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        «Dieu les fit homme et femme.»
        On ne peut bien sûr entendre les textes de ce jour, dans le contexte actuel, sans penser au débat qui traverse notre société à propos du projet de mariage pour tous. Peut-être comme moi êtes-vous un peu mal à l’aise: des pétitions circulent sur Internet, les déclarations se multiplient, notamment de la part d'évêques, avec des tonalités un peu différentes. La dernière en date est la tribune commune publiée par les évêques de notre province, cette fin de semaine. Vous l'avez peut-être lue dans Ouest France.
        Nous comprenons bien les réserves de l'Eglise sur ce projet, qui heurte de front la conception anthropologique du mariage portée par toute notre tradition. Mais quand nous célébrons le cinquantième anniversaire de l'ouverture du Concile Vatican II, nous pouvons souffrir de voir une nouvelle fois les positions de notre Eglise incomprises, caricaturées, et rejetées du côté des camps les plus conservateurs, quand elle n'est pas accusée d'homophobie.
        Comme au temps de Jésus, dans l'Evangile, quand il est interrogé par les pharisiens sur la question du divorce, n'y aurait-il que 2 camps possibles et opposés, les laxistes et les rigoristes, les rétrogrades et les progressistes, avec des positions simplistes et un débat bien sûr impossible entre les 2 ?
Dans l'Evangile, Jésus refuse de se laisser enfermer dans cette alternative mortifère, et invite ses contradicteurs à élever le débat, en le déplaçant du légal au spirituel, en les renvoyant au sens profond du mariage, au projet de Dieu sur l'union de l'homme et de la femme.
        C'est ce que fait le Conseil Famille et Société de la Conférence des Evêques de France, avec le texte publié la semaine dernière, Elargir le mariage aux personnes de même sexe ? Ouvrons le débat ! Si vous ne l'avez pas fait, je vous invite vraiment à en prendre connaissance, même s'il est un peu long. Il a été publié en quasi intégralité dans le journal la Croix, lundi 1er octobre... et sans doute dans d'autres titres de la presse catholique. Il peut être consulté sur le site internet de la Conférence des Evêques de France.
        C'est un texte important, qui loin des positions idéologiques, des confusions et des amalgames, cherche à prendre en compte la complexité de la question et à fournir des éléments de réflexion sur les principaux enjeux de la décision envisagée.
        Il reconnait d'abord que la société se trouve devant une situation nouvelle, inédite, et que le pouvoir politique a la responsabilité d’entendre la demande des personnes homosexuelles. Il affirme également la légitimité des catholiques à exprimer leur attachement au mariage comme union entre un homme et une femme, sans vouloir certes imposer leur point de vue religieux, mais en apportant leur contribution au débat en tant que citoyens.
        Le texte affirme clairement et fortement le refus de l'homophobie, la nécessité du respect et de l'accueil des personnes homosexuelles, tout en soulignant que les préjugés ont la vie dure et les mentalités ne changent que lentement, y compris dans nos communautés et familles catholiques. Je cite le texte : «Elles sont pourtant appelées à être à la pointe de l’accueil de toute personne, quel que soit son parcours, comme enfant de Dieu. Car ce qui, pour les chrétiens, fonde notre identité et l’égalité entre les personnes, c’est le fait que nous sommes tous fils et filles de Dieu.»
Dans l'Eglise de France, rarement un texte est allé aussi loin. Il reconnait la nécessité d'entendre la demande des personnes homosexuelles. Il affirme la valeur des relations affectives durables qu'elles cherchent à construire, et son estime pour ce désir d’engagement dans la fidélité, le souci de l’autre et la solidarité mutuelle.
        Mais vous n'en serez pas étonnés, le document affirme ensuite la position de l'Eglise de France, opposée à ce projet. Pour le faire, il s'attache à rappeler la différence entre couples homosexuels. Il souligne les questions anthropologiques et juridiques soulevées par le projet, pour inviter à en débattre : peut-on réduire le débat au seul aspect de la non-discrimination et du principe d’égalité ? Qu'en est-il de la prise en compte de la différence des sexes ? Quelles conséquences quant au lien entre conjugalité et procréation? Je ne peux ici vous redonner toute la richesse de l'argumentation, qui rappelle à la fois la valeur sociale et la valeur symbolique du don total de soi dans le mariage, mais aussi le lien indissociable avec l'accueil de la vie comme don, et le droit pour l'enfant à une filiation clairement lisible.
Nul n'est obligé bien sûr d'adhérer à la position exprimée par le Conseil Famille et Société. Mais sa prise de position parvient à tenir un équilibre délicat entre un clair refus de l'homophobie, et une opposition non moins claire au projet.
        Le texte ne ferme pas la porte à une évolution du droit de la famille. Il appelle à un vrai débat de société, un débat serein et réfléchi, un débat qui prenne donc en compte de façon « primordiale » le respect des droits des enfants - je cite ici le communiqué des évêques de notre province. Le document invite enfin à chercher une solution originale, dans le souci du bien commun, qui fasse droit à la demande de reconnaissance des personnes homosexuelles sans pour autant porter atteinte aux fondements anthropologiques de la société.
Je vous invite vraiment, comme le font nos évêques, à vous saisir de ce document et à le travailler
        Dans ce débat, ne cédons pas comme les pharisiens à l'endurcissement du cœur, quand nous affirmons nos convictions...
        Sachons rester ouverts, accueillants et à l'écoute de tous, quelles que soient les situations, sans réduire la personne à sa seule orientation sexuelle...
        Elargissons nos prières aux familles, à nos responsables politiques, mais aussi à toutes les personnes dont les situations de couple et de famille ne correspondent pas à l'idéal proposé par notre Eglise... Et n'oublions pas, sur ces questions, que nous ne sommes pas d'abord les défenseurs zélés d'une loi morale, mais les disciples fraternels du Dieu d'Amour et de Vie...

AMEN


Loïc LAÎNÉ, diacre permanent
7 octobre 2012

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