Année B
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Nous
venons d'entendre et d'écouter des textes de la bible, Parole de Dieu,
et de quoi nous parlent ces textes ? De la Parole elle-même et de ceux
qui l'écoutent! De la force et de la puissance de cette Parole qui
vient interpeller, prendre et habiter ceux qui la reconnaissent comme
une parole vraie et authentique. Parole qui s'adresse à tous, mais
d'abord, à ceux qui acceptent et reconnaissent que ce Père attentionné,
ce Dieu d'amour, leur parle pour vivre avec eux la joie promise. Une
Parole qui ne s'impose pas comme une contrainte mais qui, dans la
liberté de la personne à qui elle s'adresse, lui propose un chemin,
chemin de vérité et d'accomplissement. Une parole qui, si nous la
partageons, si nous la donnons, si nous la proclamons, nous fait être
prophète.
Un prophète…un prophète n'est ni un devin, ni un mage, ni même un
voyant, non, c'est une personne qui, après s'être approprié la Parole
pour mieux la partager, la redonne à ses frères humains. Une Parole
qu'il respecte et reconnaît comme venant de Dieu, de son Esprit à
l'œuvre en ce monde, une marque de l'attention de notre Père. Une
parole qui guide, qui guérit et qui sauve. Combien de fois dans les
évangiles entend-on Jésus, verbe de Dieu, Parole du Père affirmer : "
Va, ta foi t'a sauvé." Alors pourquoi aujourd'hui dit-il qu'un prophète
n'est méprisé que dans sa famille, dans son pays? Son message, celui
d'Ézékiel ou celui de Paul sont-ils si incompréhensibles ?
Ézékiel envoyé vers les hébreux exilés au milieu des païens dit, au nom
du Seigneur, à ce "peuple rebelle" que, bien qu'ils aient trahis
l'Alliance conclue avec eux, il ne les renie pas et continue à les
aimer en leur parlant par l'homme qu'il a désigné. Paul, lui, est
accablé de voir la dérive du message évangélique, ce message reçu du
Christ, dans l'Église qu'il a fondée et qui réfute son autorité. Jésus
lui-même qui enseigne dans la synagogue de Nazareth, sa ville, là où il
a grandi, où il vit, est en butte avec ses détracteurs et reste
impuissant. Pourtant, rien d'incompréhensible dans leur message, rien
de trop exigeant ni de déroutant! Mais le doute des auditeurs est plus
fort que leur espérance, la défiance domine sur la confiance.
La parole donnée est sans doute trop radicale, trop vraie, trop absolue
mais surtout on doute de l'intégrité de la personne qui la donne :
"nous le connaissons, lui, sa famille, il est de chez nous…" Comment
peut-il affirmer que ce qu'il nous dit vient de Dieu? Comment
pouvons-nous accepter que, celui qui nous ressemble, qui vit à nos
côtés, que nous connaissons depuis toujours, est celui que Dieu a
choisi pour nous dire sa vérité, pour nous dire qu'il nous aime ?
Orgueil ou humilité, révolte ou patience, doute ou confiance, foi ou
reniement… un combat pour chaque croyant d'autant plus criant,
dérangeant qu'il est dévoilé par celui que l'on pensait tellement
semblable à nous, identique en tous points même dans nos limites et
notre faiblesse humaine ! Si seulement il était différent, si seulement
il venait d'ailleurs…
Cette parole ne nous est-elle pas adressée ? À nous qui, par notre
baptême avons reçu cette triple mission d'être prêtre, roi et prophète
? Prêtre pour prier et célébrer notre Dieu, Roi pour, à l'image de
Jésus, vivre par amour une charité fraternelle, je suis d'accord! Mais
prophète? Moi qui a tant de doutes, moi que personne n'écoute vraiment,
qui ne sais jamais quoi répondre ? Et pourtant, c'est bien chacun de
nous que Dieu, par le baptême, fait prophète.
Les parents ou grands parents se disent : pourtant nous leur avons
parlé de Dieu et de Jésus. Où sont-ils nos enfants maintenant? Les
catéchistes s'attristent de ne plus voir à leurs côté ceux qu'ils ont
si longtemps accompagnés. Bien des chrétiens désespèrent et doutent de
leur mission prophétique par manque de retour, de retombées. Nous ne
sommes sans doute pas envoyés que vers ceux qui nous sont proches, ceux
vers qui notre cœur se tourne en premier. Jésus lui-même le constate
"un prophète n'est méprisé que dans son pays, sa famille, sa propre
maison.".
Être prophète, c'est dire la Parole de Dieu et la partager. Être
prophète c'est donc dire l'amour de Dieu pour l'homme, pour chaque
femme, chaque homme, chaque enfant. Ça passe par des mots, sans doute…
mais aussi par des gestes : les actes de notre vie, à chaque instant de
nos vies. Comme Jésus nous parle de l'amour de note Père dans les
gestes qu'il pose pour soulager, guérir ou sauver, c'est humblement
mais avec conviction que nous avons à prophétiser cet amour au milieu
du monde. Dans des gestes de solidarité posés, gratuitement et par
amour, auprès de chaque personne rencontrée, paroles et actes de paix,
d'amour fraternel fruits que l'Esprit nous a donnés de faire nôtres.
Être prophète, c'est aussi faire confiance à Celui qui nous a fait
prophète, à son Esprit ! Avons-nous l'audace de croire profondément que
l'Esprit de Jésus nous inspire quand nous parlons de lui et que nous
partageons son message ? Avons-nous l'humilité et la confiance de
laisser travailler l'humus où nous déposons la graine de sa Parole ?
Avons-nous la patience de l'entretenir délicatement, secrètement, en
attendant que germe l'herbe et que gonfle l'épi ? Le jardin de Dieu, le
temps de Dieu, ne sont pas ceux des hommes ! Refusons l'orgueil de se
dire, je l'ai fait… mais semons, semons, n'arrêtons pas de semer la
Parole et l'amour de Dieu dans nos actes, dans nos vies. Soyons
présents et acteurs mais laissons l'Esprit du Christ agir pour que pousse et
grandisse la graine de la foi. Cela ne nous appartient plus ! C'est un
chemin que la personne, enfant, frère, voisin, catéchumène, fait avec
son frère Jésus. Nous pouvons tout de même apporter notre humble et
discrète contribution dans le respect de sa liberté, en l'accompagnant
par une prière fervente, confiante et joyeuse. En demandant à ce Père
aimant qu'il mette sur sa route d'autres prophètes, inspirés par son
Esprit, qui sauront lui faire entendre la parole d'amour qui réchauffe,
qui guide, qui sauve et qui envoie vers d'autres hommes.
Patrick DOUEZ, diacre permanent.
8 juillet 2012
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