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Mc 9, 38-43.45.47-48
107ème Journée mondiale du migrant et du réfugié
Il y a des paroles de Jésus que l’on aimerait censurer, ou effacer de
l’Evangile… et il y a des passages d’Evangile qu’on aimerait ne pas
devoir commenter le dimanche matin !
Est-ce que c’est le même Jésus qui dit : « arrache-toi un œil, coupe
toi une main, un pied »…que le Jésus de miséricorde qui rend la vue aux
aveugles, qui répare les boiteux, et qui pardonne les péchés ?
La réponse est : OUI, bien sûr ! Mais alors comment comprendre ces
paroles d’imprécation qui menacent les disciples, et donc nous aussi,
d’aller brûler éternellement dans la géhenne de feu, c’est-à-dire en
enfer ? Ca fait froid dans le dos !
[Si vous avez eu la chance de faire un pèlerinage en Terre Sainte, on
vous a expliqué que ce qu’on appelle « la géhenne » était, du temps de
Jésus, un ravin situé au sud-ouest de Jérusalem où l’on avait pratiqué
des sacrifices humains, et où on continuait de bruler les ordures,
c’est-à-dire tout ce qui est impur et inutile. C’est l’équivalent de
l’usine d’incinération de Couëron qui serait à ciel ouvert - et qui
brûlerait « du feu de Dieu » si j’ose dire ! – En tout cas,
c’était le symbole de l’horreur absolue pour les apôtres].
Je crois qu’il faut donc entendre ces paroles de Jésus comme un
avertissement vital : attention DANGER- vous savez : comme le symbole
d’une tête de mort dessinée sur une armoire électrique ou sur une
citerne chimique: ne touchez pas ! Danger de mort : éloignez-vous du
mal, de tout ce qui pollue votre vie !
Dans ce passage d’Evangile, Jésus veut mettre en garde ses Apôtres à un
moment crucial de son enseignement : il a été Transfiguré devant eux,
il leur a fait des annonces décoiffantes, presque inaudibles : Il va
être livré pour être crucifié, et il affirme que celui qui veut être le
premier doit être le serviteur de tous (si vous vous rappelez : c’était
l’Evangile de Dimanche dernier).
Alors Jésus bouscule ses apôtres par des images très fortes ; et ils
ont bien compris que c’est de sa part un appel à la conversion du cœur,
du regard, et de la vie : vous aurez remarqué qu’aucun d’entre eux
n’est allé immédiatement s’arracher un œil, ni se couper la main ou le
pied ! – Il ne faut pas prendre cette parole… « au pied de la lettre » !
D’ailleurs, je peux vous faire une confidence : j’ai bien regardé hier
l’évêque avec mes 2 yeux : lui aussi a 2 yeux, 2 mains, 2 pieds – comme
chacun de nous !
Alors, comment faire pour changer sa vie, et pour entrer tout entier
dans le Royaume de Dieu ? Car c’est bien pour cela que Dieu « a pris
notre humanité » en Palestine, il y a 2000 ans. Dieu veut que nous
choisissions la vie, la vie éternelle, et pas la mort !
Eh bien, la réponse nous est donnée un peu plus haut dans le passage
d’Evangile que nous venons d’entendre : « Et celui qui vous donnera un
verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le
dis, il ne restera pas sans récompense. »
Un simple verre d’eau pour éteindre les flammes de l’enfer en quelque sorte…
Ça c’est une bonne nouvelle, parce que c’est à notre portée !
Non seulement pour nous qui sommes les disciples du XXIe siècle et qui venons à la messe …
Mais c’est encore plus fort, parce que Jésus dit cela à propos d’un
inconnu, peut-être un étranger (« quelqu’un qui n’est pas de ceux qui
nous suivent ») et qui veut chasser les démons au nom de Jésus - c’est
ce qui a fait réagir les apôtres - tout comme Josué avait été choqué du
temps de Moïse, dans la 1ère lecture, quand 2 hommes prophétisaient
alors qu’ils n’étaient pas venus à la tente de la rencontre. Ils ne
sont pas de la Tribu …
Et Jésus bouscule encore une fois ses apôtres : Ne l’en empêchez pas,
car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après,
mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous.
En fait, je crois que Jésus est beaucoup moins clérical que les apôtres
: son message et son service ne sont pas limités aux douze et à leurs
successeurs – les évêques – ni aux prêtres, ni aux diacres ! Le groupe
des apôtres n’a pas le monopole de l’Esprit-Saint. Le message de
Jésus est pour tous, il est totalement catholique au sens de : «
universel »,
Ce que Dieu veut, c’est que nous soyons tous animés par l’Esprit-Saint,
puisque nous sommes tous créés à l'image de Dieu : « Ah ! Si le
Seigneur pouvait faire de tout mon peuple un peuple de prophètes ! Si
le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! »
Et l’Eglise célèbre depuis plus de 100 ans la Journée mondiale du
Migrant et du Réfugié. Cette année, le pape François nous dit : "
Plaise au ciel qu’en fin de compte il n’y ait pas ‘moi - et les
autres’, mais plutôt un ’nous’, un NOUS toujours plus grand." – c’est
son expression.
Et il poursuit : « Si nous avons pour mission de servir la "maison
commune", cela implique une Eglise et une Communauté toujours plus
ouvertes et plus inclusives, qui coopère avec tout homme de bonne
volonté. Travailler pour plus d’humanité, et moins de murs et moins de
frontières »
Alors en 2021, le Christ ne marche plus sur les chemins de Palestine à
côté de ses Apôtres, mais Il est toujours présent dans son eucharistie,
que nous allons célébrer « pour la multitude ». Et l’Esprit Saint
suscite encore aujourd’hui beaucoup d’initiatives pour que vous et moi
puissions concrètement « offrir un simple verre d’eau » au nom du
Christ.
Comment faire chacun à notre mesure ? Il suffit d’écouter les paroles
de Jésus que nous avons entendues, non pas comme une condamnation, mais
comme un appel à vivre ensemble, une conversion pour un NOUS PLUS
GRAND, ici et maintenant.
Je vous propose de conclure avec une prière que vous connaissez peut-être :
C’est une prière anonyme qui date du XVème Siècle et qui s’intitule : Le Christ n’a plus de mains.
C’est Pierre qui va vous la dire.
Christ n'a plus de mains
Christ n'a plus de mains :
Il n'a que nos mains
Pour faire son travail aujourd'hui.
Christ n'a plus de pieds :
Il n'a que nos pieds
Pour conduire les hommes sur son chemin.
Christ n'a plus de lèvres :
Il n'a que nos lèvres
Pour parler de lui aux hommes.
Christ n'a plus d'aides :
Il n'a que notre aide
Pour mettre les hommes à ses côtés.
Nous sommes la seule Bible
Que le public lit encore.
Nous sommes le dernier message de Dieu
Écrit en actes et en paroles.
(Prière anonyme du XVème siècle).
Emmanuel MERIAUX, diacre permanent
le 26 septembre 2021
église Saint Louis de Montfort – 1ère Homélie !
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