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Il y a dans le passage de l’évangile de saint Marc qui vient d’être proclamé deux parties très distinctes :
-La première contient la deuxième annonce de la Passion de Jésus. Nous
avons entendu la première annonce dans des termes identiques dans
l’évangile de dimanche dernier qui comportait aussi la réprimande de
Pierre par Jésus alors que pourtant qu’il avait fait une belle
profession de foi.
-La seconde partie de ce texte concerne le dialogue (la dispute ?)
entre les apôtres pour se situer à la première place et la manière dont
Jésus à travers l’accueil d’un enfant va leur montrer comment doit
s’établir la préséance selon l’Evangile.
C’est sur cette seconde partie que je vous propose de méditer, non sans
voir que tant dans le livre de la Sagesse, notre première
lecture, et dans le passage de l’épitre de St Jacques se trouvent des
remarques venant compléter ce que dit St Marc.
Ainsi donc, les apôtres sont sur le chemin pour revenir à
Capharnaüm avec Jésus. Ils en viennent à discuter pour savoir lequel
d’entre eux est le plus grand, autrement dit, dans la logique de
l’arrivée au pouvoir du Messie tel qu’attendu par Israel, qui serait le
plus proche de lui pour gouverner. On en est presque à se répartir les
portefeuilles ministériels alors que Jésus vient d’annoncer, à deux
reprises, qu’il sera condamné, crucifié mais qu’après sa mort il
ressuscitera. Ils sont atteints, selon le mot du Pape François,
de la tentation de la mondanité qui entraine aussi souvent le
risque de parler en mal de son prochain pour se faire valoir. On
retrouve là les méfaits de la langue, mise en garde importante des
écrits de St Jacques.
St Marc précise cependant que les apôtres ne comprenaient pas ces
paroles que Jésus leur adressait sur ce qui allait lui arriver. Ils
restent donc accrochés à l’idée du Messie telle qu’elle circulait dans
le peuple d’Israël. L’évangile nous rappelle qu’ “ils avaient peur de
l’interroger“. Est-ce la crainte ou la honte qui les animaient ?
Mais Jésus va prendre la question autrement et répondre à sa manière à
leur discussion :“si quelqu’un veut être le premier qu’il soit le
dernier de tous et le serviteur de tous“.
Voilà qui remet les choses dans une perspective qui n’est pas
habituelle, ni aux hommes du temps de Jésus, ni à ceux du nôtre..
Notons que Jésus n’écarte pas l’idée de vouloir être le premier mais il
en pose les conditions.En effet, la tentation pour nombre de personnes
est de parvenir à la première place, au pouvoir quand ce n’est pas à
l’avoir. Il y a là“ appétit de domination et de possession“ et cela se
passe à tous les niveaux. Mais il nous faut entendre ce que nous dit St
Jacques sur les instincts mauvais aux conséquences dramatiques, ce sont
ces mêmes instincts qui s’attaquent au juste dans le livre de la
Sagesse.
Ainsi Jésus vient bouleverser les hiérarchies. Ce qui est important
pour Lui c’est le service. Se mettre au service de Dieu à travers
les frères bref accepter de se préoccuper du bien de l’autre sans
prioriser le sien.
Nous sommes là au cœur du commandement d’aimer son prochain comme soi-même.
A la limite extréme, le choix peut être entre service de Dieu et
des frères ou service de son égo. Tout récemment dans sa catéchèse du
mercredi le Pape François disait : “l’ego peut devenir un bourreau qui
torture l’homme où qu’il soit et qui lui inflige l’oppression la plus
profonde, celle qui s’appelle “péché“, qui n’est pas une banale
violation d’un code mais un échec de l’existence et une condition
d’esclavage“ Il ajoutait “le véritable esclave est celui qui n’est pas
capable d’aimer“.
Isolement dramatique de celui qui en victime, dans le monde, mais qui
nait aussi parfois dans les familles. Pourtant, nous chrétiens, avons
le pardon pour ne pas y tomber.
Jésus va alors expliciter sa volonté à travers la présence d’un enfant.
Il faut d’abord rappeler qu’à cette époque l’enfant n’était pas
beaucoup valorisé, nous sommes loin de l’enfant-roi que l’on peut
connaître aujourd’hui.
Jésus va donc placer au milieu des apôtres cet enfant, il lui donne une
place centrale et leur dit “celui qui accueille en mon nom un enfant
comme celui-ci c’est moi qu’il accueille“. Mais il va encore plus loin
en ajoutant “et celui qui m’accueille ne m’accueille pas moi, mais
Celui qui m’a envoyé“.
Là encore il invite à se tourner vers l’autre avec bienveillance
(regardait t’on un enfant en ce temps ?) et non vers soi. Cela ne peut
que nous rappeler l’exemple donné par le lavement des pieds des apôtres
par le Seigneur le soir du Jeudi saint.
Jésus accentue encore son message dans ce passage de Marc. Il présente
cet enfant comme si c’était lui-même, l’enfant est l’image de Jésus,
Lui le parfait Serviteur.
Cela vous rappelle aussi sans doute ce passage de St Matthieu
présentant le Jugement dernier “chaque fois que vous l’avez fait à l’un
de ces petits, qui sont mes frères c’est à moi que vous l’avez fait
“Jésus nous dit ainsi qu’il est dans le frère, dans la sœur, dans tout
celui que je rencontre.
Servir l’autre, c’est servir Jésus lui-même car tout être humain est une créature de Dieu.
Finalement dans ce passage d’évangile, le Christ inverse tout, la gloire et la croix, la grandeur et l’enfant.
Pour conclure, en souriant un peu, je reprendrai la réflexion du
Père Rainero Cantalamessa méditant sur ce passage de l’évangile de Marc.
“Un seul doute demeure ? (il évoque la notion de premier) Que faut-il
penser de l’antagonisme dans le sport et dans la concurrence
commerciale ? Le Christ ne les condamne pas si elles restent dans les
limites de l’honnêteté sportive et commerciale. Elles sont
bonnes. “Et le prédicateur du Vatican de conclure “l’invitation de
Jésus à être le dernier ne s’applique certes pas aux courses cyclistes
et aux compétitions de Formule un !!
AMEN
(Sources diverses)
Georges RENOUX, diacre permanent
Diacre Permanent
Basilique du Sacré Cœur de Marseille
Le 23 septembre 2018
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