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 Is 35, 4-7a ; Ps 145 (146), 6c-7, 8-9a, 9bc-10 ; Jc 2, 1-5 ; Mc 7, 31-37

23TO-B-24


Effatah ! Ouvre-toi ! 

Connaissez-vous le « rite de l’Effatah » ? Vous avez peut-être déjà assisté à une célébration, plutôt vers la fin du carême, au cours de laquelle on pratique sur les futurs baptisés de Pâques ce « rite de l’Effatha ». Le célébrant touche avec son pouce une oreille, puis l’autre, puis les lèvres du catéchumène en disant « Effatah ! » Et il ajoute : « ouvre toi, afin que tu proclames la foi que tu as entendue pour la louange et la gloire de Dieu. » Juste avant, a été lu le texte de l’évangile de St Marc, au chapitre 7, versets 21 à 37, exactement le même que celui que je viens de lire. 

Au passage, on voit donc une nouvelle foi que la Bible n’est pas un livre du passé, mais que les textes qu’elle contient sont toujours d’actualité. La parole et les gestes de Jésus il y a 2000 ans nous parlent encore aujourd’hui.

Quand Jésus fais ce geste de mettre les doigts dans les oreilles du sourd et de la salive sur sa langue, en prononçant ce fameux « effatah ! » l’effet est immédiat : « Ses oreilles s’ouvrirent ; sa langue se délia et il parlait correctement ». Pour les témoins de la scène, le miracle est évident. La guérison est concrète, visible, immédiate et incontestable.

Aujourd’hui, quand le célébrant reproduit ces gestes et ces paroles sur le catéchumène, les témoins que sont tous les fidèles rassemblés ne constatent pas un effet aussi spectaculaire. Déjà, le catéchumène n’est ni sourd ni muet en général ! Et donc on ne voit pas ses oreilles s’ouvrir et sa langue se délier…

Et pourtant ! 

Pourtant, ces gestes ne sont pas juste la reproduction d’une sorte de mime théâtralisé du geste de Jésus, comme s’il s’agissait simplement de perpétuer une tradition, garder un souvenir du passage d’un homme extraordinaire qui vivait il y a 21 siècles. Ces gestes que nous reproduisons aujourd’hui sont un signe, c’est-à-dire une manière concrète de montrer à tous l’actualité de l’action de Dieu, qui agit réellement dans la personne qui reçoit ces gestes. C’est ce que nous dit notre foi. Comme on ne voit rien, la compréhension de ce rite nécessite la foi. 

A son époque, Jésus permettait à chacun de voir pour croire. Il opérait des signes, qu’on appelle des miracles, pour susciter la foi de ses contemporains. Aujourd’hui, ces mêmes gestes sont les signes de l’action de Dieu non plus dans les corps, mais dans les coeurs. Seulement, ça ne se voit pas. Pour voir l’action de Dieu, il nous faut croire. Croire pour voir.

Et que faut-il voir ? Ce rite de l’Effatah utilise une symbolique forte pour montrer l’action réelle de Dieu. Le RICA, Rituel de l’Initiation Chrétienne des Adultes, nous dit ceci : « Par son symbolisme propre, ce rite exprime la nécessité de la grâce pour entendre la parole de Dieu et la proclamer. » Pour entendre la parole de Dieu et la proclamer, il faut donc la grâce, et c’est Dieu qui la donne. 

Puisque cette grâce d’entendre la parole et de la proclamer est un don de Dieu, n’hésitons pas à lui demander, à Dieu ! Parce que justement, dans quelques jours, nous aurons besoin de ce don de Dieu, à l’occasion du Congrès Mission qui se tiendra dans notre paroisse. Nous aurons besoin d’avoir les oreilles toutes grandes ouvertes ce jour-là ; et que notre langue se délie, dans les jours et les semaines qui suivront, pour annoncer cette parole entendue, pour évangéliser, pour vivre la mission qui nous est confiée depuis le jour de notre baptême.

Mais revenons à notre évangile. Jusqu’ici, nous avons évoqué la guérison de ce sourd-muet et nous mettant en quelque sorte à distance, en restant dans la situation de l’observateur, du témoin. Je nous invite à présent à entrer plus profondément dans cette histoire, en nous mettant cette fois-ci dans la peau du sourd qui a aussi de la difficulté à parler.

En effet, nous-mêmes, nous sommes parfois sourds à la parole de Dieu. Nous ne sommes pas non-plus toujours très à l’écoute des autres. Et nous avons parfois, comme ce personnage de l’évangile, des difficultés à parler, à témoigner, à annoncer, à transmettre. 

Il nous faut donc dans un premier temps reconnaître que nous sommes pécheurs. C’est pour ça que nous avons commencé cette messe en implorant la miséricorde de Dieu, en disant « Seigneur, prends pitié ; Kyrie, eleison ». Après quoi, nous avons pu chanter la gloire de Dieu : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux! » Gloire à Dieu qui nous envoie sa miséricorde ! Cette louange a préparé notre coeur, qui s’est trouvé tout disposé à écouter la Parole. Nous avons alors entendu une première lecture, un psaume, puis une deuxième lecture, et enfin cet évangile. Et juste après, nous allons pouvoir témoigner de notre foi : « je crois en Dieu… » avant de vivre le temps de l’eucharistie. On le voit, tout cela a du sens. Pour parvenir à l’eucharistie, sommet de la vie chrétienne, il a d’abord fallu reconnaître notre faiblesse, puis entendre la parole avec des oreilles ouvertes, puis professer notre foi.

Nous sommes donc pécheurs, nous sommes ce sourd qui a aussi du mal à parler. 

Mais nous pouvons progresser ! Nous pouvons repousser nos limites, vaincre l’obstacle. Pas avec nos propres forces, mais en nous plongeant dans la confiance, c’est-à-dire dans la foi. Comme le sourd de l’Évangile, qui se laisse conduire auprès de Jésus par ses proches. Remarquons que ce n’est pas lui qui vient à Jésus : « Des gens lui amènent un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler, et supplient Jésus de poser la main sur lui. » C’est l’intercession de ces gens qui permettra la guérison. Pourtant, ce ne sont probablement pas de très grands croyants, nous sommes en territoire de la Décapole, dans un peuple païen. Mais ces gens croient au moins en la puissance de Jésus, qui entend leur prière. Sollicitons donc la prière de nos frères et soeurs et laissons-nous porter par elle. Il nous faut pour cela lâcher prise, mettre son orgueil un peu de côté, faire un acte de foi. 

Alors, comme pour le sourd-muet de l’Évangile, Jésus nous prendra à part, il nous amènera à l’écart, loin de la foule. Il établira avec nous une relation personnelle, « one to one ». Il touchera nos oreilles et nos lèvres, en disant « effatah ! » pour que s’accomplisse la parole du prophète Isaïe : « Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. » Alors, chacun pourra louer le Seigneur en proclamant : « Il fait entendre les sourds et parler les muets ».


Amen !

Daniel BICHET, diacre permanent

Monnières et Clisson

8 septembre 2024




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