Année B
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Sg 7, 7-11 ;
Ps 89, 12-13, 14-15, 16-17cd
He 4, 12-13 ;
Mc 10, 17-30
Ce passage de l’Évangile nous est
bien connu. Curieusement, on l’appelle souvent « l’évangile du jeune
homme riche », alors qu’il n’est dit dans aucun des 3 évangiles qui
racontent cet épisode que cet homme est jeune ! Jeune ou pas, peu
importe. Cet homme est riche, et c’est à cause de ses richesses qu’il «
devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands bien ».
Certains se sont emparés de ce texte pour justifier l’expression : «
l’argent ne fait pas le bonheur » ; d’autres ont vu dans ce passage une
condamnation des riches. Mais est-ce vraiment cela que Jésus veut nous
dire ?
Regardons cet homme qui vient
vers lui. Avez-vous remarqué son attitude ? « un homme accourut vers
lui, se mit à genoux et lui demanda... » Quelle marque de dévotion, de
respect ! Il s’agit d’un homme sans doute très pieux – on dirait,
aujourd’hui, un pratiquant fervent – qui reconnaît en Jésus un
maître et qui lui voue une grande vénération. En apparence, en tout
cas... Mais cette vénération ostensible – peut-être même ostentatoire ?
– ne résiste pas à la vérité de vie que Jésus lui propose : « va, vends
tout ce que tu as, donne-le aux pauvres ; puis viens et suis-moi. » «
Non, Jésus, pas ça ! Ne me demande pas ça ! Je suis prêt à faire tous
les sacrifices que tu voudras ; je veux bien aller chaque dimanche à la
messe, et même en semaine ; je veux bien venir à tous les temps
d’adoration que ma paroisse me propose chaque semaine ; je veux bien
m’investir au service de la paroisse, ou dans un mouvement ; Mais me
séparer de mes biens pour les donner aux pauvres, c’est inconcevable ;
Faut-il aller jusque-là pour te suivre ? »
Oui, jusque-là. Et même beaucoup
plus loin, puisque Jésus présente cela comme seulement un préalable
pour le suivre : commence par te débarrasser de tes richesses qui
t’encombrent, « puis, viens, suis-moi ! » Quelle exigence ! Si Jésus
est si exigeant, c’est que l’amour est exigeant. Il ne nous demande pas
des gestes de vénération, qui ne sont que des gestes même s’ils sont
sincères ; il ne nous demande pas de nous mettre à genoux devant lui,
comme cet homme riche, mais de nous mettre à genoux devant les pauvres
! Avouons que c’est beaucoup plus difficile !
« Comme il sera difficile à ceux
qui possèdent des richesses d'entrer dans le royaume de Dieu ! »
Difficile pour toi le riche de suivre Jésus. Non-pas à cause de ce que
tu es, mais à cause de ce que tu as. Ce n’est pas l’être qui est en
cause, mais l’avoir. En effet, être riche, ce n’est pas un état, c’est
un état d’esprit. Chez les riches comme chez les pauvres, il y a des
bons et des mauvais. Ce n’est pas le fait d’être riche qui rend
difficile l’accès au Royaume de Dieu. Ce sont les biens matériels qui,
lorsqu’ils sont trop nombreux, font obstacle à la marche vers Dieu. Cet
homme riche, qui dit à Jésus qu’il suit tous ses commandements depuis
sa naissance, l’évangile nous dit que Jésus, « Posant son regard sur
lui, se mit à l'aimer. » Jésus aime aussi les riches ! Et c’est parce
qu’il les aime qu’il souhaite, pour eux aussi, le meilleur, et qu’il
propose à cet homme une voie vers un véritable bonheur, qui passe par
une dépossession de tous ses biens.
Alors, gardons-nous bien de
stigmatiser les riches : sinon, on pourrait finir par se persuader que
les riches, ce sont toujours les autres : « les riches, ils ont trop et
ils gardent pour eux ! les riches, il faudrait qu’ils partagent ! »
Trop facile ! Car en réalité, c’est à nous que s’adresse ce récit
d’évangile. L’homme riche, c’est chacun de nous ! Même si nous sommes,
objectivement, beaucoup moins riches que ceux que nous envions, nous
sommes riches aux yeux de tellement d’autres qui n’ont pas notre
confort, notre niveau de vie, notre sécurité, notre santé. Nous pouvons
être encombrés par des richesses, même très modestes, qui empêchent
notre avancée à la suite de Jésus. Au lieu de regarder vers les plus
riches que nous, au lieu d’être tentés par encore plus de richesses,
d’honneur, de satisfactions de tous ordres, regardons d’abord vers les
plus pauvres, vers ceux qui ont moins. La démarche Diaconia 2013
proposée par l’Eglise nous y invite avec insistance. Jésus lui-même dit
à cet homme de se tourner d’abord vers les pauvres, avant de commencer
un chemin derrière lui. Et c’est d’autant plus difficile de le faire
lorsqu’on possède davantage. Tellement difficile que cet homme, qui
pourtant menait une vie exemplaire, puisqu’il respectait tous les
commandements depuis sa jeunesse, « devint sombre et s’en alla tout
triste, car il avait de grands bien ».
Il nous faut donc abandonner nos
richesses matérielles, et découvrir d’autres richesses. C’est pourquoi
l’Eglise nous fait entendre aujourd’hui en première lecture, comme en
écho avec l’évangile, ce passage du Livre de la Sagesse, qui nous
propose de reconsidérer nos richesses, de porter un autre regard sur ce
que nous possédons : « J'ai préféré la sagesse aux trônes et aux
sceptres ; à côté d'elle, j'ai tenu pour rien la richesse ; tout l'or
du monde auprès d'elle n'est qu'un peu de sable » Il existe donc
d’autres richesses que matérielles. La sagesse est une richesse encore
plus grande. Il s’agit d’une richesse spirituelle, comme le sont la
paix, la joie, l’amitié fraternelle, l’amour. Ces richesses
spirituelles peuvent combler le cœur de l’homme, lui procurant
tellement plus de bienfaits, de satisfactions, de plénitude, et
particulièrement quand on partage ces richesses avec d’autres, dans une
relation vraie. Car contrairement aux biens matériels, qui diminuent
quand on les partage, les biens spirituels sont multipliés par le
nombre de personnes avec qui on les partage. Et à leur tour, ces
personnes peuvent les partager avec d’autres de manière à les augmenter
encore.
Seigneur, apprends-nous à nous
détacher des biens matériels qui entravent notre route ; apprends-nous
à désirer les vraies richesses que tu nous proposes et fais-nous
redécouvrir la joie de les partager.
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent.
Boussay et Clisson, le 14 octobre 2012
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