Année B
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retour vers l'accueil20° dimanche du Temps Ordinaire
Pv 9, 1-6 ; Eph 5, 15-20 ; Jn 6, 51-58
Ce dimanche encore, pour la quatrième fois, nous poursuivons notre
lecture du chapitre 6 de Jean, qu’on appelle discours sur le pain de
vie. Après avoir multiplié les pains et les poissons pour nourrir une
foule, Jésus passe beaucoup de temps à expliquer à ses disciples la
portée théologique et prophétique de son geste. Aujourd’hui, il met les
points sur les i : le vrai pain de vie, celui qui donne la vie, c’est
lui.
« Moi je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel. Si quelqu’un
mange de ce pain, il vivra éternellement ». A notre époque, on aurait
tendance à interpréter ces paroles de Jésus comme des paroles
symboliques, imagées, pour dire avec des mots concrets une réalité
spirituelle. Mais à l’époque de Jésus, les gens à qui il s’adresse sont
de parfaits connaisseurs des textes sacrés, de ce que nous appelons
aujourd’hui l’Ancien Testament. Et dans ces textes, dans cette longue
tradition, « le pain vivant qui est descendu du ciel », c’est la
définition même de la Parole de Dieu ! Jésus prétend donc être la
Parole de Dieu. D’ailleurs, c’est bien ce que nous disons, nous,
Chrétiens : Jésus EST la parole de Dieu. La preuve, à la fin de la
lecture de cet évangile, il y a un instant, j’ai dit en levant le
lectionnaire : « acclamons la Parole de Dieu » et vous avez répondu «
Louange à toi, Seigneur Jésus » et non pas « louange à toi, parole de
Dieu ». Vous n’avez pas acclamé un livre, mais bien Jésus lui-même, qui
EST, c’est notre foi, la Parole écrite dans ce livre.
Pour nous chrétiens, oui. Mais pour les juifs, entendre Jésus se
présenter comme étant, lui, la parole de Dieu, c’est inaudible, c’est
insupportable. Si en plus il ajoute « ma chair est la vraie nourriture,
mon sang est la vraie boisson » ; « celui qui me mange vivra par moi »,
on comprend qu’ils soient véritablement scandalisés ! « Comment cet
homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Pourtant, avec du recul, et à la lumière de la Résurrection, puis de la
Pentecôte, les disciples de Jésus – qui, eux aussi, sont tous juifs, ne
l’oublions pas – vont comprendre ces paroles non pas comme symboliques,
mais comme prophétiques. Jésus parle de son corps donné en vraie
nourriture, lui qui va véritablement donner sa vie ; de son sang comme
vraie boisson, lui qui va verser son sang sur la croix. Ce qu’il a dit,
il l’a fait. Les paroles de Jésus ne sont jamais des simples paroles de
recommandations ou d’ordres, comme un gourou ou un chef de bande : «
voilà comment vous devez faire, voici ce que vous devez penser ». Ce
que Jésus dit, il l’applique d’abord à lui-même ; il le met lui-même en
pratique. Ses actes parlent autant que ses paroles, et viennent
les compléter, les éclairer. Mieux : les réaliser. Il est parole de
Dieu, nous venons de le rappeler. Et la Parole de Dieu fait ce qu’elle
dit, ou plutôt fait en disant. On dit qu’elle est performatrice. Elle
se réalise au moment-même où elle est dite : « Que la lumière soit ; et
la lumière fut ».
Donc, quand Jésus donne son corps, ce n’est pas qu’une image, qu’une
façon de parler. Il ira jusqu’au bout de ce don : « Ma vie, nul ne la
prend : c’est moi qui la donne ». Et ce don de lui-même, Jésus le
fait par amour. Il nous est assez facile de comprendre qu’une mère ou
un père accepte de donner sa vie pour sauver un de ses enfants. De
temps à autre, il arrive certains faits-divers de sauvetage qui nous
montrent des actes de courage et de don de soi qui forcent notre
admiration. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour
ceux qu’on aime. Si le don de nos vies peut parfois permettre de sauver
une personne, et c’est très beau, Jésus, lui, donne sa vie, donne son
corps en nourriture, pour sauver non pas une personne, mais l’humanité
entière. Lorsqu’il nous arrive de donner un peu de notre sang,
peut-être allons-nous permettre de sauver une vie, et c’est magnifique.
Jésus, lui, a versé son sang pour sauver la totalité de nos vies
humaines.
Ce corps donné en nourriture, nous le mangeons à chaque eucharistie.
Eucharistie, action de grâce, au cours de laquelle, en mangeant son
corps, nous « rendons grâce », en remerciement de la grâce, du cadeau
gratuit qui nous est fait par ce don de Jésus. C’est le psaume 33 que
nous avons entendu tout-à-l’heure : « Je bénirai le Seigneur en tout
temps, sa louange sans cesse à mes lèvres ». Et la lettre de St Paul
aux Éphésiens reprend en écho : « A tout moment et pour toute chose,
rendez grâce à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ ».
Cette attitude de remerciement, ce n’est pas une simple politesse qui
nous est demandée. C’est un moyen pour vivre en harmonie avec Dieu, et
donc avec nous-même et avec les autres, avec la Création tout entière.
C’est ce que la Bible appelle la Sagesse. C’est le bon sens,
l’intelligence toute simple. Reprenons la lettre de St Paul dans la
deuxième lecture : « ne soyez donc pas insensés; ne vous enivrez pas de
vin, soyez plutôt REMPLIS de l’Esprit Saint » Comment mieux être
remplis de Dieu qu’en mangeant son corps, en buvant son sang ?
Le passage du livre des Proverbes, dans la première lecture, nous le
disait lui aussi : « À qui manque de bon sens, elle dit : « Venez,
mangez de mon pain, buvez le vin que j’ai préparé. Quittez l’étourderie
et vous vivrez, prenez le chemin de l’intelligence. » Ces appels au bon
sens, à la sagesse, à l’intelligence véritable, nous invitent à cette
vie en pleine harmonie. Harmonie rendue possible par le don total de
Jésus qui, en nous donnant son corps en nourriture, sous la forme aussi
fragile que ce tout petit morceau de pain, nous montre ce qu’est le
véritable amour : L’amour est don total, don fragile et humble, mais
don qui se fait nourriture capable de rassasier toute notre vie.
Amen !
Daniel BICHET, Diacre permanent.
Boussay et Clisson
le 19 août 2018
Paroisse Ste Marie du val de Sèvre
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