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22° dimanche du Temps Ordinaire
                 
      Le fil rouge des textes de ce jour, c’est la loi. La loi donnée par Dieu à son peuple, loi de justice et de vérité. Et tous ces textes nous disent tout le bien qu’il y a à mettre cette loi en pratique.
Ce qui fonde le peuple de Dieu, ce qui en fait un peuple, et qui va lui permettre d’avancer, d’écrire son histoire, c’est cette loi que Dieu lui donne par Moïse au Sinaï.
Nos sociétés aussi se sont dotées de lois. Nous sommes assujettis à ces lois, notre mode de vie dépend en grande partie de nos lois. Même si nous estimons, parfois à juste titre, qu’une ou l’autre des lois de notre pays n’est au service ni de la justice ni de la vérité.
Mais au fait, pourquoi une loi ? à quoi sert  la loi ? à interdire ? à contraindre ? à limiter la liberté ?
Fondamentalement, toute loi a pour finalité de permettre à une société de se perpétuer, en favorisant ce qu’on appelle aujourd’hui le « vivre ensemble » et garantir la liberté de chacun. Et pour cela, la loi doit d’abord être une protection des plus petits, des plus vulnérables, face au pouvoir des grands. Sans quoi, c’est la loi de la jungle, la loi du plus fort qui s’établira tout naturellement. On arrive alors à la décadence puis, à terme, à l’extinction de la civilisation.
Pour éviter cette loi du plus fort, la loi des hommes a cette vertu de placer les puissants devant leurs responsabilités. Car tout pouvoir, toute richesse, implique des responsabilités. Ainsi les plus riches sont responsables des plus pauvres, les puissants sont responsables des faibles, les plus grands sont responsables des plus petits. Toute loi devrait faire en sorte que ces responsabilités soient honorées. Ceux à qui il a été donné de faire les lois, ceux qui ont le pouvoir, doivent tenir compte non pas de leurs propres intérêts, mais de celui des plus petits et des plus vulnérables, afin de les protéger du pouvoir écrasant des puissants. Dans une société équilibrée et saine, le « légal » devrait se confondre avec le « moral ». Or on sait bien que nos lois humaines ne sont pas toujours ajustées à cet idéal. Et il bon alors de s’interroger sur la pertinence de toute loi qui n’aurait pas cette vertu morale.
En tout cas, c’est dans ce souci de justice que Dieu nous a donné sa loi. Nous employons plus couramment l’expression « Parole de Dieu » pour désigner la loi de Dieu, mais il s’agit bien de la même chose. Loi d’amour qui propose le salut à chacun, sans distinction de race, de statut social ou de condition d’existence.
La puissance de Dieu est infinie, elle pourrait nous sembler écrasante devant notre petitesse. La loi divine pourrait alors être un poids insupportable, un fardeau impossible à porter. Mais Dieu a choisi de nous créer non-pas pour nous dominer, pour nous exploiter, mais simplement par amour, pour nous aimer. Il s’est même fait homme pour vivre notre condition d’homme, pour nous rejoindre jusque dans nos joies, nos peines, nos souffrances. Car sa Parole, sa Loi, est justice et vérité. Comme le dit le livre du Deutéronome dans notre première lecture, « [la loi] est [notre] sagesse et [notre] intelligence aux yeux de tous les peuples ». Celui qui la met en pratique reçoit le salut, c’est-à-dire qu’il est sauvé, ou encore qu’il entre dans le plan d’amour de Dieu, qu’il se rapproche de Lui.
 St Jacques nous le rappelle dans la deuxième lecture. Il emploie lui aussi le mot parole pour désigner cette loi de Dieu : « Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. » Et il ajoute : « Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter ». Et il précise en quoi consiste concrètement la mise en pratique de la loi, de la Parole de Dieu : « visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse, et se garder sans tache au milieu du monde. » Et le psaume 14 est encore plus explicite sur ce que signifie la mise en pratique de la parole de Dieu :
« Qui séjournera sous ta tente ? (c’est-à-dire : « qui sera sauvé ? ») Celui qui se conduit parfaitement, 
qui agit avec justice 
et dit la vérité selon son cœur.
 Il met un frein à sa langue. Il ne fait pas de tort à son frère
 et n’outrage pas son prochain. […] Il ne reprend pas sa parole.
 Il prête son argent sans intérêt, 
n’accepte rien qui nuise à l’innocent.
 Qui fait ainsi demeure inébranlable. »
On le voit ici, mettre la loi en pratique, ce n’est pas suivre un certain nombre de préceptes, ni pratiquer tout un tas de rites. Ce n’est pas seulement être fidèle à la messe du dimanche, même si c’est une aide indispensable pour chercher la force de l’amour de Dieu qui se donne dans l’eucharistie. Pratiquer la loi, mettre en pratique la parole de Dieu, c’est essentiellement se tourner vers les autres. C’est se comporter de manière irréprochable aux yeux de Dieu et aux yeux des hommes.
C’est le reproche que Jésus fait aux Pharisiens dans l’Evangile d’aujourd’hui, lorsqu’il cite le prophète Isaïe : « ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte... » Jésus, comme nos contemporains, juge les fidèles à leurs actes. Combien de fois avons-nous entendu des personnes hors de l’Eglise porter un jugement sévère sur une personne chrétienne dont le comportement n’est pas conforme au message du Christ dont il se réclame ? Ces jugements sont parfois salutaires. Ils doivent pour nous être des alertes qui nous poussent à réfléchir à nos comportements, comme des balises le long de notre route qui nous aident à rectifier notre trajectoire pour retrouver le bon chemin. Ce sont des rappels à la loi, des invitations à nous situer en vérité, en cohérence avec la foi que nous professons, par un comportement plus ajusté.
Frères et sœurs, pour pouvoir mettre la loi de Dieu en pratique, efforçons-nous d’abord de bien la connaître. Lisons et relisons la Parole de Dieu, échangeons avec d’autres sur ce que nous en comprenons. Rejoignons l’équipe eucharistique de notre quartier, de notre communauté locale. N’hésitons pas à nous former pour bien connaître la Parole de Dieu, il existe de nombreuses possibilités aujourd’hui.

Le monde serait tellement meilleur et plus paisible si au moins nous, chrétiens, menions une vie en tout point conforme à la Loi de Dieu, à sa Parole ! Alors, ce passage du Deutéronome que nous avons entendu dans la première lecture se réaliserait vraiment :

 « Quand [tous les peuples] entendront parler de tous ces décrets, 
ils s’écrieront : 
‘Il n’y a pas un peuple sage et intelligent 
comme cette grande nation !’[…] Quelle est la grande nation 
dont les décrets et les ordonnances soient aussi justes 
que toute cette Loi que [Dieu nous] donne aujourd’hui ? »

Amen !

Daniel BICHET, diacre permanent
le 30 août 2015
Clisson et St Lumine de Clisson

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