Année B
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retour vers l'accueil1° dimanche de carême
40 jours ? 40 jours me sont offerts : pour partir au désert, pour
partager avec mes frères, pour être porteur de la lumière, la joie de
Pâques. Le temps de s’ouvrir à Dieu… de s’ouvrir aux autres.
Le désert ?… chaque année nous écoutons ce récit de Jésus au désert
sitôt son baptême, mais contrairement aux 2 autres évangélistes, Marc
dans sa grande sobriété ne nous précise pas de quelles tentations il
s’agit, il se contente de nous dire que Jésus resta 40 jours, entre son
Baptême et son départ pour la Galilée, tenté par Satan pour passer
directement à l’appel de Jésus : « convertissez-vous et croyez à la
Bonne Nouvelle »
à quoi cela nous invite-t-il aujourd’hui en ce 1er dimanche de Carême ?
De nos jours encore, pour s’évader ou se ressourcer, des personnes
seules ou en groupe sont tentés par le désert… attirées sans doute par
le dépaysement, le calme, l’insolite, le rêve, que vantent les agences
de tourisme : « venez goûter à la magie du désert, à sa fascination !
Lieu de silence, de contemplation de la nature grandiose ; de
l’aventure et du risque…» c’est certainement vrai tout cela…
…mais ceux qui l’ont vraiment affronté vous diront que le désert,
malgré sa beauté, reste avant tout une épreuve de solitude, de perte
des repères, d’égarement de nos sens ; plus rien ne répond à nos gestes
habituels, à nos regards ou nos pensées. Mais pas besoin d’aller jusque
dans ces déserts de sable ou de cailloux pour vivre le désert. Beaucoup
vivent, au milieu du monde, une traversée du désert : désert de la
solitude, de l’abandon, de l’épreuve, du repli sur soi… de
l’indifférence…de la séparation…
On peut imaginer Jésus seul, tout seul sans rien pour le distraire,
personne à qui parler, pas d’arbre pour faire de l’ombre, pas de bruit,
peu de nourriture….
Tenté, Jésus est au désert pour un combat intérieur, un match
dramatique contre les forces du mal qui se déchaînent et s’attaquent à
Lui. Le succès qu’il avait pouvait bien devenir un piège et le
détourner de sa mission. Jésus résiste à la tentation d’utiliser le
brillant des miracles pour choisir de prendre l’habit du serviteur qui
donne sa vie par amour ; habit qu’il revêtira lors du lavement des
pieds, le Jeudi Saint.
Les tentations de Jésus ne sont-elles pas nos tentations ? Toute
vocation, mission au service des autres ne supposent-elles pas
arrachements et renoncements. Ce temps du Carême nous est proposé
comme un temps d’entraînement intensif à l’image de l’équipe de foot
qui se prépare pour un match important. Nous aussi pour tenir notre
place de baptisé dans l’équipe Eglise toute la saison, il nous est
offert ce stage de 6 semaines. Plus qu’un jogging de décrassage annuel,
ces 40 jours d’exercice pour faire fondre ces graisses qui nous
alourdissent et nous empêchent de voir clair, ne sont-ils pas le temps
favorable pour retrouver le dynamisme de notre baptême ? 40 jours pour
faire le grand ménage de printemps, se refaire une santé, laisser
mourir ce qui est en trop, alourdit notre monde, entartre notre foi !
c’est long 40 jours, on peut se décourager. Mais nous pouvons nous
appuyer les uns sur les autres.
J’en entend bien me dire : « 40 jours pour me convertir, le jeûne
encore une fois ! Mince va falloir de nouveau se priver ! souffrir !
c’est vraiment pas drôle la vie de catho ! Et si c’était le contraire ?
Et si notre Carême était tout simplement un temps d’entraînement à
AIMER, il n’est plus alors une période triste, ni pénible… Quelle
chance de quitter un peu une vie très ou trop orientée sur la
satisfaction des besoins immédiats : besoin d’acheter, de gagner plus,
besoin de consommer, besoin de m’équiper davantage, d’être au top de la
technologie, du numérique, besoin de faire plein de choses, besoin
d’aller toujours plus vite… besoin de considération, de pouvoir
! oui quelle chance en fait de quitter un peu tout ça, de
prendre du recul… et pourquoi pas un retournement, une réorientation,
un changement de cap ?…
… pour aller au désert redécouvrir le manque, et dans ce manque
retrouver l’essentiel. Me retrouver moi-même et me mettre à l’écoute
pour entendre Dieu qui chuchote à mon oreille.
Mais pour te retrouver Toi Seigneur, il va falloir que Tu m’aides parce
que ma tentation aujourd’hui c’est de tout recentrer sur moi alors que
tu me rends capable d’aimer, de partager !
Et si partager c’était : prendre le risque d’être dépendant de Toi et
donc des autres, en couple, en famille, entre amis, en communauté, au
travail, en société… si c’était renouer l’Alliance avec Toi pour en
imprégner ma vie de tous les jours… comme m’y invite Diaconia 2013 : me
pousser à me mettre davantage à l’écoute, me rapprocher un peu plus des
cabossés de la vie, de tous ceux dont l’existence se détricote toujours
un peu plus:
Le CCFD, tout au long de notre marche de Carême, nous invite à nous
impliquer dans des actions citoyennes pour bâtir un monde plus juste, à
prendre notre part à la construction d’une autre société. Etre acteur
du changement, c’est accepter de mieux comprendre, d’échanger et
apporter avec d’autres des idées neuves. N’est-ce pas le moment et la
formidable occasion de s’interroger sur les grands thèmes qui fondent
notre vie en société (logement, travail, éducation, santé,
environnement… (à plus forte raison en cette période de campagne
électorale où des choix fondamentaux sont à faire pour mieux vivre
ensemble). N’est-ce pas le temps d’aller à la rencontre des autres dans
un dialogue apaisé ? [PARTAGE RENCONTRE]
« Ta foi n’est rien si elle n’est pas au service des autres » (disait ce jociste nantais s’inspirant de St Jean)
« La Bonne Nouvelle de Jésus-Christ nous invite à oser regarder en face
les injustices et ce qui les cause plutôt que de les ignorer en faisant
semblant que tout va bien. Elle nous interdit d’avoir la lâcheté de
rejeter sur des responsabilités individuelles les injustices provoquées
par notre société » (Stéphane Haar, président de la JOC)
« Aujourd’hui un chrétien est obligé de s’intéresser à ces questions de
société. Il ne peut pas vivre hors sol. Sinon sa foi ne sert à rien »
(jociste de Nantes)
En cela Jésus nous encourage à jeter sur chaque personne un regard
neuf. Car croire en la Résurrection c’est porter un regard neuf sur la
réalité de la vie. C’est ce regard animé par la puissance de
Résurrection qui peut transformer le monde. Comme le soleil du
printemps fait revivre la nature, de même, le soleil du Christ
ressuscité transforme notre existence. Il m’aide à dépasser la banalité
de mon quotidien ?
Quel minable Carême serait en effet un Carême de nos petites privations
alors qu’il s’agit de s’interroger sur l’exercice de nos propres
pouvoirs et responsabilités, sur la qualité de nos solidarités, le
service du frère. Nos vies ont besoin d’être re suscitées !
Saisissons cette chance de pouvoir redonner à notre vie de baptisé toute sa beauté !
François CORBINEAU, diacre permanent
dimanche 26 février 2012
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