Année B
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retour vers l'accueil2° dimanche de carême
En
ce deuxième dimanche de carême, comme tous les ans, il nous est proposé
d’entendre ce texte qui raconte l’épisode de la transfiguration.
L’année dernière, c’était dans l’évangile de Matthieu, il y a deux ans,
dans celui de Luc, et cette année, c’est la version de Marc qui nous
est proposée. Ce qui est remarquable dans ces trois versions, c’est
qu’elles sont pratiquement identiques : le contexte, le décor, les
personnages, le déroulement, les dialogues. A quelques mots ou
tournures de phrases près, c’est le même scénario qui se déroule. C’est
assez rare de trouver, dans les trois évangiles que l’on appelle
synoptiques – Marc, Matthieu et Luc – un épisode raconté de manière
aussi proche, aussi semblable, avec autant de détails communs. Et si
les trois évangélistes, qui s’adressent chacun, dans un contexte
historique différent, à une communauté différente, et qui veulent lui
délivrer un message différent, ont choisi de parler de la même manière
de cet événement, c’est sans doute qu’il doit avoir une signification
d’une importance particulière. Alors, que veulent-ils donc nous dire,
ces évangélistes ? Quel est ce message si important, pour nous,
aujourd’hui ?
Il faut d’abord situer ce passage dans le
contexte : cet épisode intervient entre deux annonces faites par
Jésus de sa passion : il annonce à ses disciples qu’il doit être
arrêté, jugé, passer par la souffrance, être condamné et exécuté avant
de ressusciter le troisième jour. Annonce qu’à aucun moment, les
disciples ne vont comprendre. On a ici alternance d’images de déchéance
et de gloire. Deux facettes de ce Dieu à la fois si transcendant, si
inaccessible, si puissant, et aussi tellement humble et proche des
hommes qu’il va assumer la condition humaine jusqu’à la souffrance et
la mort.
Dans cet épisode de la transfiguration, Dieu se donne à
voir aux disciples de Jésus : la nuée, comme dans l’ancien
testament, c’est à la fois le signe de la présence de Dieu, et à la
fois le voile qui empêche de le voir complètement. On retrouve ici
cette nuée qui les couvre de son ombre, et de laquelle une voix se fait
entendre, comme au baptême de Jésus : « Celui-ci est mon Fils
bien-aimé, écoutez-le ». Mais avant de voir et d’entendre cette
manifestation de Dieu, les disciples voient Moïse et Elie. Qui sont ces
personnages ? Moïse, c’est celui à qui Dieu s’est manifesté sur
une autre montagne, l’Horeb, dans le feu d’un buisson qui ne se
consumait pas. Et plus tard, Dieu va donner à Moïse, au Mont Sinaï,
encore une montagne, la Loi pour son peuple. Quant à Elie,
rappelez-vous, c’est le prophète à qui Dieu s’est manifesté, non pas
dans le tremblement de terre, non pas dans l’ouragan, ni dans le feu,
mais dans le souffle d’une brise légère. Et où cela ? encore sur
une montagne, l’Horeb, celle-là même où Moïse a vu ce buisson-ardent.
Et nous sommes encore, dans cet épisode de la Transfiguration, sur une
montagne. Tous les éléments sont donc réunis pour faire penser au
lecteur qu’il s’agit bien d’une manifestation de Dieu. Moïse représente
ici « la Loi » et Elie « les Prophètes ». La loi et
les Prophètes, c’est-à-dire la totalité des Ecritures, la totalité de
la révélation jusqu’alors. Les voir ensemble, au sommet d’une montagne,
c’est bien voir Dieu. Quelques jours avant les événements dramatiques
qu’ils vont vivre, il est donc donné aux disciples de voir Dieu, de le
voir sous l’angle de la Gloire, de la puissance, de la transcendance.
Comme pour les conforter, juste avant qu’ils ne le découvrent sous
l’angle de la vulnérabilité et de l’apparente impuissance, au
moment de la Passion. C’est bien le même Dieu que Jésus leur révèle,
nous révèle : ce Dieu dont la puissance est infinie, celui de la
Transfiguration, de la Résurrection, mais en même temps ce Dieu
souffrant, ce Dieu proche qui souffre avec nous, qui donne sa vie pour
nous, celui de la Passion et de la Croix.
La liturgie nous propose
en première lecture aujourd’hui le récit du sacrifice d’Abraham,
sacrifice qui n’a d’ailleurs pas lieu, en tout cas pas comme on
l’attendait. A l’époque d’Abraham, les peuples voisins ont des dieux
nombreux et terrifiants qui exigent, pour calmer leur colère, des
sacrifices humains, et ils semblent apprécier tout particulièrement
celui du fils aîné. Abraham croit que son Dieu à lui, l’Unique,
est plus puissant que tous ces dieux païens. Alors il veut, lui aussi,
offrir son fils unique en sacrifice. Mais il comprend que Dieu, le Vrai
Dieu, ne veut pas de sacrifices humains. Ce qui plaît à Dieu, c’est un
cœur qui le cherche en vérité. En quelque sorte, Abraham sur la
montagne assiste lui aussi à une transfiguration : L’image qu’il
se faisait de Dieu est bouleversée. Dieu n’est pas à l’image des
hommes, sanguinaire et brutal ; il lui apparaît comme le Dieu de
la Promesse, à laquelle il n’a pas renoncé, et qu’il va réaliser. De
même que les disciples vont voir sur la montagne de la Transfiguration
la Promesse de la Gloire de Dieu, qui se réalisera dans la mort de
Jésus sur la croix et dans sa résurrection.
Alors, pour nous,
chrétiens du XXIe siècle, qu’est-ce que tout cela nous dit ? De même
que les disciples, par la Transfiguration, ont été confortés dans leur
foi, pour pouvoir vivre ces moments douloureux de la Croix, de même,
nos rencontres authentiques et quotidiennes avec notre Seigneur Jésus
nous aident à vivre nos propres moments de croix. Mais quand
vivons-nous ces rencontres authentiques et quotidiennes ? Quels
sont nos lieux de transfiguration qui peuvent nous conforter dans
notre foi ? Je vous en propose quatre : La prière, la lecture de
la Parole de Dieu, l’Eucharistie, et le service de nos frères.
Dans
la prière, on rencontre Dieu, si notre prière ne se contente pas de
paroles que l’on adresse à Dieu, mais laisse aussi une place à l’écoute
de Celui qui parle au plus profond de notre cœur.
Dans la lecture
de la Bible aussi, on rencontre Dieu. La Bible est Parole de Dieu.
Prenons l’habitude de lire des passages de la Bible, et
particulièrement les évangiles, qui nous parlent de Jésus, Jésus qui
nous montre qui est Dieu, Jésus qui est révélation de Dieu, Parole de
Dieu.
Dans l’Eucharistie encore, on rencontre Dieu. C’est Dieu qui
vient à notre rencontre, qui se laisse manger par nous, qui se rend si
vulnérable, aussi pauvre que ce petit morceau de pain.
Enfin, dans
le service aux autres, éclairés et nourris par la Parole reçue dans la
prière et dans la lecture de la Bible, fortifiés et nourris par
l’Eucharistie, nos efforts à la rencontre des autres en feront des
rencontres avec Dieu. Toutes ces occasions de rencontrer Dieu sont
comme des petites transfigurations qui nous dévoilent, petit à petit,
son visage.
Sachons donc reconnaître ces petites transfigurations
dans notre vie ordinaire. Profitons de ce temps de carême pour prendre
souvent, nous aussi, le chemin escarpé, difficile, de la montagne. Le
chemin de la rencontre, le chemin avec Jésus, le chemin du service.
Nous pourrons alors y voir Dieu dans sa Gloire qui conforte notre foi
en nous disant : « celui-ci est mon Fils bien-aimé.
Ecoutez-le ! »
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent
8 Mars 2009
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