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Il n’est pas des nôtres !...
Rassurez-vous, je ne vais pas vous parler du nationalisme ambiant. Mais
de ce que les textes d’aujourd’hui nous apprennent de notre vie
chrétienne, de notre fraternité en Christ.
Pas des nôtres : c’est l’homme qui s’adresse à Moïse. Voyons, quel
scandale : deux hommes se sont mis à prophétiser, alors qu’ils
n’avaient pas fait partie de la délégation avec Moïse. Mais, ce dernier
de répliquer : « serais-tu jaloux ? Ah ! Si le Seigneur pouvait faire
de tout son peuple un peuple de prophètes, mettre son esprit sur eux !
»
Pas des nôtres : c’est, dans le texte d’aujourd’hui, la réflexion de
Jean : «Nous avons-vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous
l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »
Eloigner ceux qui ne pensent pas comme nous, qui n’agissent pas comme
nous. Cette tentation suivie d’effets, ne date pas d’aujourd’hui, ni
même d’hier ! Le besoin d’écarter de nous ceux qui ne partagent pas
notre vie, notre passé, nos convictions, nos appartenances.
Et cela, jusqu’en notre Eglise. L’histoire nous révèle toutes les
exclusions, tous les conflits allant jusqu’au massacre de ceux que nous
appelons – quelle dérision ! – nos frères ennemis.
Revenons au passage de l’évangile qui nous est proposé aujourd’hui.
Dans l’évangile de Marc, la scène est située peu après l’annonce, faite
par Jésus, de sa passion. Déjà quelques tensions se font sentir au sein
du groupe : en chemin, ils discutaient pour savoir quel était le plus
grand parmi eux ! C’était l’évangile que nous avons lu dimanche dernier.
Après les remontrances de Jésus, le groupe s’était ressoudé. Seulement,
comme ils disent : « nous avons vu quelqu’un expulser les démons, en
ton nom, sans être de ceux qui nous suivent ». Jésus leur fait
comprendre qu’on ne peut pas être contre lui, si on agit en son nom.
Lorsque Marc relate cet événement, il y a déjà des tensions au sein des
premières communautés chrétiennes. Oui, déjà ! On se réclamait d’un tel
ou d’un tel : « moi je suis d’Apollos, moi de Paul… ». Et Paul avait
bien du mal à maintenir l’unité, pourtant Jésus n’avait-il pas dit : «
celui qui n’est pas contre nous est pour nous » ?
L’histoire est d’un perpétuel recommencement.
« Celui qui n’est pas contre nous, est pour nous. » nous dit Jésus.
Il ne s’agit pas de faire de la morale, il s’agit de regarder Jésus et d’essayer de calquer notre pratique sur lui.
A-t-il repoussé, a priori, les pharisiens qui cherchaient sa perte ? Non, il est même allé jusqu’à dîner chez l’un d’eux.
A-t-il condamné, a priori, les occupants Romains ? Non, Il propose à un
centurion de l’armée occupante d’aller chez lui pour guérir son
serviteur. Puis, après avoir parlé avec lui, il déclare : « Chez
personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi. »
A-t-il repoussé, a priori, la cananéenne qui suppliait pour sa fille ? Non !
Nous pourrions continuer cet inventaire.
Jésus essaie de changer notre regard sur ceux qui nous paraissent être
en dehors de notre sphère, en dehors de nos convictions, en dehors de
notre manière de pratiquer.
Regardez nos frères de Tibérine ? Ne se sont-ils pas implantés en terre musulmane, donnant de leur vie, jusqu’au martyr ?
Et maintenant, ce sont les musulmans qui émigrent chez nous, soulevant
beaucoup d’interrogations sur notre identité, notre capacité d’accueil,
d’ouverture à leur foi et à leur manière de la manifester.
Au-delà de toutes nos différences, sommes-nous capable d’y reconnaître
aussi des frères de Jésus-Christ, dans la mesure où ils vivent à leur
manière, et sans les identifier, des valeurs évangéliques. Je l’admets,
ce n’ai pas simple, cela ne va pas de soi.
Plus proches de nous, ce sont ceux qui, sans se séparer de l’Eglise,
souhaitent y retrouver un monde religieux et une façon d’exprimer leur
foi en réaction à une évolution de notre Eglise. Certains, c’est pour
revivre ce qui a bercé leur enfance, d’autres pour contester toute une
église qui leur semble s’éloigner de ce qui est le cœur même de leur
foi.
Ils ne sont pas des nôtres, pensons-nous peut-être. Méditons les
paroles de Jésus, son comportement. Ne nous enfermons pas dans un
jugement sans appel.
Mais, encore plus près de nous, en notre communauté même, nous prenons
la mesure de nos différences. Question de générations peut-être… Mais
aussi de sentiments, d’expression de notre foi, voire au pire de
suspicion des autres… !
Il n’est pas des nôtres ! Frères et sœur, que ces mots s’effacent de
nos discours et surtout de notre cœur. Jésus-Christ est venu et a donné
sa vie pour tous. Que notre sphère de foi et d’amour s’élargissent
jusqu’aux plus éloignés.
Nous allons communier au même corps du Christ. Rendons grâce.
Georges AILLET, prêtre diocésain
30 septembre 2018
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