Année B
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Lorsque nous lisons des
textes de la Bible, nous accueillons dans la foi une Parole d’origine
divine. Cependant, Dieu ne dicte pas sa parole à un secrétaire qui ne
ferait que prêter sa main pour écrire. Dieu parle en passant par notre
sensibilité humaine, par l’époque et la culture de celles et ceux qui
écrivent sous l’inspiration de l’Esprit. En ce sens, Dieu respecte
infiniment là où nous en sommes, quand il s’adresse à son peuple.
Cette clé de lecture est bien
nécessaire pour entrer dans les textes de la liturgie de ce jour.
Dans le texte de la Genèse, surtout, ne cherchons pas une réponse à la
question : « comment le commencement du monde et l’existence de
l’homme, de la femme se sont-ils passés ? », mais « pourquoi le monde,
l’homme et la femme furent-ils créés ? ». Il s’agit bien de distinguer
le comment de la science du pourquoi de la foi. D’ailleurs, la Genèse
nous livre deux récits de la création, deux récits différents en terme
de « comment », preuve qu’il ne s’agit pas d’un discours scientifique
avant l’heure, mais de deux manières complémentaires de révéler le «
pourquoi ».
Ceci étant, quand il est écrit
que les bêtes des champs et les oiseaux de la terre sont modelés avec
de la terre, cela ne contredit pas le processus de l’évolution, puisque
toute la matière vivante est formée d’atomes de notre planète
Terre. En hébreu, Adam signifie d’ailleurs « celui qui vient de
la terre ».
Ce récit a un sens symbolique. Un
récit symbolique ouvre un sens profond que Dieu veut nous communiquer.
Symbole ne s’oppose pas à vérité : le sens éthymologique de symbole, en
grec syn-ballein, est « mettre avec, expliquer ». Il s’agit donc de
rendre compte d’une vérité.
Notre 1ère lecture nous livre
deux vérités. La 1ère est la suivante. Comme Dieu, l’être humain créé à
son image et à sa ressemblance, nomme toute chose. Nous cherchons à
donner sens à ce qui nous entoure. Ainsi, nous poursuivons l’œuvre de
création que Dieu a initiée. La seconde vérité est la suivante : comme
Dieu, qui existe depuis toujours en relation avec le Fils et l’Esprit,
l’être humain ne peut pas rester seul, il existe quand il est en
relation. C’est ici qu’intervient la « première anesthésie de
l’histoire », ce fameux sommeil mystérieux, au cours duquel la femme
est née de la côte d’Adam. En fait, quand on lit le récit en hébreu,
langue d’origine, il ne s’agit pas vraiment d’une naissance à partir
d’une côte au sens de l’os, mais d’une naissance de la femme d’un côté
de l’homme. Autrement dit, Dieu crée l’homme et la femme côte à côte,
telle une nouvelle création à deux, une création qu’ils sont appelés à
poursuivre au cours de leur vie.
L’homme et la femme forment une
seule chair, nous dit la Genèse. C’est sur cette affirmation divine que
Jésus s’appuie, lorsque les intellectuels de son temps cherchent à le
piéger.
En effet, à l’époque de Jésus,
dans la loi juive, un homme pouvait librement répudier sa femme (mais
pas l’inverse !). Il suffisait d’un écrit la déclarant comme n’étant
plus sa femme, sans justification. Tout était réglé par un processus
juridique. La Parole divine fondatrice était oubliée.
Jésus ne fait que rappeler cette
Parole, en l’explicitant : Dieu a uni l’homme et la femme en une seule
chair, pour continuer l’œuvre de la création. C’est pour cela que
l’homme et la femme sont invités à ne pas séparer ce que Dieu a uni,
car leur œuvre est sacrée. Ils sont invités à vivre selon le projet
d’amour de Dieu, de se donner, de se recevoir, dans la confiance et la
fidélité.
C’est aussi le sens de l’épisode
final de l’évangile, où Jésus accueille les enfants. Jésus nous
invite ainsi à accueillir ce projet de Dieu, comme un enfant accueille
dans la confiance. N’y voyons donc pas une scène naïve, mais une
invitation à l’ouverture, à la disponibilité, à la confiance.
Cependant, nous savons bien qu’il
peut y avoir, dans nos vies humaines, l’échec et la séparation. Une
situation que Dieu a souhaitée bonne n’a pas pu s’accomplir pour
toujours, entre telle et telle personne. D’une certaine manière, cela
reste une blessure, même si une nouvelle union a pu naître. Nous savons
que la fragilité de nos relations, et pas seulement conjugales, fait
partie de nos grandes souffrances. C’est une réalité qui nous touche
parfois de très près. L’Eglise y consacre deux synodes, sur la famille,
dont le second qui vient de s’ouvrir ce samedi.
Dieu n’est pas indifférent à ces souffrances, à ces ruptures. En
juillet dernier, notre évêque, le Père Dominique, a invité les
personnes divorcées vivant une nouvelle union. Dans son invitation, il
leur écrivait : « Je vous invite. J’aimerais vivre avec vous une belle
célébration autour de l’évangile de Jésus. Nous rendrons grâce à Dieu
pour tout ce qui est beau dans votre vie actuelle, y compris au sein de
votre nouvelle union. Nous accueillerons la bénédiction du Seigneur.
Confiant dans la miséricorde de Dieu, nous pourrons aussi demander
pardon pour ce qui obscurcit notre chemin de vie, de foi et d’amour ».
Dieu s’est fait homme en la
personne de Jésus pour nous communiquer cette miséricorde, qui consiste
à laisser en soi-même une place à l’autre. Et comme nous le rappelle la
2ème lecture, l’incarnation de Dieu en Jésus fut terrible à vivre, car
lui aussi a fait l’expérience de la rupture de l’amitié et de la
relation (pensons à Pierre qui nia le connaître…).
Mais la résurrection a transformé
ce chemin. Le Christ ressuscité soulève le monde, nos ruptures, nos
échecs et nos souffrances telles que nous les vivons.
Lorsque le prêtre soulèvera la patène avec l’hostie consacrée corps du
Christ, lorsque le diacre soulèvera la coupe de vin consacrée sang du
Christ, quelle que soit notre situation, avec nos joies et nos
souffrances, laissons-nous saisir par Dieu comme membres d’une même
famille, en frères et sœurs du ressuscité.
Christophe DONNET, Diacre permanent
Le 4 octobre 2015
Paroisse St Benoît – Diocèse de Saint-Etienne
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