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27° dimanche du Temps Ordinaire
       
      
 L’homme et la femme, le couple et les enfants sont au cœur des lectures de ce jour. Ils font aussi l’objet de grands débats dans notre société. Vous le savez, aujourd’hui plus de 50% des mariages se terminent par une séparation, ce qui donne l’impression que le divorce est devenu une norme. Pourtant, une rupture conjugale est vécue généralement comme un échec et provoque bien des souffrances pour les adultes et leurs enfants… Il faut ensuite pour chacun des membres de la famille trouver un nouvel équilibre et se reconstruire… Déjà, au temps de Jésus, le divorce donnait lieu à discussion :
Les Pharisiens abordent donc Jésus avec une de ces questions-pièges dont ils ont le secret : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? », sachant que, selon l’Ecriture « Moïse avait permis de renvoyer sa femme, à condition d’établir un acte de répudiation ». Les pharisiens s’en tiennent à la lettre de la Loi. Jésus les renvoie au texte de la Genèse, à l’intention originelle de Dieu : Tous deux ne feront plus qu’un.
Les paroles de ce dimanche sont des paroles d’espérance et de vie pour les couples mariés. Elles peuvent cependant paraître dures pour ceux et celles dont l’union s’est disloquée, pour les couples séparés ; mais Dieu est toujours fidèle et miséricordieux.

Le livre de la Genèse, ne parle pas d’un homme ou d’une femme en particulier. Il parle de l’humanité en général dans laquelle hommes et femmes sont indissociables. Les fondements de la relation homme-femme sont posés dès le récit de la création au deuxième livre de la genèse : ce texte très ancien est tout en image. Dieu est le potier : il façonne l’humain dont il tire la femme. Et l’homme s’exclame avec jubilation et admiration : « Cette fois, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ». Cette parole s’enracine dans le souffle créateur de Dieu. Dans ce récit mythique des origines nous voyons Dieu créer l’homme et la femme. Et « Dieu vit que cela était bon » : La femme est un cadeau de Dieu pour l’homme. Sans elle, l’homme ne peut être heureux et l’humanité ne serait pas complète. C’est bien le bonheur des humains que Dieu désire : Nous sommes créés pour vivre intensément dans ce monde qui nous est donné. La sexualité est bonne car elle s’inscrit dès le commencement dans le projet de Dieu pour le bonheur de l’homme : « il les fit homme et femme. A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un ». Enfin, il n’est pas question de domination, mais d’un vis-à-vis : quelqu’un en qui je trouve mon bonheur, différent et complémentaire.
Beaucoup de jeunes couples que j’accompagne pour préparer leur mariage, me réjouissent profondément. Le mariage ne se résume pas, pour eux, à une simple formalité. Ils veulent réfléchir sur leur engagement, donner un sens à ce qu’ils vivent et s’engager dans la durée. Ils témoignent que les moments de partage et de dialogue avec les autres futurs mariés et les couples du service de préparation au mariage, avec les prêtres ou les diacres qui les accompagnent, sont des moments précieux qui donnent sens à leur engagement et leur permet d’approfondir leur relation. Ils sont conscients que l’engagement pris devant Dieu est plus fort que celui pris devant les hommes.  D’ailleurs ces jeunes choisissent souvent le texte d’évangile que nous venons de lire : « l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu’un. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. » Cette dernière phrase est prononcée systématiquement à chaque célébration d’un mariage et les jeunes y adhèrent bien. Ils affirment que leur engagement est pour toute la vie. C’est leur désir profond qu’ils souhaitent réaliser dans l’unité, la fidélité, la fécondité. Ils sont sincères, mais le vivre tous les jours dans la durée, nous le savons bien, n’est pas toujours facile…

Le « Oui » que se donnent les époux dans le sacrement de mariage les engage à vivre ensemble et à faire grandir leur amour avec les joies et les difficultés rencontrées chaque jour, avec les heurts inévitables de personnalités différentes et les pardons et réconciliations qui permettent de se retrouver et d’avancer. Oui, tous les couples, toutes les familles sont appelées à vivre de la joie de l’Amour, en traversant les épreuves et les coups durs…
Mais je n’ignore pas que les paroles de ce dimanche ravivent la douleur de ceux ou celles dont l’amour a été trahi et dont le couple a explosé. Que leur dire ? Sinon que Dieu est un père fidèle, plein de compassion et qu’ils ne sont pas abandonnés. L’exhortation apostolique « Amoris laetitia » de 2016 prend en compte ces situations humaines ; elle indique clairement, je cite, que « la route de l’Eglise, depuis le concile de Jérusalem, est toujours celle de Jésus : celle de la miséricorde et de l’intégration… La route de l’Eglise est celle de ne condamner personne éternellement ; de répandre la miséricorde de Dieu sur toutes les personnes qui la demandent d’un cœur sincère… Car, la charité véritable est toujours imméritée, inconditionnelle et gratuite ». Le synode a invité les pasteurs à tenir compte attentivement des différentes situations. Le fil rouge de cette exhortation peut se résumer par : accueillir, accompagner, discerner, intégrer les personnes et les couples concernés pour les aider, dans la situation où ils sont, « à parvenir à la plénitude du plan de Dieu sur eux ». Dieu nous demande toujours de choisir la vie. Dans l’évangile, chaque fois que Jésus rencontre une personne fragilisée, blessée, pécheresse, il la guérit, la relève, lui redonne vie et l’envoie… Il accueille les enfants avec douceur…C’est ce regard bienveillant et ces attitudes de Jésus qui doivent être la boussole des chrétiens.

Pour conclure, faisons nôtre cette belle prière du pape François pour les familles et pour nous tous rassemblés aujourd’hui :

Père très Saint, nous venons devant Toi pour te louer et te remercier pour le grand don de la famille. Nous te prions pour les familles consacrées dans le sacrement du mariage, pour qu’elles redécouvrent chaque jour la grâce reçue et, comme de petites Églises domestiques elles sachent témoigner de Ta présence et de l’amour avec lequel le Christ aime l’Église.
Nous te prions pour les familles traversées par des difficultés et des souffrances, par la maladie, ou par des douleurs que tu es seul à connaître : soutiens-les et sensibilise-les au chemin de sanctification auquel Tu les appelles, afin qu’elles puissent faire l’expérience de Ton infinie miséricorde et trouver de nouveaux chemins pour grandir en amour.
Nous te prions pour les enfants et les jeunes afin qu’ils puissent Te rencontrer et répondre avec joie à la vocation que Tu as planifiée pour eux ; et pour leurs parents et grands-parents, afin qu’ils soient conscients d’être un signe de la paternité et de la maternité de Dieu : Dans le soin des enfants que Tu leur confies…
Seigneur, fais en sorte que chaque famille puisse vivre sa propre vocation à la sainteté dans l’Église … au service de la vie et de la paix, en communion avec les prêtres et tous les autres états de vie. Amen

Yves Michonneau, diacre permanent
Le 3 octobre 2021, paroisse St Léger-Ste Bernadette d’Orvault



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