Année B
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2Rois 4, 42-44 / Ephésiens 4, 1-6 / Jean 6, 1-15
"Jésus leur donna du pain et du poisson autant qu’ils en voulaient (cf Jn 6, 11). "
Chers frères et sœurs, Dieu est
le seul qui comble ainsi la faim de ses fidèles. Et il l’a fait à
plusieurs reprises. Ce miracle n’est donc pas une nouveauté en
Israël. Au désert, Dieu nourrit son peuple de la manne, par
le prophète Moïse, pendant 40 ans. Il reprend ce signe par Elisée en
multipliant 20 pains d’orge pour 100 personnes. Et il couronne ce
miracle par le geste de son Fils qui nourrit 5000 hommes avec 5
pains d’orges et 2 petits poissons. Aussi la foule reconnaît-elle en
Jésus « le grand prophète, Celui qui doit venir dans le monde ». Et si
le Seigneur comble ainsi ses fidèles, c’est parce qu’il est le seul à
connaître leurs besoins. L’Evangile dit à cet effet que « Jésus
lui-même savait bien ce qu’il allait faire », alors que Philippe
calculait encore, et qu’André raisonnait en termes statistiques: 5
pains d’orge et 2 poisons ! Qu’est-ce que cela pour tant de monde ? Il
en fut de même d’Elisée qui rassura son serviteur tandis que ce dernier
calculait aussi : « Qu’est-ce que 20 pains pour 100 personnes ? ». Mais
le dessein de Dieu surpasse les mesures humaines. Et d’un côté comme de
l’autre, la foule mangea des vivres, et il en resta. Voici le sens de
ce signe : Dieu donne sans compter. Frères et sœurs,
que dire aujourd’hui, au regard de la misère humaine partout
rencontrée, et du drame désolant de la famine relayée çà et là par les
reportages des médias ? Dieu aurait-il cessé, voire refusé d’agir en
faveur de ces personnes sinistrées ? Certes, non. Toutefois, il nous
rend responsables de son œuvre aujourd’hui dans le monde, comme jadis
Moïse et Elisée. Nous sommes alors comme des prophètes chargés de
rendre visible la présence et l’action du Seigneur au milieu des
hommes. Déjà avec Elisée, le pain, avant d’être multiplié, a été offert
par « quelqu’un ». Et avec Jésus les pains et les poissons sont donnés
par « un jeune garçon ». C’est là un signe de notre devoir de
participer à l’œuvre de Dieu. Chrétiens d’aujourd’hui, nous sommes des
vecteurs vivants de la grâce de Dieu. Pour ce privilège, nous lui
rendons grâce, dans chaque Eucharistie, de nous avoir « choisis pour
servir en sa présence ». Ainsi la voix par laquelle Dieu se dit au
monde, c’est l’Eglise. Et les mains par lesquelles il continue de
répandre ses faveurs, c’est l’œuvre de ses fidèles. Avant de multiplier
les pains, Jésus dit aux disciples en Mathieu, Marc et Luc : «
Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Les structures de charité
comme la Caritas révèlent cette sollicitude de l’Eglise pour le monde
en détresse. Et le don de chaque croyant, faisant fonctionner ces
structures caritatives, est l’apport de l’homme à l’œuvre de Dieu. Même
la quête donnée en offrande pour le culte sacré, est notre apport
matériel dont se sert le Seigneur pour réaliser notre salut spirituel.
Sans pain, en effet, pas de multiplication de pain. Avis donc à ceux
qui, pour s’excuser de ne pas faire des offrandes à l’Eglise, se
bornent à croire et même à dire que les hosties, le vin, les cierges
etc, affectés au sacrifice divin et à la vie de l’Eglise, sont des dons
du pape depuis Rome, ou de Dieu depuis le ciel ! C’est plutôt la part
du peuple en prière, attendant l’action de Dieu. Ouvrons donc nos
mains. Car notre charité est essentielle pour la vie du prochain. Et
nos biens, notre temps et nos vies doivent prendre part à de l’œuvre de
Dieu et soutenir la vie de son Eglise, afin que la faim du monde
soit pleinement comblée.
Mais quelle est cette faim, en
réalité ? Cette question très est importante. Car Le Christ ne comble
pas toutes les faims. Il ne satisfait pas toutes les attentes. Pour
preuve, il écarte la tentative de la foule admirative de son prestige
et désireuse de le sacrer roi, à la manière humaine. Car sa Royauté
n’est pas de ce monde. Par contre, il comble les personnes de pain
avant ou même sans qu’elles ne déclarent leur faim. Rappelons-nous
encore que c’est Dieu seul qui connaît nos vrais besoins. Et ce pain
dont il nourrit les auditeurs de sa Parole, c’est le Pain de
l’Eucharistie. L’expression grecque « Faire Eucharistie » signifie «
rendre grâce ». Et l’Evangile dit bien que « Jésus prit les pains, et
après avoir rendu grâce, les leur distribua ». Saint Jean situe le
contexte du miracle « un peu avant la Pâques » qui est la grande fête
de la libération par Dieu. Ce geste de Jésus est un geste profondément
religieux. Ce n’est donc pas seulement la faim matérielle qui est
comblée, mais surtout la faim spirituelle. Car notre faim la plus
urgente est la faim de Dieu. Jésus annonce qu’il accomplira bientôt la
Pâque nouvelle en se donnant Lui-même en Nourriture pour la vie
de nos âmes. Remarquons que le symbole ici, c’est le pain. « Que rien
ne soit perdu », a dit Jésus. Quant au poisson, bien que donné en
abondance, il disparaît. Et s’il reste quelque chose, c’est bien le
Pain : 12 paniers pour 12 Apôtres. Ceux-ci, après Jésus, seront chargés
chacun de distribuer l’Eucharistie. Et nous à leur suite, nous sommes
chargés de communiquer au monde l’unique foi que nous avons reçue au
baptême, afin que la grâce de Dieu porte en nous ses fruits :
l’humilité et la patience, l’unité et la paix. Puissions-nous
entretenir en nous ces grâces, et les répandre autour de nous, de sorte
que nul ne soit perdu, mais que tous les hommes soient sauvés pour la
gloire de Dieu.
Seigneur Jésus, nous avons faim de Dieu. Toi le Pain Vivant descendu du ciel, viens combler la faim du monde.
Amen.
Tanguy SOGLO, diacre transitoire du diocèse de Lokossa, Bénin.
Cathédrale St Pierre Claver de Lokossa, le 29 Juillet 2012
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