Sg 2, 12. 17-21 ; Ps 53 ; Jc 3,16-4,3 ; Mc 9, 30-37
Un enfant de 5 ans me disait récemment : « Moi, j’ai quand
je serai grand, je veux être grand comme mon Papa ».
Qui
n’a jamais entendu, ou prononcé
cette phrase !?
Toute
ressemblance avec des
situations existantes ou ayant existé…
Nous
passons notre vie à essayer de
grandir, de nous développer, d’élargir nos activités, notre pouvoir,
notre
influence…. Pour gagner une médaille d’Or au grand jeu de Monopoly de la
vie.
Ou
pour être Ministre…
NB :
(étymologiquement, Ministre
= ‘Serviteur’ – du latin ‘minus’ :
«
Celui qui accomplit une tâche au
service de quelqu’un »)
Mais
je m’égare ….
Et
les apôtres aussi sont égarés,
comme nous : parce que Jésus opère un double renversement
des
valeurs, en leur présentant la figure d’un enfant comme
exemple de grandeur au Royaume de Dieu.
Renversement
de
nos valeurs, et de nos références habituelles : il met en avant le
SERVICE
et la CONFIANCE.
Ce matin, je vous propose une méditation sur les
deux moyens que Jésus nous donne pour « être le premier » dans
son royaume : le
SERVICE, et la
CONFIANCE.
1er moyen pour entrer dans son royaume : être au SERVICE
Jésus met en garde les disciples désireux de jouer un
premier rôle au gouvernement
du Royaume des cieux : « Celui qui
veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de
tous » Il dira plus tard « Car le Fils de l’homme n’est
pas venu
pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la
multitude. »
Jésus
invite
ses disciples à vivre dans une attitude de service radical, qui prend sa
source dans l’exemple de sa propre vie : au soir
du jeudi Saint, en lavant les pieds de ses disciples dans la position du
serviteur, et même de l’esclave de la maison.
Et donc : aux yeux de Jésus, le plus grand est
celui qui n’a aucun droit, et ne domine rien ni personne. En prenant
l’exemple
de l’enfant qui était quantité négligeable dans le monde de l’Antiquité
- juste
une bouche à nourrir - Jésus attire notre attention sur les marges de la
société,
les « invisibles ».
Aujourd’hui, Jésus aurait peut-être donné en exemple
la situation des personnes âgées dépendantes, des réfugiés sans papier,
des
mineurs isolés. C’est ce que le Pape François actualise, en rappelant
sans
cesse : « Il faut rejeter la culture du rebut, et prendre
soin des
personnes qui souffrent des inégalités les plus douloureuses ».
Jésus a voulu être le Serviteur de tous, riches et
pauvres, puissants et misérables. En nous libérant de l’esprit de
domination
dont nous sommes les prisonniers : jalousie, convoitise (cf.
Lettre de
St Jacques- 1ère lecture).
Nous pouvons demander au Seigneur la grâce de
redevenir, chacun, cet enfant de Dieu qu’il a engendré par le baptême,
pour
accueillir nos frères comme le Christ lui-même, en nous mettant à leur
service,
dans notre famille, ou au travail…
Par ce renversement de perspective, Dieu nous sauve,
non pas en nous regardant d’en haut, de loin, mais prenant notre
condition
d’homme en Jésus. Il nous rejoint en bas, là où nous sommes, dans notre
condition humaine, en devenant le serviteur de l’humanité jusqu’au don
de sa
vie, mis à mort comme le dernier des esclaves.
C’est ça être SERVITEUR pour Jésus : être le
dernier. Il est comme « la
voiture-balai de l’humanité » pour
être sûr de n’oublier personne, et de ne laisser personne au bord de la
route.
1er moyen : comment
suis-je
serviteur dans ma vie ?
2ème renversement et 2ème moyen : un
GESTE, joint à une parole
En plaçant un enfant au milieu des disciples, Jésus
dit :
« Quiconque accueille en mon nom un enfant
comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille.
Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il
accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »
C’est
renversant,
c’est le monde à l’envers :
Qui
accueille
un enfant accueille Dieu lui-même !
Qui
accueille
un bout de chou accueille le Ciel
Qui
accueille
15 kg de tendresse et de confiance, accueille le Créateur et le Père
éternel
Qui
accueille
l’innocence et la dépendance, accueille l’infini,
Qui
accueille
un être en devenir, petit, fragile, impuissant, accueille le Ciel
entier…par l’intermédiaire de Jésus
L'appel à l'esprit d'enfance n'est pas une
invitation à la régression ou à l’infantilisme.
Et les enfants ne sont pas tous des petits saints,
ni des « enfants de chœur » !
Nous connaissons tous des galopins, et des
« bons petits diables » .
Jésus
ne
nous invite pas seulement à démontrer de l’affection, de la tendresse…
Ce dont Jésus nous parle, c’est avant tout l’esprit de confiance des enfants.
C'est la
confiance qui consent à n'avoir pas d'autre appui que
Dieu, dans la certitude que Dieu veut pour nous le meilleur, et qu'il le
donnera à sa mesure, c’est-à-dire en portant à l'extrême ce qu'un papa
et une
maman peuvent donner pour leurs enfants, en ce monde.
Et même si cette certitude traverse parfois
la nuit.
Garder la confiance, avec la certitude que Dieu nous
aime toujours.
Nous avons chanté avec le Psaume : « Le seigneur est mon appui
entre tous »
Ce
qui est
important, c’est
accueillir en nous l’ATTITUDE DE L’ENFANT,
c’est-à-dire la confiance, et la disponibilité.
« Toutes les grandes
personnes ont d’abord été des enfants, mais très peu d’entre elles
s’en
souviennent. »
(Antoine de Saint Exupéry)
Jésus
lui-même
montre le chemin, il a été obéissant au Père, jusqu’à donner sa vie
sur la croix : « non
pas ma volonté, mais la
tienne ! »
C’est un chemin de conversion pour chacun de
nous,
pour entrer au royaume des cieux.
Chemin de conversion pas facile,
Mais nous pouvons nous appuyer sur l’exemple de
Marie.
Et écouter quelques paroles du Magnificat, sa prière d’action de grâce :
Marie est celle qui a fait totalement CONFIANCE à
l’ange envoyé de Dieu, et elle est entrée dans le SERVICE.
« Qu’il me soit fait selon ta parole » : CONFIANCE
Et « Je suis la Servante du
Seigneur » : SERVICE
Elle
peut alors proclamer (et nous aussi ?)
Mon âme
exalte le Seigneur… (dire le Magnificat)
Emmanuel MÉRIAUX, diacre permanent
22
septembre 2024
Paroisse
St Louis de Montfort