Année B
Sommaire année B
retour vers l'accueil21° dimanche du Temps Ordinaire
Jos 24, 1-2a.15-17.18b ; Ps 33 (34), 2-3, 16-17, 20-21, 22-23 ; Ep 5, 21-32 ; Jn 6, 60-69
Frères et soeurs, nous voici
aujourd’hui, comme les disciples, mis en face d'un choix, d'un choix
personnel : ou quitter, ou marcher avec Jésus.
Difficile
Essayons tout d’abord de nous
resituer en face de la difficulté qu'ont éprouvée les disciples. Il y
avait déjà la foule qui était partie, en murmurant : On n'y comprend
rien, à ce qu'il raconte ! Cette foule qui avait été témoin de la
multiplication des pains, mais qui avait été choquée par la première
partie du discours de Jésus à la synagogue de Capharnaüm, quand il
avait dit : «Moi, je suis le pain de la vie. » La manne du désert, ce
n'était rien. Moi, je suis votre nourriture. C'est ma parole qui est
votre nourriture... La foule des Juifs avait refusé de croire, mais il
restait là tout un groupe important de disciples et de sympathisants.
Et voici le deuxième discours de Jésus, qui est bien plus difficile
encore à accepter si on le prend au sens littéral : «Celui qui mange ma
chair et boit mon sang a la vie éternelle». Mettons-nous à la place de
ces gens qui entendent de telles paroles. Nous, bien sûr, nous avons
été élevés dans cette idée que, lorsqu’on va communier, on mange le
Corps du Christ. Mais mettons-nous à la place de ceux qui ont entendu
cette parole pour la première fois : ils ont dû en faire une tête !
Manger sa chair ! Boire son sang ! Serions-nous des anthropophages ?
Ils vont être choqués, les disciples, et beaucoup vont partir. Alors,
Jésus va dire des choses très importantes concernant la foi : la foi
des disciples et la nôtre. Ce peut être pour nous l'occasion de nous
poser quelques questions vitales...
Un don de Dieu
Où en suis-je de ma foi ? La foi,
nous dit d'abord Jésus, c'est un don de Dieu : «Nul ne peut venir à moi
si mon Père ne l'attire». Seul l'Esprit peut nous permettre d'aller à
Dieu. Est-ce que cela veut dire que certains sont choisis et d'autres
pas ? Non ! Cela veut dire au contraire que Dieu, dans son immense
amour, nous appelle tous, nous fait à tous le don de la foi. Et cela,
j’en fais régulièrement l’expérience dans la préparation et la
célébration des baptêmes : comme le prévoit le rituel, lorsque
j’accueille la famille, je demande aux parents : «Que demandez-vous
pour votre enfant ?» Et les parents, à la suite de la préparation que
nous leur avons proposée, témoignent en exprimant, avec leurs mots,
souvent humbles mais tellement sincères et pleins d’amour, ce que
représente «La Foi» dans leur vie et ce qu’ils en attendent pour leur
enfant…
Oui, F&S, nous l'avons tous reçu, ce don de la foi. Mais qu'est-ce que nous en faisons ?
Un geste libre
Jésus dit une deuxième chose : la
Foi, c'est un geste libre, une démarche libre et personnelle de chacune
et chacun de nous. Et cette démarche ne se situe pas au niveau du
raisonnement. Nous avons entendu comment le Christ laisse libre ses
amis. Il sait que l'un d'eux va le trahir ; il sait qu'il y en a qui
refusent de croire. Il y en a qui ne sont pas capables de faire la
démarche, peut-être parce qu'ils réalisent ce qu'il en coûte. Jésus se
contente de mettre chacun en face du choix qu'il a à faire. Il ne force
pas. Il n'est pas une espèce de «gourou» qui contraindrait par des
gestes extraordinaires ses disciples à marcher avec lui. Non. Il veut
absolument avoir à faire à des hommes libres, debout, qui prennent leur
décision par eux-mêmes, personnellement. C'est pourquoi il leur dit :
Attention ! Vous, qu'est-ce que vous faites ? Vous voulez me quitter ?
D'accord. Vous le pouvez. Et voici la réponse de Pierre : «A qui
irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle». Pierre et les
autres vont faire une démarche d'hommes libres, une démarche qui les
engage.
Une démarche amoureuse
Et voici une troisième chose
concernant la foi : croire, c'est marcher-avec. En quoi consiste cette
démarche ? Eh bien, je trouve qu’elle s’apparente à une démarche
amoureuse, un peu comme celle des fiancés qui construisent leur vie
commune (sans doute de façon plus actuelle qu’à la manière du temps de
St Paul ). Que ce soit sur un coup de foudre ou suite à une longue
fréquentation, il y a toujours à l'origine de la démarche un désir. Et
le désir pousse à se rapprocher de l'autre, jusqu'au point où l'on se
donne totalement à l'autre… or Il me semble que c'est ce que Jésus veut
nous dire quand il parle de «manger sa chair».
Je comprends que par cette parole, Jésus veut nous entraîner au-delà du
sens de la communion de chaque dimanche : je vais communier, je mange
le corps du Christ. C'est beaucoup plus fort que cela !
C'est un désir d'être totalement
uni à lui, de ne plus faire qu'un avec lui. Jésus n'est plus seulement
celui
à côté de qui je marche, il m’invite à faire mienne l'expression de
Paul : «Pour moi, vivre, c'est le Christ» afin de faire naître entre le
Christ et moi une intimité comparable à celle qu'il y avait entre
Pierre, Jacques, André, et Jésus. Une complicité dans un secret,
lorsqu’ils ont compris, à partir d'un certain moment, qui était Jésus,
quel était le mystère de sa personne : Jésus, c'est Celui qui est
descendu du Ciel, qui est de Dieu, et qui va retourner à son Père.
Des relations valorisées
Concrètement, cela veut dire que
La Foi que Jésus nous révèle, doit ressembler à une faim, à une soif de
la rencontre amoureuse avec Dieu comme avec une personne aimée,
fréquentée. Ma foi en est peut-être au stade d’une démarche
intellectuelle, elle est peut-être le fruit d'une opinion que je me
suis faite, mais alors elle n'est pas encore la démarche de La Foi : le
croyant est celui qui marche avec le Christ, entièrement pris et donné
à Lui.
Oui, frères et soeurs, Jésus
invite aujourd’hui chacun / chacune à un examen de Foi et à nous
demander où nous en sommes ? Et comme toujours, il nous accompagne : où
que nous en soyons, Lui, il marche avec nous !
Alors, nous aussi, marchons avec
Jésus et nous serons capables, comme Lui et comme le regretté Père
Olivier Maire, de donner notre vie. Nous serons capables, comme eux, de
gestes généreux. Nous serons capables, comme eux, de nous livrer aux
autres, à tous nos frères. C'est cela, avoir la Vie. Jésus le dit
catégoriquement : «Celui qui croit, il a la vie éternelle. Celui qui
refuse de croire, il est déjà condamné».
Alors, laissons-nous envahir par
la force de son Esprit afin qu’il nous éclaire pour apporter notre
réponse libre et personnelle à l’ultimatum que Josué adressait déjà au
peuple d'Israël : «Il faut choisir : Dieu ou les idoles ! La vie ou la
mort…».
Amen.
Patrick JAVANAUD, diacre permanent,
22 août 2021
Sommaire année B
retour vers l'accueil