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La liturgie nous donne à contempler un Dieu bon et ami des hommes. Il prend soin d’Adam comme de chacun d’entre nous. D’ailleurs dans ce chapitre de la Genèse dès les premiers mots de la Bible Dieu dit: « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra. » (Gn 2) N’est-il pas aussi celui qui se plaît à bénir les hommes, comme dans le psaume (Ps 127), à les sauver et à les sanctifier jusqu’à donner son Fils « pour le salut de tous »(He 2) ; n’est-il pas celui qui se laisse approcher par les enfants et les simples de coeur (Mc 10)?
Pourtant dans notre vie de tous les jours nous trouvons parfois que le langage de l’Eglise est difficile à entendre, qu’il semble ne pas tenir compte des évolutions de notre société. En gros que c’est intolérant et plus du tout adapté !
Alors pourquoi ne pas essayer d’accueillir Dieu sans a priori, de nous laisser interroger et d’entrer en dialogue avec lui? Osons lui exprimer notre perplexité, voire notre révolte.

Pour le mariage et le divorce dont il est question dans l’Evangile d’aujourd’hui.
Regardons ce que nous vivons : en France : en 2007 il y a eu 134 477 divorces pour 273 669 mariages c’est  à dire presque 1 pour 2.
Pour le vivre pour certains et le côtoyer pour beaucoup, nous savons qu’un divorce n’est pas une décision prise à la légère et qu’elle s’accompagne de souffrances qui laissent des traces indélébiles dans les cœurs. Et pourtant humainement, certaines situations sont impossibles à tenir…
Quand je prépare des jeunes couples au mariage, certaines notions sont facile à comprendre : la liberté de l’engagement, la fécondité et la venue des enfants.
L’indissolubilité est une notion admise même si le vivre dans notre société n’est pas facile. C’est ce dont nous parle Jésus aujourd’hui et les futurs mariés ne s’y trompent pas eux qui choisissent souvent ce texte : « Ainsi, ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu’un. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas! ».
Mais je trouve que c’est en explorant les différentes facettes de la fidélité que l’on trouve la solution à beaucoup de difficultés des couples.
Quand Dieu se présente lui-même il se dit « fidèle et plein d’amour ». Il est aussi le Dieu « d’Abraham, d’Isaac et de Jacob »

Alors je vous propose aujourd’hui de l’écouter depuis le début, depuis ces trois patriarches que sont Abraham, Isaac et Jacob, d’écouter ce Dieu qui parfois nous parait si distant, si imperméable à ce que nous vivons.

Dieu a appelé Abraham et lui a proposé une Alliance éternelle, il lui a promis une descendance plus nombreuse que les grains de sable ou les étoiles ; Abraham qui était déjà vieux et dont le couple était stérile. Abraham a dit d’accord mais voyant le temps s’écoulé, Sara sa femme lui a proposé de s’unir à sa servante dont il a eu Ismaël. Dieu n’a rien dit sauf qu’il a confirmé sa promesse et effectivement Sara a donné naissance à Isaac.
Isaac eut lui aussi deux fils Esaü et Jacob (deux jumeaux), et dans sa vieillesse il a choisi Esaü pour lui succéder. Mais par une tricherie de sa femme et de son Fils Jacob, c’est à ce dernier que reviennent l’héritage et la bénédiction. Je vous laisse retrouver dans le chapitre 27 du livre de la Genèse cet épisode de maquillage un peu original.
La paternité de Jacob est aussi compliquée, et l’on a retenu surtout l’épisode de la jalousie de ses fils contre le petit dernier, Joseph, qui fut vendu et devint conseiller de Pharaon avant d’accueillir ses frères et son père en Egypte.
Abraham, Isaac et Jacob qui avaient mis toute leur confiance dans la promesse de Dieu n’en était pas moins des hommes, impatients, voulant des résultats visibles sur une vie d’homme et ils en ont pris les moyens même quand ceux-ci étaient plus ou moins tordus.

Mais Dieu avait donné sa parole et il a tenu sa part du marché. Et « En effet, puisque le créateur et maître de tout voulait avoir une multitude de fils à conduire jusqu’à la gloire, il était normal qu’il mène à sa perfection, par la souffrance, celui qui est à l’origine du salut de tous. » nous dit Saint Paul. (Héb (2, 9-11))
Quand Dieu dit qu’il est fidèle et qu’il a donné sa Parole il la tient malgré tout ce qui peut arriver. Alors on pourrait prendre aussi l’exemple du roi David meurtrier et adultère. Regardez dans l’Evangile de Saint Mathieu (chap. 1) la généalogie de Jésus et vous y verrez toutes sortes d’entorses à la morale. Voyez Saint Pierre qui renie Jésus et se voit confier la responsabilité du troupeau.
Dieu est resté fidèle et sa fidélité passe par l’amour et le pardon.
Quelquefois la Parole de Jésus peut nous paraître brutale : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. »
Jésus répliqua : «C’est en raison de votre endurcissement qu’il a formulé cette loi »
Mais Jésus se définit lui-même comme doux et humble de cœur et dit de Dieu qu’il est lent à la colère et plein d’amour. Endurcissement du cœur des hommes, douceur du cœur de Dieu. Il nous aime malgré nous et malgré nos manques d’amour.
A chacun le jour de notre baptême il a dit « Tu es mon enfant bien aimé en toi je mets tout mon amour ». Il nous aime, non pas à cause de ce que nous avons fait de bien, ou malgré ce que nous avons fait de mal, mais simplement car il est notre Père !
Le plus difficile ce n’est pas de le comprendre c’est de faire comme lui : d’aimer totalement, sans condition. Ceux qui sont parents savent bien que quelquefois avec les enfants, petits ou grands, on aimerait bien des SI : si tu fais ceci…ect.
Dieu lui est présent toujours.
Alors que répondre à cette dame qui me dit : mon fils s’est retrouvé seul et il veut se remarier mais alors il ne pourra plus venir à la Messe ?
La réponse est unique pour chaque personne car il faut plutôt dessiner à chacun un chemin pour retrouver la bonne place dans l’Eglise c'est-à-dire une place où l’on est bien. C’est un chemin où la patience à une grande place. Ce qui est sûr c’est que personne n’est exclu, la porte est toujours ouverte et quand un membre de la communauté est absent, toute la communauté en est blessée. Ce que je dirais à cette dame c’est ne pas rester sur des a priori. Il faut en parler, et pouvoir dire que l’on est blessé est déjà un pas sur ce chemin.

Dans la cour de récréation, une dispute. La maîtresse intervient et les deux enfants se pardonnent et repartent jouer ensemble en se donnant la main. Vous voyez bien cette scène ? Alors écoutons Jésus : « Celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant, n’y entrera pas. »
Alors ce que Jésus nous demande pour aujourd’hui, c’est d’adoucir notre cœur, de l’ouvrir au dialogue, à l’écoute, à la compréhension mutuelle et au pardon. Certaines situations paraissent humainement invivables. Dieu est là qui accepte de les porter avec nous, et même à notre place si nous lui faisons confiance. Nous venons de fêter Ste Thérèse de l’enfant Jésus qui a choisi la petite voie, c'est-à-dire d’aimer dans les petites choses d’abord. Dans le quotidien. Ramasser une aiguille avec amour, éplucher des pommes de terre avec amour. Sans oublier d’implorer l’Esprit Saint pour qu’il nous aide à trouver le sens de nos épreuves et nous donne la force et la liberté nécessaires pour les traverser.
Dans cette Eucharistie présentons au Seigneur tous ceux qui passent par ces chemins difficiles, ceux que nous connaissons et ceux que nous ne connaissons pas, pour qu’à sa lumière ils puissent trouver une solution de paix dans l’amour.

Chant : Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi
Qui donc est Dieu que nul ne peut aimer s'il n'aime l'homme?
Qui donc est Dieu qu'on peut si fort blesser en blessant l'homme?

VERTOU  03-04 Octobre 2009
Philippe ARRIVE


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