Année B
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retour vers l'accueil14° dimanche du Temps Ordinaire
« Je t’envoie vers les fils d’Israël, vers une nation rebelle qui s’est révoltée contre moi. »
Tous les textes de ce dimanche nous disent la
difficulté qu’il y a à témoigner de sa foi dans un monde qui n’est pas
prêt à l’entendre. Ces textes nous montrent, sous des angles
différents, que de toutes les époques, annoncer la Parole de Dieu est
une tâche redoutable.
Pourtant, la parole de Dieu nous est donnée pour nous sauver,
c’est-à-dire pour notre bien, pour notre joie, mais nous ne sommes pas
prêts à l’écouter, à la recevoir pour ce qu’elle est : une parole de
vie pour chacun.
Dans la première lecture, c’est le prophète Ezechiel
qui entend Dieu lui dire combien le peuple d’Israël, pourtant sauvé par
Dieu, s’est éloigné de lui. « Jusqu’à
ce jour, eux et leurs pères se sont soulevés contre moi. […] Alors,
qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas […] ils sauront qu’il y a un
prophète au milieu d’eux. » Et Ezechiel reçoit mission de
parler à ce peuple « rebelle », quitte à subir les moqueries,
l’indifférence ou même la persécution.
Le psaume 122 que nous avons chanté tout à l’heure
nous place du côté du croyant qui subit ces moqueries, cette
indifférence, ou cette persécution, à cause de la Parole de Dieu : « Pitié
pour nous, Seigneur, pitié pour nous : notre âme est rassasiée de
mépris. C’en est trop, nous sommes rassasiés du rire des satisfaits, du
mépris des orgueilleux ! »
Dans l’évangile, c’est Jésus lui-même qui rencontre l’incrédulité,
voire l’hostilité de son entourage, de ses proches, de sa famille même
: « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. »
Et puis il y a St Paul, dans sa deuxième lettre aux
Corinthiens, qui fait allusion à des insultes, des contraintes, des
persécutions et des situations angoissantes.
Sans remonter vingt siècles en arrière, regardons le présent, et voyons ce qu’il en est aujourd’hui.
Les exemples ne manquent pas. Dans de nombreux pays,
des chrétiens sont indésirables, stigmatisés, brimés, menacés. Dans nos
sociétés occidentales, pas de telles extrémités, mais, insidieusement,
le message chrétien est aussi moqué, voire déformé, caricaturé, en tout
cas décrédibilisé. Les chrétiens sont suspectés d’empêcher le progrès,
de ramer à contre-courant, parce que leur discours est souvent
inaudible par une société où le droit individuel prime sur le bien
commun. Des lois sont votées en faveur de comportements qui vont contre
la vie, contre le message de l’évangile…
Comment être prophète dans ce contexte ? Comment
annoncer le Christ à ce monde en manque de repères stables, en
recherche de sens ? Difficile d’affirmer sa foi, d’annoncer au monde
l’amour de Dieu et la dignité de tout être humain, créé par lui à son
image.
Ce que Dieu dit à Ezechiel en l’envoyant en mission, Jésus nous l’a redit d’une autre manière : « je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups ». N’espérons pas, alors, annoncer un message qui serait reçu autrement qu’avec indifférence, voire hostilité.
« Notre âme est rassasiée de mépris, c’en est trop, nous sommes rassasiés du rire des satisfaits, du mépris des orgueilleux !" »
Oui, aujourd’hui encore, il n’est pas très confortable de suivre le
Christ. Pas facile d’être son disciple et d’annoncer la bonne nouvelle
de son amour. Pas facile, en deux mots, d’être « disciple missionnaire
».
Et pourtant, quelle autre mission avons-nous reçue à
notre baptême ? Le baptême fait de nous des enfants de Dieu, des
personnes adoptées par le Père avec pour seule mission d’évangéliser,
c’est-à-dire de vivre en enfant de Dieu, et d’annoncer, par notre
comportement, notre vie et aussi par nos paroles, cet amour dont il
nous aime.
Cette mission pourrait nous remplir d’orgueil, nous faire croire que
nous serions supérieurs aux autres, comme la tentation vécue par St
Paul qui nous confie : « les
révélations que j’ai reçues sont tellement extraordinaires que, pour
m’empêcher de me surestimer, j’ai reçu dans ma chair une écharde, un
envoyé de Satan qui est là pour empêcher que je me surestime. »
Mais de fait, au lieu de nous remplir d’orgueil, notre état de baptisés
nous oblige à l’humilité. Nous le constatons, le monde ne nous
considère pas comme supérieurs, ne nous porte pas en haute estime, mais
nous considère plutôt comme méprisables. C’est là notre écharde à nous,
qui, comme St Paul, nous empêche de nous surestimer.
Oui, difficile, inconfortable, redoutable est notre
mission de baptisés, de prophète de Dieu dans cette humanité souvent
hostile.
Alors, comment la vivre, cette mission ? Sommes-nous
condamnés à rester cachés, ou simplement à dissimuler notre foi, à
taire nos convictions, pour éviter les moqueries, les insultes, les
situations angoissantes dont nous parle St Paul ? Comment s’en sortir
sans se renier ?
La clé nous est donnée dans la suite de cette
deuxième lettre aux Corinthiens. La clé, c’est l’humilité. Reconnaître
notre propre faiblesse, notre propre fragilité, et laisser Dieu la
remplir de la toute-puissance de son amour. Ecoutons-le nous dire et
nous redire : « Ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse ». Quelle force dans ces mots !
Dieu manifeste sa puissance dans le faible, celui qui est fragile, qui
accepte les moqueries, la persécution au nom du Christ, parce que le
faible sait que Dieu manifeste sa gloire à travers sa propre faiblesse.
Loin d’être un péché, notre fragilité est donc le moyen – sans doute
même le seul moyen – qui permet à Dieu de manifester sa puissance.
Etre croyant, c’est savoir cela ; c’est être capable
d’accepter de n’être que ce que nous sommes, d’accepter notre
fragilité, notre faiblesse, et demander à Dieu de nous aider à
l’accepter dans la joie. Car c’est par notre faiblesse que se manifeste
la puissance de Dieu, pour notre plus grande joie et celle de toute
l’humanité si elle accepte, elle aussi, de suivre ce chemin d’humilité
qui mène au bonheur.
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent.
Clisson et Monnières, 8 juillet 2018
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