Comme vous avez pu le
remarquer, j’aime bien commencer mes commentaires par un petitrappel
historique. Tout d’abord, dans la première lecture, cette phrase
« il y avait, résidant à Jérusalem, des Juifs religieux, venant de
toutesles nations sous le ciel. » et puis « Ces gens qui parlent ne
sont-ils pas tous Galiléens ? » La Galilée est considéréecomme
une plaque tournante de la région, proche de la méditerranée. C’est un
nœud de rencontre, de commerce, un pays ouvert sur toutes les
civilisations.Jésus est surnommé le Galiléen par les Romains. Pour que
l’évangile se répande, il fallait que le Christ se révèle dans une
région où sa parole serait portéeaux quatre coins du monde. La
Pentecôte, c’est l’Église aux mille visages. Ce jour-là, à Jérusalem,
les pèlerins étaient nombreux, car on célébrait la grandefête de
l’Alliance, le don des 10 paroles à Moïse au Sinaï.
La
Pentecôte trouve son origine dans l’Ancien Testament, bien avant Jésus
Christ. Cette appellation vient d’un mot grec quisignifie
“cinquantaine”. Autrefois on célébrait la première moisson des blés.
C’était une fête joyeuse où l’on remerciait Dieu pour les dons de la
nature.Sous la direction de Moïse, le peuple d’Israël avait été libéré
de l’esclavage. Il a traversé la Mer Rouge pour aller vers la Terre
promise. Chaque année, oncélébrait la Pâque pour commémorer cet
événement. Et cinquante jours plus tard, on fêtait la Pentecôte,
c’est-à-dire le don de la loi à Moïse sur le Sinaï. Cejour est un jour
de don. Et le don que nous fait aujourd’hui le Christ, c’est son Esprit
Saint, tellement plus beau, tellement plus important que la Loi.
Nous pourrions voir une
opposition entre l’évangile qui nous dit que le soir dePâques, le
premier jour de la semaine après la mort de Jésus, Il vint et Il
répandit son souffle, et la première lecture qui nous raconte la
Pentecôte. LesApôtres auraient-ils reçut deux fois l’Esprit Saint ?
Peut-être. Comme nous, ils sont incrédules. Comme nous, ils ne
comprennent pas cet homme en quiils ont mis leur confiance et qui est
tué comme un voleur. Jésus répand sur eux son souffle, mais ils se
terrent, ils s’enferment dans la chambre haute. Tiens,mais qu’est-ce que
c’est, cette chambre haute, dite aussi le Cénacle ?
C’est un bâtiment dont le
rez-de-chaussée a été témoin de la scène du lavement des pieds.Au
premier étage a eu lieu l’institution de l’Eucharistie, puis la
pentecôte. Trois signes du don de Jésus à l’humanité : le service
aux autres dans le signedu lavement des pieds, le don de Jésus aux
hommes par l’eucharistie, préfiguration de la crucifixion, et le don de
l’Esprit par la pentecôte.
Et Jésus choisit cet endroit
pour leur envoyer l’Esprit d’audace qui les envoie de parle monde. D’une
pièce fermée, barricadée, ils sortent proclamer les merveilles de Dieu
dans cette Galilée des nations.
Les apôtres sont tous
différents. Il y a les pêcheurs, les collecteurs d’impôts,
lesfonctionnaires, les doux, les fils du tonnerre… Comme nous,
différents mais proclamant les mêmes merveilles, proclamant le même
Christ mort pour nos péchéset ressuscité pour nous donner la vie
éternelle.
C’est ce que nous fait
comprendre la deuxième lecture. L’église n’est pas faite de moutons,de
gens qui se ressemble, qui pense la même chose, mais qui sont rassemblé
par une même foi, un même élan, avec chacun leur différence, leur
manière de vivre.Ce qui est important c’est que chacun de nous fassions
unité autour du Christ et de notre Église pour proclamer notre foi et
les merveilles de Dieu pourchacun de nous. Sans doute ne sommes-nous pas
tous d’accord avec ce que vit et dit l’église, comme Pierre et Paul qui
déjà se disputaient, mais ils étaientunis par la même foi, par la même
proclamation.
Nous nous lamentons souvent
sur nous-même, sur les autres, l’église, la société. Noussommes
pessimistes sur l’avenir de notre monde : guerres, réchauffement
climatique, gouvernement plus ou moins adroit et bien d’autres raisons
derâler. Et ce pessimisme nous ferme à l’Esprit. Mais les extraits du
psaume 103 que nous avons eu aujourd’hui nous appellent à regarder la
création, lesbeautés de notre monde. Ouvrez vos fenêtres ou sortez le
matin au lever du soleil, ou le soir à son coucher, et écoutez le
concert des oiseaux, c’esttoujours un ravissement pour moi cette variété
de chants.
Et j’en viens à l’évangile.
Une phrase qui m’a marqué. Jésus apparaît et son premiermot est
« la paix soit avec vous ». Souvenez-vous : lorsque le
Christ envoie ses disciples en mission, il leur commande, dans chaque
maison decommencer la salutation par « paix à cette maison ».
Si nous ne sommes pas en paix, si nous sommes tourmentés, comment entrer
en relation,comment partager notre foi avec les autres ?
Je finis par un petit exercice
à faire justement lorsque nous devons rendre visite :Pourquoi ne
pas prendre un temps pour prier l’Esprit ? C’est une très belle
séquence que nous avons chantée avant l’évangile, que j’ai découverte
enpréparant ce mot. Elle date du IXème siècle et pourtant avec des mots
très actuels et très forts. La relire et la méditer avant d’entrer en
relation avecl’autre et apporter la paix à la maison que nous allons
visiter. L’Esprit nous aidera à trouver les mots justes pour
réconforter, il nous ouvrira les oreilleset l’intelligence pour écouter.
Paix à vous tous.
Stanislas De CARVILLE, diacre
permanent,
28 mai 2023