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Dimanche
dernier, Jésus nous a dit ce qu’il pensait de l’argent et de la
richesse. Aujourd’hui il nous dit clairement ce qu’il pense du pouvoir.
N’est-ce pas toujours une question d’une brûlante actualité ?
Quand on regarde notre société et le monde, et que l’on observe tous
ces dirigeants, tous ces pays où le pouvoir opprime les citoyens, quand
certains se placent au-dessus des lois pour humilier et asservir tout
un peuple… Et sans aller chercher aussi loin, reconnaissons qu’au fond
même de notre cœur s’exprime ce désir, avoué ou inavoué, de dominer,
d’avoir raison, d’être celui qui décide, ce désir d’être premier.
Combien de situations familiales ou professionnelles, même dans
l’Eglise, où l’abus d’autorité rend le climat opprimant et
irrespirable, sans parler de toutes les formes de pression et de
harcèlement en entreprise ou ailleurs, ce qui va parfois jusqu’au
suicide… encore ces derniers jours…
Face à tout cela, Jésus nous dit : « il ne doit pas en être ainsi parmi vous ».
Alors
Jésus serait-il contre les pouvoirs ? Non Jésus ne prétend
en aucune manière instaurer un monde sans hiérarchie (ni Dieu ni
maître), nous savons à quoi cela aboutirait. Jésus n’est pas contre le
pouvoir, l’autorité, comme l’argent, n’est pas mauvaise en soi, il faut
bien des responsables, des leaders dans tout groupe humain ;
lui-même ne se proclame-t-il pas « Maître et Seigneur », mais
Jésus nous demande de ne pas suivre et imiter les pratiques et manière
de faire du monde : les relations humaines, pour le disciple du
Christ, ne se comprennent pas en termes de pouvoir à faire sentir, de
domination, d’autorité à imposer. Il y a une autre voie, une autre
manière d’exercer nos responsabilités… aimer sans dominer ni accaparer
l’autre, partager. Jésus nous dit que le seul chemin pour qui veut se
mettre à sa suite c’est celui du service : « celui qui veut
devenir grand sera votre serviteur »… Jésus s’est mis au service
de ses disciples, jusqu’à leur laver les pieds, un certain soir de
Jeudi St : « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être
servi, mais pour servir »
Servir, c’est bien ce que nous
faisons le plus souvent dans l’exercice de nos propres
responsabilités : qui d’entre nous ne le sait pas pour le vivre
dans sa famille, dans la Cité, dans la vie économique, dans la vie
associative ou syndicale ? et au sein de l’Eglise c’est pareil,
les pouvoirs, mêmes hiérarchiques, ne sont-ils pas des ministères. -
ministre du gouvernement ou dans l’Eglise - çà signifie en latin
« serviteur », le même mot en grec = diaconos, çà nous dit
quelque chose ? diacre configuré au Christ serviteur.
Mais les diacres comme les prêtres ou laïcs en responsabilité
n’échappent pas aux conflits de pouvoir, ni aux tentations de
celui-ci ! !
Il me semble qu’ici le Christ nous appelle à
davantage encore : il ne s’agit pas simplement d’une façon de
faire, il s’agit d’une manière d’être. Encore nous faut-il regarder le
Christ pour que notre être en soit transformé !
« celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous »
Cette
phrase du Christ, ô combien provocante, vient justement me rejoindre
dans mes désirs, mes attentes et ma manière d’être :
- une
manière d’être qui m’invite à un certain regard : voir le monde à
partir d’en bas, au ras des pâquerettes, là où la vie manque de tout,
et, soudain, voilà que ce n’est plus le même monde qui se dévoile à nos
yeux. J’apprends à regarder et à servir un frère.
- manière d’être
qui se vit en résistant aux glissements, aux dérives insensibles d’un
service qui deviendrait progressivement un pouvoir
- manière d’être
qui est dépossession de soi et souci de l’autre, désir de se faire
proche : chemin ô combien obscur et discret, car le plus grand
service s’accommode mieux de l’ombre et de la discrétion que des feux
de la rampe…
-.manière d’être encore : en acceptant que le
Seigneur nous détache de ce qui nous attache, nous délie de ce qui nous
ligote pour vivre l’humilité, la faiblesse du serviteur, aller à la
rencontre de l’homme dans sa vérité, aider les personnes à vivre, à
grandir (le mot autorité en latin vient de la racine faire croître), à
devenir elles-mêmes responsables... plutôt que de les laisser croupir
dans l’irresponsabilité.
C’est ce que font tous ces hommes et ces
femmes qui travaillent à promouvoir la dignité humaine sous toutes ses
formes : dans les associations humanitaires ou caritatives, les
ONG qui œuvrent pour le développement… en cette journée mondiale du
refus de la misère nous sommes tous interpellés, comme citoyen d’abord
et comme baptisé, par la mise à l’écart d’une partie de la population,
le plus souvent dans l’impossibilité de participer à la vie sociale,
économique culturelle et politique du pays, alors qu’ils auraient
beaucoup à apporter, ne serait-ce que par expérience !
« Le
chemin du serviteur » qui nous est proposé exige beaucoup de
liberté intérieure pour aimer sans dominer ni accaparer, pour servir en
aimant, pour demeurer à sa juste place.
C’est aujourd’hui aussi la
journée de la Mission universelle de l’Eglise. Cette mission prend sa
source en Jésus Christ, qui est allé jusqu’au don total de sa vie pour
promouvoir l’homme, tous les hommes. Membres de l’Eglise Corps du
Christ, par notre baptême, nous sommes, au cœur du monde les intendants
de la paix, de la justice, de la joie…
Que cette eucharistie que
nous allons partager nourrisse, soutienne, ravive notre fidélité et
nous entraîne au service de nos frères les hommes.
Eh bien tenez, posons-nous la question : qui ai-je à aimer, à servir, à valoriser, à promouvoir ?
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