Année B
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retour vers l'accueil2ème dimanche du Temps Ordinaire
Contexte : Confirmation de deux adultes, couple engagé sur la paroisse.
la confirmation, plusieurs fois reportée en raison de la COVID 19, est administrée exceptionnellement par le curé de la paroisse.
1S3, 3b-10.19 / Ps 39 / 1Co 6, 13c-15a.17-20
Dieu appelle ! Dieu nous appelle ! Aujourd’hui comme hier, Dieu ne
cesse de nous appeler. Dans la première lecture, Dieu appelle un petit
enfant, Samuel. Et il ne se lasse pas de l’appeler, jusqu’à ce que
Samuel comprenne de qui vient cet appel pressant. C’était il y a 3000
ans. Aujourd’hui encore, Dieu nous appelle, par son Esprit Saint.
Delphine et Olivier, vous êtes ici ce matin pour nous le rappeler, vous
qui avez répondu à son appel. Oui, Dieu nous appelle. Pas plus qu’hier,
mais pas moins. La vraie cause de la déchristianisation de notre
société n’est pas l’absence d’un appel de la part de Dieu, comme on
pourrait le croire, mais l’absence de notre réponse.
Alors, si Dieu appelle toujours, pourquoi si peu de réponses parmi nous ?
La première lecture d’aujourd’hui, l’appel de Samuel, peut nous éclairer sur cette question.
Quand Dieu l’appelle cette nuit-là, Samuel répond aussitôt. Mais il ne
sait pas que c’est Dieu qui l’a appelé. Il se dirige donc vers le
prêtre Eli, puisqu’il est seul avec lui. Qui d’autre qu’Eli pourrait
l’avoir appelé ?
Ce n’est que la troisième fois, après qu’Eli ait initié Samuel à la
Présence de Dieu, que Samuel comprend que l’appel vient bien de Dieu.
Et lorsque Dieu l’appelle à nouveau, il répond tout de suite « Parle
Seigneur, ton serviteur écoute ! ». Samuel n’a pas trouvé Dieu tout
seul. Il a fallu que Dieu se révèle à lui, par l’intermédiaire d’un
autre. Et la conséquence, c’est que Samuel deviendra un grand prophète,
un grand écouteur de Dieu. C’est lui qui permettra, à la fin de sa vie,
de transmettre l’appel de Dieu à un jeune berger, David, pour qu’il
devienne le roi de son peuple, porté et guidé par l’Esprit Saint.
Ainsi en est-il pour nous. Il peut nous arriver de recevoir des appels,
mais souvent, nous ne savons pas d’où ils viennent. Nous ne savons même
pas qu’il s’agit d’un appel. L’Esprit Saint est si délicat dans ses
appels qu’on ne l’entend pas toujours ! Nous prenons des décisions,
nous faisons des choix, nous posons des actes, sans nous
interroger sur le déclic qui nous a fait agir. Nous mettons ça sur le
compte de notre propre imagination, de notre intuition, ou de notre «
ressenti » comme on dit : « Je le fais comme je le sens ! » C’est
souvent ainsi que nous tentons d’expliquer ce qui nous pousse à
accomplir tel ou tel acte. Nous croyons sincèrement que c’est notre
propre perception des choses, nos propres sentiments qui sont le moteur
de notre action. On évoquera plus rarement notre conscience. On y va «
au feeling » ! Et on se contente bien souvent de cette explication, qui
en plus présente l’avantage de flatter notre orgueil.
Mais si on creuse un peu, si on tente d’expliquer un peu plus en
profondeur ce qu’il y a derrière ce « feeling », on peut découvrir que,
peut-être, l’appel de Dieu n’y est pas totalement étranger.
Mais voilà, comme le jeune Samuel, nous ne connaissons pas suffisamment
Dieu pour l’identifier comme celui qui nous appelle. Il a fallu que le
prêtre Eli, qui était son maître, lui révèle la présence de Dieu, qui
il est, et comment répondre à son appel : « Parle Seigneur, ton
serviteur écoute ! »
Or, aujourd’hui, où est-il, ce prêtre Eli ? En regardant autour de
nous, il n’y a aujourd’hui plus grand monde pour initier nos
contemporains. Depuis quelques décennies maintenant, la présence de
l’Église, la proximité de chrétiens se fait plus discrète, plus rare,
quand elle n’est pas simplement inexistante pour un grand nombre de
personnes qui n’ont jamais entendu parler de notre Dieu…
Environ dix siècles après Samuel, l’évangile de ce dimanche nous
raconte un autre appel, celui des tout premiers disciples de Jésus. Au
début, tout comme Samuel, ils ne savent pas non-plus qui les appelle.
Ils sont simplement disciples de Jean Baptiste, et c’est lui-même qui
leur désigne Jésus comme celui qu’ils doivent suivre désormais. Mais
ils ignorent encore tout de Jésus. Ils n’ont pas de réponse à la
question de Jésus : « Que cherchez-vous ? »
Pourtant, à son invitation « venez et voyez », ils se mettent en route.
Puis, après l’avoir accompagné, après l’avoir un peu fréquenté, ils
acquièrent la certitude d’avoir trouvé en Jésus le Messie qu’ils
attendaient. Nous le voyons, il a fallu qu’ils soient initiés, eux
aussi, d’abord par Jean-Baptiste, puis par Jésus lui-même, pour ensuite
le suivre en connaissance de cause.
C’est dire l’importance de l’initiation, dans nos vies chrétiennes hier
comme aujourd’hui. Si l’appel est fondamental et ne dépend que de Dieu,
la réponse de nos contemporains ne pourra se faire que dans la
connaissance de Dieu. Ce qu’on appelle la « crise des vocations » n’est
qu’une conséquence de notre difficulté à communiquer notre foi à ceux
qui nous entourent, à commencer par nos proches, et plus encore aux
plus jeunes. S’ils ne sont pas initiés, s’ils ne connaissent pas Dieu,
comment pourraient-ils discerner l’appel qu’ils reçoivent de lui ? Et
comment connaîtraient-ils Dieu si nous ne leur en parlons pas ? Sans le
prêtre Eli, pas de prophète Samuel. Et sans le prophète Samuel, pas de
roi David !
C’est peut-être cette urgence de communiquer votre foi aux plus jeunes,
Delphine et Olivier, qui vous a aidés à répondre à l’appel de Dieu.
Depuis quelques années, vous accompagnez les enfants de notre paroisse
vers la profession de foi. Vous avez reçu cet appel de l’Esprit Saint,
et vous l’avez concrétisé dans votre engagement. Chemin faisant, tout
en accomplissant votre belle mission, vous avez entendu pour vous-mêmes
ce questionnement de Jésus : « Que cherchez-vous ? » C’est le même
Esprit Saint, le même appel qui vous a poussés à vous mettre en route
vers le sacrement de la confirmation. Et vous arrivez aujourd’hui à
cette étape importante où l’Esprit Saint va venir confirmer cet appel.
Votre cheminement, Delphine et Olivier, a suivi un itinéraire
progressif. Cette progression se retrouve aussi dans ces deux récits,
l’appel de Samuel et l’appel des premiers disciples. Tous les deux
commencent par une incertitude : le personnage principal reçoit un
appel, et s’interroge : « qui est celui qui m’appelle ? » Ensuite,
d’autres personnages interviennent pour l’initier, pour l’introduire à
la connaissance de Dieu. Et puis, tout au long du récit, à partir du
doute, se construit pas à pas une certitude : l’appel vient de Dieu.
Cette certitude est attestée par Jésus lui-même : son premier contact
avec le frère d’André, Simon, lui fait reconnaître en lui le rocher sur
lequel il fondera son Église. C’est pourquoi il l’appelle ainsi :
Kèphas, le rocher, le roc, la pierre. Il invente ce nouveau prénom qui
signifie la confiance qu’il accorde à cet homme, cette confiance qui
permettra à Pierre de remplir sa mission, jusqu’au prix de sa vie. La
confiance, c’est le maître-mot de l’appel, et c’est le maître-mot de
notre réponse. C’est dans la confiance réciproque que s’enracine
notre foi.
C’est donc la confiance – et aussi la patience ! – qui vous a amenés jusqu’à aujourd’hui, Delphine et Olivier.
À votre exemple, puissions-nous, nous aussi, être attentifs à l’appel
de Dieu pour répondre à notre tour : « parle Seigneur, ton serviteur
écoute ! »
Amen.
Daniel BICHET, diacre permanent
Notre-Dame de Clisson
17 janvier 2021
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