PENTECÔTE
Pentecôte, Esprit Saint. Que s’est-il passé ? Qu’est-ce que ça évoque pour nous aujourd’hui ?
Le récit des Actes des Apôtres nous dit que les disciples étaient
enfermés en un même lieu. Ils n’étaient qu’entre eux. Or voilà que le
jour de la Pentecôte, ils sont remplis de l’Esprit Saint et
poussés dehors pour proclamer les merveilles de Dieu et répandre la
« bonne odeur du Christ ».
Pour en parler, Luc utilise un langage très imagé. Il est question de
vent et de feu. Comme un vent violent, l’Esprit saint emporte la peur
des apôtres. Comme un feu puissant, il chasse les ténèbres, il illumine
leur nuit, consume tous leurs doutes. Devant la foule, tout ravigotés,
les voilà qui se mettent à proclamer les merveilles de Dieu. La
première de ces merveilles c’est l’annonce de Jésus-Christ mort et
ressuscité. Ils n’ont plus peur de témoigner, même devant ceux qui
l’ont fait mourir sur une croix.
Cet événement de la Pentecôte est aussi une bonne nouvelle pour nous .
Comme les apôtres au soir de Pâques, nous vivons parfois avec la peur
au ventre. Nous verrouillons les portes, nous nous replions sur
nous-mêmes, nous édifions des murs de protection. Dans un monde
malmené, indifférent ou hostile à la foi chrétienne il y a de quoi être
inquiet. Mais comme au soir de Pâques Jésus nous rejoint. et sa
première parole est un souhait de paix.
Il compte sur nous pour être les messagers de l’Évangile et pour cela il nous donne son Esprit saint.
Nous sommes donc envoyés en mission vers les autres, pour annoncer l’Évangile
Les disciples parlaient ensemble l’araméen et pourtant chacun les
entendait dans sa langue maternelle (certains pensent qu’ils ont
trop bu !). Alors quel est le vrai miracle de la Pentecôte ? Le
don des langues aux apôtres ou leur belle connaissance de la langue
maternelle de l’Évangile ?
A la suite des apôtres l’Église d’aujourd’hui est appelée à communiquer
la paix et à faire résonner le message de l’Évangile dans la langue
maternelle de chacun : est-elle vraiment la maison de tous dans
laquelle chacun peut se retrouver ? Trouve-t-elle les mots que ses
contemporains peuvent entendre ?
Nous chrétiens avons à entendre la parole de l’autre, à lui faire sa
place. dans la diversité. À prendre en compte le départ de chacun et
son aventure spirituelle
À permettre à chacun de parler sa langue maternelle, avec le désir et
le projet d’y inscrire l’Évangile… Partir de là où il en est, non de là
où on voudrait qu’il soit.
Les temps forts vécus dans notre communauté témoignent de la vitalité
de l’annonce : les 28 enfants qui ont communié pour la première
fois le 22 mai, les jeunes collégiens qui se préparent à recevoir le
baptême ou la confirmation (pensons à Giselle) ou ceux qui feront leur
profession de foi le 25 juin à St Laurent… les diverses initiatives de
partage d’évangile pour faire circuler la parole entre nous et nous
enrichir mutuellement de nos découvertes de l’Évangile.
Et en dehors de nos communautés ? l’Esprit est donné à tous Il n’est pas enfermé dans nos cénacles.
- Quelle parole balbutier dans la langue maternelle de ceux qui
souffrent dans les soubresauts de notre monde, dans les retombées de la
mondialisation, dans les crises à répétition qui marquent nos sociétés.
- Quelle écoute, quelle attention à des paroles autres, parfois décapantes ou déroutantes ?
- Quelle attention à ce qui choque, ce qui nous surprend, ce qui nous révolte ?
Des lieux de vie existent sur nos quartiers : des chrétiens s’y
investissent et voient des signes qui ouvrent l’avenir d’un quartier en
grande mutation. (fête du Sillon, fête des voisins)
Nos lieux d’accueil où des personnes viennent souvent pour briser l’isolement qui leur enlève une partie de leur humanité.
Et dans ces lieux des étincelles de vie jaillissent dans les moments
les plus inattendus. Peu à peu, les uns et les autres prennent en
charge les cris lancés comme des appels à respirer à pleins poumons.
Les gens ont soif d’amitié, de paix et de confiance…
Mais au travers de notre travail, de nos actes, c’est l’œuvre de
l’Esprit au cœur de nos vies où chaque homme est accueilli tel qu’il
est.
Et pourtant Il est invisible, comme le vent. On ne le reconnaît qu’à
travers ses effets - de la brise légère aux plus fortes tempêtes qui
laissent des traces –
l’Esprit agirait-il en nous, sans que nous en soyons conscients ?
Si je ne le vois pas de mes yeux, il est bien invisible, je peux le deviner dans ce qui se passe en moi et autour de moi :
- l’Esprit souffle et agit quand on continue à prendre soin, à veiller
sur quelqu’un que l’on aime, même si cet amour est caché ou éprouvé par
la lassitude, la maladie ou la solitude….
- n’est-ce pas l’Esprit de Jésus qui vous souffle encore cette
initiative, ce courage pour resserrer les liens dans votre
couple… ou qui inspire le projet de vie des jeunes qui se
préparent au mariage de façon authentique…
- Il est encore là lorsque vous avez accepté un échec comme l’occasion
d’un nouveau départ, lorsque vous avez rendu ce service tout en courant
le risque d’être impopulaire et mal compris. - Il est à l’œuvre dans le
monde avec tous ceux et celles qui posent des gestes de
réconciliations, de pardon, de paix celles et ceux qui travaillent
concrètement ou militent pour le rapprochement des peuples divisés,
pour plus de justice… faire tomber tous les murs qui emprisonnent tant
d’hommes…
Tous nous pouvons faire ces expériences de présence de l’Esprit si on cherche à le re-connaître….
« Et nous nous reconnaissons invités à vivre et à agir selon cet
Esprit qui parle à l’intime de notre cœur, s’offre à renouveler la face
de la terre et ne cesse de nous renvoyer aux « insondables »
du Mystère d’un Dieu « toujours plus grand »
mystère, qui, en Jésus-Christ, s’est porté à notre rencontre » (
Mgr Joseph Doré)
Retenons simplement que le rapport de Jésus avec le Père et l'Esprit
Saint, et avec l’homme, est un rapport de service, de don, d'amour
réciproque.
« L’Esprit souffle où il veut…mais tu ne sais pas d’où il vient et
tu ne sais pas où il va ». Tendons l’oreille, écoutons bien…
n’est-il pas la petite voix qui sans cesse nous appelle à aimer et
faire circuler son Amour ?
François CORBINEAU, diacre permanent.
le 12 juin 2011
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