus se retourne et leur demande: « Que cherchez-vous? »; question qui entraîne la question surprenante des disciples: « Rabbi, où demeures-tu? »; et l'invitation de Jésus: « Venez, et vous verrez. »
A partir de là, le récit change de rythme, et l'on peut supposer que cette rencontre s'est poursuivie tard dans la soirée car les verbes choisis par l'évangéliste s'inscrivent tous dans la durée: ils l'accompagnèrent, ce qui veut dire qu'ils l'ont suivi un bon moment, qu'ils ont fait un bout de route avec lui. En fait, ils vont le suivre toute leur vie. « Ils virent où il demeurait » J'imagine qu'ils ne se sont pas contentés de regarder sa maison et d'admirer sa décoration, mais qu'ils ont pris le temps de contempler leur hôte qui leur révélait une autre maison, celle de son Père, celle qui contient plusieurs demeures, celle où Jésus a promis de nous préparer une place.. Et St Jean ajoute qu'« ils restèrent avec lui ce jour-là. » Et là, la porte se referme; nous ne savons pas de quoi Jean et André ont pu parler avec Jésus ce soir-là. Mais ce que l'on sait, c'est que ce moment d'intimité avec le Seigneur a bouleversé leur existence. C'est comme s'ils avaient trouvé un trésor; mais alors que la réaction habituelle dans ces circonstances, c'est de garder le secret pour savourer seul la jouissance du trésor, Jean nous montre André qui court dire à son frère Simon: « Nous avons trouvé le Messie. », et dans la suite du texte, c'est Philippe qui, ayant entendu Jésus lui dire: « Suis-moi! », s'en va trouver Nathanaël pour lui faire part de sa rencontre. Tout se passe comme si ceux qui ont rencontré le Christ ne pouvaient plus se taire; ils sont poussés à en parler à leur entourage pour que chacun à son tour puisse le rencontrer.
Remarquez, je retrouve souvent cette même attitude chez les amoureux qui, dans les premiers temps, ont envie de crier au monde leur bonheur, et qui se souviennent longtemps des détails de cette première rencontre qui a transformé leur vie. Très souvent, lorsque les fiancés racontent cette première rencontre, ils commencent par parler de quelqu'un, ou d'un groupe qui leur a permis de se rencontrer. Et ces amis deviennent tout naturellement les témoins de leur mariage. C'est le rôle que joue Jean-Baptiste dans cette première rencontre entre les disciples et le Christ; c'est le rôle que joue le prêtre Eli dans la rencontre de Samuel avec le Seigneur. Je crois que nous pouvons tous reconnaître quelqu'un, dans notre histoire personnelle, qui nous a indiqué le Seigneur, quelqu'un qui nous a aidé à discerner notre vocation. Pour ma part, je me souviens de plusieurs   personnes qui ont joué ce  rôle de témoins de Dieu dans ma vie, et je suis convaincu qu'Il se révèle toujours dans la rencontre avec d'autres croyants. La lumière jaillit progressivement du dialogue avec d'autres croyants, car chacun avec sa sensibilité propre, avec son histoire, a été attentif à un aspect du visage de Dieu. A plusieurs, en Eglise, on peut donc mieux percevoir les différents aspects du  mystère d'amour que Dieu veut nous révéler, et mieux discerner ce à quoi Il nous appelle.
Puisque, dans le diocèse de Nantes, nous vivons l'année de l'appel, nous pouvons relever quelques points d'attention pour l'histoire des vocations à la vie sacerdotale et religieuse dans le récit de Samuel:
−    « Samuel couchait dans le temple » Quelle chance pour ce jeune garçon que sa mère Anne avait consacré au Seigneur. Il habitait la maison du Seigneur, le Temple où se trouvait l'arche de Dieu. C'est ainsi qu'il a pu entendre l'appel de Dieu. Comment aider ceux dont nous avons la charge à franchir les portes des sanctuaires pour se rapprocher du Seigneur? Comment leur faire découvrir la joie de demeurer près du Christ dans la prière? Peut-être que cette chance, les servants d'autel la partagent aujourd'hui.
−    « Une 3e fois, le Seigneur appela Samuel » Ce n'est pas au 1er appel que l'on reconnaît qui appelle. Souvent, on ressent une inclination à faire tel type d'activité, à suivre tel chemin, mais au fur et à mesure des évènements, l'appel se précise. Dieu parle par notre vie.
−    « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute » Comment écoutons-nous la Parole de Dieu? Si nous ne voulons pas confondre nos propres désirs avec la Volonté de Dieu, il nous faut sans cesse confronter nos projets avec sa Parole. Et puisque cette Parole s'est incarnée en Jésus, laissons-lui toute la place pour qu'il continue son action par nous.
−    « Le Seigneur était avec lui, et aucune de ses paroles ne demeura sans effet. » Si la Parole de Dieu est efficace en moi, elle l'est aussi dans mes frères. Il me faut donc tendre l'oreille à ce qu'il me dit par eux. 
           Ce qui se joue au niveau des rencontres inter-personnelles, ça se joue aussi dans les rencontres inter-communautaires, et même dans les rencontres inter-confessionnelles. Il peut être opportun de se le rappeler en entrant dans cette semaine de Prière pour l'Unité des Chrétiens. Chacune des confessions chrétiennes, orthodoxe, catholique et protestante, a quelque chose à apporter aux autres dans sa compréhension du mystère chrétien. Le théologien orthodoxe Olivier Clément parle du « rôle axial » de chaque église: l'église catholique développant l'axe historique, l'église orthodoxe étant davantage mystique, et l'église protestante, davantage prophétique. Mais ces trois dimensions de la vie de l'Eglise ne peuvent pas s'exclure l'une l'autre, et  on peut même dire qu'elles se fécondent mutuellement. Pour nous permettre de rencontrer des frères et soeurs d'autres confessions et de renforcer nos liens fraternels dans la prière, une veillée oecuménique se déroulera à St Brévin le mardi 27 janvier. Elle pourra peut-être déboucher sur des actions communes en faveur des plus démunis.
 Vous trouvez peut-être que l'Unité de l'Eglise ne se fait pas vite! C'est vrai, mais je trouve que depuis que nous pouvons nous rencontrer en frères, catholiques, protestants, et orthodoxes, l'Esprit Saint que nous avons tous reçus à notre Baptême nous convertit petit à petit en faisant tomber la méfiance que nous avions les uns envers les autres. Etre chrétien, c'est d'abord, comme André et Jean, chercher à rencontrer le  Christ et à mieux le connaître. Il est le frère ainé auquel nous sommes tous appelés à ressembler. Que se serait-il passé si, après leur première rencontre, au lieu de partager les merveilles qu'ils venaient de vivre, ils s'étaient disputés sur ce que chacun d'eux avait retenu de cette rencontre?



Le Clion, Ste Marie & Pornic
le 18 janvier 2009                                                                                                     
Jean-Jacques BOURGOIS, diacre permanent.


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